La seigneurie de Saint-Verain, qui fut parfois appelée « baronnie » en raison de son importance, du prestige et des alliances de ses titulaires, et de son contrôle sur un très grand nombre de fiefs à l’ouest de la Puisaye et jusqu’aux portes de Donzy, termina son existence autonome à la fin du XVème.
Elle fut alors reprise par Jean, comte de Nevers – avec l’appui du roi auquel il était fidèle malgré son appartenance à la Maison de Bourgogne – et rattachée à la baronnie de Donzy dont elle devint une simple châtellenie.
Les partages intervenus entre les héritiers de la Maison d’Amboise-Chaumont, qui avait succédé aux sires originels de Saint-Verain par le mariage de leur unique héritière Jeanne avec Hugues d’Amboise, sgr de Chaumont, avaient donné lieu à d’interminables procès au XVème siècle. Ces luttes familiales étaient exacerbées par le contexte de la Guerre de Cent Ans : l’un des protagonistes, Jean d’Egreville, qui occupait le château, était Bailli de Sens et d’Auxerre pour le duc de Bourgogne ; alors que l’héritier le plus légitime, Pierre d’Amboise, un grand seigneur de son temps qui finalement l’emporta, était un partisan déterminé du roi de France. Il fut le père de 5 évêques, dont le fameux cardinal Georges d’Amboise.
Voyez la mise à jour que nous venons de faire de la présentation des seigneurs successifs de Saint-Verain : Saint-Verain (accessible également par le menu principal : cadre féodal, grands fiefs voisins)
Elle donne des indications plus précises sur cette période troublée, grâce à deux sources précieuses :
- l’ouvrage de Léon et Albert Mirot : « La seigneurie de Saint-Verain-des-Bois, des origines à sa réunion au comté de Nevers (1480) » (Delayance, La Charité, 1943) ;
- « l’Inventaire des Titres de Nevers » de l’abbé de Marolles, édité par Soultrait (Paulin Fay, Nevers, 1873)
Ce travail devra être enrichi, car l’histoire des sires de Saint-Verain, liée à celle de l’Abbaye cistercienne de Roches à Myennes qu’ils avaient fondée et qui fut leur nécropole, recèle encore bien des mystères. Ils ont tenu une place importante dans l’histoire de la région et pris une part active à l’épopée des croisades, dont de nombreuses traces subsistent dans les noms de lieux aux alentours.
Nous aimerions comprendre mieux leur origine : étaient-ils liés aux barons de Donzy, comme l’enchevêtrement de leurs terres respectives le suggère, qui aurait pu résulter d’une partage familial ? Le premier Gibaud (Wibald) était-il parent de l’évêque Hugues de Chalon, qui avait structuré féodalement le diocèse d’Auxerre et ces terres contrôlées par sa famille, comme ses voisins et pairs de Donzy et de Toucy ?
Nous souhaiterions en savoir plus sur l’histoire du château de Jérusalem, près de Saint-Verain, très peu documentée, ou sur celles de plusieurs terres des environs qui étaient sous leur contrôle, inféodées à des seigneurs locaux : Annay, Arquian, Alligny, Bouhy…par exemple ; ou encore celle de Presles, à Cours, qui reste à écrire.
L’émotion étreint à chaque fois le visiteur de Saint-Verain qui compare les pauvres restes de cette puissante forteresse engloutis sous la végétation, aux images et reconstitutions proposées de sa configuration ancienne : puissants seigneurs et sombres luttes ont animé ce lieu tout au long du Moyen-Age, il y a bien longtemps…
concernant hugues de chalons,ne pas confondre le diocèse dont il est titulaire et la seigneurie dont il est suzerain et qu’il organise en la divisant en baronnies dont celle de st vérain,sur le modéle de celle de donzy
Merci de votre commentaire.
Je ne crois pas que cette confusion soit faite dans mes publications (voir en particulier la note sur les origines de Donzy).
Trois remarques cependant :
– les fiefs de Toucy, Donzy et Saint-Verain étaient bien « mouvants » du diocèse d’Auxerre, même si leurs origines étaient plutôt à chercher du coté du patrimoine des Semur-Chalon (voir à ce sujet l’Inventaire des Titres du diocèse d’Auxerre réalisé au XVIIème siècle pour accréditer justement cette dépendance, manuscrit disp. en ligne), cette organisation était donc bien le fait de l’évêque en cette qualité ;
– on ne peut pas dire que l’évêque a divisé sa seigneurie en « baronnies », car ce n’est que bien plus tard que ce titre sera attribué par la tradition à ces trois fiefs.
– s’agissant de Saint-Verain, certains auteurs pensent qu’elle a pu être un démembrement de Donzy (voir à ce sujet l’ouvrage de référence d’Y. Sassier sur l’histoire du comté d’Auxerre), en raison notamment de l’imbrication de certains de ses arrière-fiefs en Donziais et même tout près de Donzy. Rappelons que l’origine des Gibaud reste inexpliquée, ce qui n’est pas le cas pour les premiers seigneurs de Toucy et de Donzy, parents de l’évêque.
Bien cordialement