Cartes et territoires

Certains correspondants expriment le souhait de pouvoir localiser plus facilement les sites que nous présentons et de mieux s’y retrouver dans les limites de l’ancien Donziais et des différentes châtellenies qui le composaient, grâce à une ou des cartes.

Nous avons dû renoncer à la carte indexée (google maps) que nous présentions au commencement de ce blog pour des raisons techniques. Mais pour répondre à ce souci légitime,  voici quelques rappels et liens utiles.

1/ S’il s’agit de localisation purement géographique et contemporaine, les premiers outils à notre disposition sont naturellement les cartes IGN au 1/25000, très précises et documentées sur les lieux-dits, les châteaux, les églises, les chemins, les cours d’eau même les plus minces. Il est très facile de se les procurer en ligne sur le site de l’IGN/boutique/série bleue France.  Attention : les orthographes ont souvent évolué.

Si l’on souhaite visualiser le territoire, le moteur de recherche très sophistiqué de l’application Google Earth Pro (à installer au préalable) permet un repérage très rapide des lieux , avec une vision du ciel extrêmement précise (ci-contre : le château de Ratilly, à Treigny, 89). Par contre, dans le mode Street vew, c’est-à-dire vu du sol, seuls les itinéraires principaux sont filmés ce qui ne permet pas toujours d’accéder à une vieille tour ou à une petite chapelle, en milieu rural peu dense. A l’inverse les sites urbains peuvent être visualisés en détail.

2/ S’il s’agit de géographie historique, la documentation disponible est par contre très restreinte.

La « Carte du Nivernois, divisé en 34 châtellenies » figurant en annexe de « l’Inventaire des Titres de Nevers » de l’abbé de Marolles, édité par Soultrait en 1875 (Nevers, Paulin Fay) est l’outil de référence car elle illustre l’organisation féodale, en traçant les limites des châtellenies, décrites aussi en fin d’ouvrage. C’est donc la seule qui figure les contours exacts de la baronnie de Donzy puisqu’elle inclut les châtellenies au contact de l’Auxerrois au nord : Saint-Sauveur, Druyes et Chatel-Censoir, qui lui avaient été rattachées au XIIIème siècle, et furent versés au département de l’Yonne cinq siècles plus tard.

L’auteur souligne la difficulté de l’exercice dans son Appendice, et justifie ses choix en écrivant : « Les régions qui ont été le moins étudiées sont le Donziais et la Puisaye. Les géographes sont loins d’être d’accord. Plusieurs ont considéré la Puisaye comme une petite province ayant Saint-Amand pour chef-lieu ; d’autres ont voulu exclure du Nivernais  tout ce qui dépendait de cette région, d’autres allant plus loi  lui ont donné une étendue qu’elle était loin d’avoir…..D’un autre côté Thomas Corneille, auteur d’un dictionnaire géographique publié en 1708, en trois volumes in-folio, donne au Donziais une étendue que cette petite province n’avait pas. D’après Davity il rattache au Donziais Tannay, Dornecy, Champagne en la paroisse de Metz-le-Comte, et Asnan….(alors que) jamais elles n’avaient appartenu au Donziais »

Sa carte permet de repérer les paroisses comprises dans ces circonscriptions comtales, devenues pour la plupart les communes d’aujourd’hui. Les listes de « fiefs et châteaux / par châtellenie / ex : Entrains-sur-Nohain » de notre menu principal sont présentées sur cette base, comme tous nos articles et notices. Nous ne pouvons malheureusement présenter ce document que par le cliché sommaire attaché ci-dessous, car il n’est pas disponible en version numérique :

Carte du Nivernois

Des cartes plus anciennes existent auxquelles le site Gallica (BNF) permet d’accéder, avec la possibilité de zoomer pour en voir tous les détails. Ci-dessous des liens vers ces gravures bien connues des XVIIème et XVIIIème siècles.

On y trouve de belles représentations du pays, avec des rivières zigzagant entre les collines, des bouquets verts pour figurer les massifs forestiers, et une hiérarchisation imagée des lieux avec un petit clocher pour chaque paroisse.

Mais les indications de découpage féodal, quand il y en a (dans « l’Evêché » de Sanson, et « le Duché » de Delafosse), ne correspondent pas à la structuration féodale réelle. Le Donziais y est présenté comme une bande est-ouest relativement étroite, les châtellenies du nord en étant exclues, alors qu’elles ne relevaient ni du comté d’Auxerre, ni de l’ensemble Toucy-St-Fargeau ; Chateauneuf-Val-de-Bargis également, que le comte de Nevers prétendait posséder en direct, malgré les arrêts du Parlement qui confirmaient son appartenance donziaise et les droits de l’évêque.

Soultrait quant à lui a soigneusement pris en compte l’étagement féodal, à partir des titres que l’équipe de l’abbé de Marolles avait dépouillés et classés pour son Inventaire. Comment expliquer cette différence de conception ? Avançons que dans les cartes anciennes elle peut résulter de l’approximation du cartographe – qui n’est pas un historien – et de l’effacement progressif des marques de la suzeraineté épiscopale d’Auxerre à la fin de l’Ancien Régime, qui pouvait brouiller la lecture des limites. Alors que le retour aux sources originales que fit Soultrait au travers de la publication du manuscrit de l’abbé, lui suggéra de remettre en évidence cette organisation à partir des données livrées par les résumés des titres.

Voyez aussi les cartes pliantes de Cassini, qui sont particulièrement soignées, situant de nombreux fiefs, domaines, et lieux-dits.

BONNES DECOUVERTES  !

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2 réflexions sur « Cartes et territoires »

  1. Merci!
    Dommage que la piètre définition des cartes téléchargeables sur Gallica ne permette pas de les lire. Seule celle de l’Atlas de Hondius est un peu meilleure.
    Cordialement
    PH

  2. Cher ami du Donziais
    Encore merci pour le travail accompli et toujours à remettre sur le métier dans le sens de la communication et de la diffusion afin de servir l’histoire et la géographie à destination des habitants et décideurs locaux.
    Il y a là matière pour montrer que les sites et les lieux sont habités et méritent d’être valorisés selon une vue d’ensemble (paysagère) et une vision de projet (de territoire et touristique). Ne faut-il pas retenir que la bataille fondatrice de Saint-Laurent l’Abbaye est à l’origine du comté de Nevers Auxerre Tonnerre et donc d’une notoriété que je propose de relayer aujourd’hui à travers la figure emblématique de Mahaut de Courtenay*. Le département, les collectivités locales nivernaises sont toujours en recherche de reconnaissance d’une identité (plurielle) et d’un récit commun dans lequel se reconnaitre et s’identifier. Ce « Pays de Mahaut », pour synthétiser selon un raccourci aisément identifiable et communicable doit pouvoir intégrer le projet de territoire des élu(e)s qui sont encore à convaincre au-delà de leurs limites de gestion communale. Nommer, décrire, rendre lisibles ces singularités qui qualifient par les racines ce sentier de naguère et pour redonner confiance. Faire ensemble en version apaisée sur les traces des Seigneurs en Donziais, en quelque sorte.
    Et sans oublier que le projet Guédelon se réfère au cadre historique Mahaut de Courtenay et au cadre architectural du Donziais, la Motte Josserand, Ratilly, Druyes-les-Belles-Fontaines.
    Bien à vous pour la suite
    JJV
    * Je ferais suivre par email « Le Nohain, une vallée pour entrer dans l’histoire »
    Subsidiaire : avez vous eu des échanges avec la Camosine ?

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