(Illustration : le tombeau de Saint Germain, crypte de l’abbaye à Auxerre)
Nous avons tenté d’éclairer les origines de la baronnie de Donzy, dont les racines plongent dans la haute aristocratie carolingienne en Bourgogne et dans la matrice épiscopale auxerroise.
Mais comment se situait ce pays avant l’avènement de la féodalité ?
Sur le plan politique et institutionnel, l’imprécision prévaut car, comme l’indique Christian Sapin dans son ouvrage sur « La Bourgogne Préromane » (Picard, Paris, 1986) : « …nous devons reconnaître la disparité entre la notion d’espace géographique de la Bourgogne au Haut Moyen Age et le déplacement constant des limites imposées par le poids des volontés politiques ».
C’est particulièrement vrai pour la vallée du Nohain, qui était – et est toujours – aux confins de l’espace bourguignon.
Géographiquement ce pays appartient à l’espace ligérien, mais pour l’organisation politique il en allait autrement. Le fleuve était alors une frontière : à l’ouest c’était la grande principauté d’Aquitaine, avec la métropole de Bourges ; à l’est la Bourgogne, sous les différentes dynasties qu’elle a connues, des Burgondes aux Capétiens. Le Donziais était donc bourguignon, mais loin des centres nerveux de ce royaume devenu duché, il regardait vers la Loire.
Ce petit pays ne bénéficiait pas de l’attraction d’une ville en son sein, car les cités gallo-romaines – Entrains ou Cosne – avaient décliné après la chute de l’Empire. La vraie référence fut, dès son affirmation aux Vème et VIème siècles, le siège épiscopal d’Auxerre, où régnait une autorité spirituelle et temporelle puissante. Le Donziais était donc un élément essentiel de ce diocèse très politique, marqué par l’aura du grand Saint Germain, dont le tombeau a été préservé jusqu’à nos jours au cœur de l’abbaye qu’il avait fondée. C’était, avec les immenses biens de sa famille donnés à son église – notamment en Donziais -, des éléments clefs d’identification.
Par conséquent les traces de cette période sont à rechercher dans l’histoire religieuse, qui seule offre de vrais repères. Elle est assez bien documentée grâce notamment aux fameuses « Gestes des évêques d’Auxerre » (Les Belles Lettres, Paris, 2006), et au travail de l’abbé Lebeuf : « Mémoires concernant l’histoire civile et ecclésiastique d’Auxerre et de son ancien diocèse », augmenté par MM. Challe et Quantin (Auxerre, Perriquet, 1848).
Il n’y pas en Donziais de véritable trace architecturale des temps primitifs. Les restes de l’époque gallo-romaine sont détruits ou enfouis ; les édifices préromans également. L’architecture civile la plus ancienne est postérieure à l’an Mil.
Mais même si aucune construction antérieure au XIème siècle n’est aujourd’hui visible – voir l’article consacré au Donziais roman – les fondations paroissiales et monastiques avaient investi le pays dès les premiers siècles du christianisme.
Le fameux « Règlement de Saint Aunaire », évêque d’Auxerre, organisait le culte dans le diocèse à la fin du VIème siècle. Il mentionnait expressément les églises de Druyes, Colméry, Champlemy, Bargis, Donzy, Suilly, Cosne, Alligny, Neuvy, Bitry, Arquian, Bouhy, et Entrains. Une liste qui indique une densité paroissiale déjà importante et signale les sites les plus anciens. Il citait également les monastères de Saissy (Cessy-les-Bois), Mannay (Vielmanay), et d’Ulfinus (ou Wulfin, c’est-à-dire Saint-Laurent), dont les abbés assistèrent au concile qui se tint à Auxerre sous ce pontificat (Lebeuf). Le Règlement de Saint Trétice, un siècle plus tard, confirme cette énumération.
Aux début des monarchies franques, l’encadrement des populations par cette église institutionnelle en développement, qui avait l’ambition de régir toute la vie sociale, suppléa donc des institutions territoriales balbutiantes.
Toutefois le Donziais appartenait au pagus auxerrois et releva logiquement des comtes d’Auxerre. Il n’est pas certain que la mise en place de ces représentants du pouvoir royal aux VIIIème et IXème siècle ait changé la vie des habitants. Ce furent avant tout des princes guerriers comme Conrad de Bourgogne, Robert le Fort ou Hugues l’Abbé, dont ce titre supplémentaire renforçait la puissance.
Des agents royaux quadrillaient-ils la contrée ? La trace d’autorités administratives installées sur place et dotées de moyens n’apparaît pas dans les sources, il est vrai ténues. Peut-être des vicomtes ont-ils suppléé les comtes à la fin du premier millénaire, comme on peut le noter ici ou là ?
Il semble que ce dispositif, efficace pour assurer la défense du territoire, ne parvint pas à prendre le pas sur celui de l’église pour l’administration du pays et des populations. Il fallut en fait attendre l’avènement du système féodal et d’un « seigneur de Donzy » au début du XIème siècle, puis la multiplication de seigneuries châtelaines exerçant le ban, pour que le pouvoir laïc s’affirme ; ce qu’il fit paradoxalement sous la suzeraineté de l’évêque en Donziais.
Mais seules des plumes ecclésiastiques ont rendu compte de cette époque, et notre observation peut s’en trouver biaisée. Convenons que les textes et les images manquent et que ces siècles resteront obscurs.
Nous serions intéressés de connaître votre point de vue…
Bonjour
Je travaille actuellement sur le village d’Assigny et sur son château de La Vallée. Y a-t-il un lien avec la famille d’Assigny dont il est question sur votre site ?
Avec mes remerciements
Bonjour,
rien n’indique dans les sources disponibles que la famille d’Assigny, implantée en Auxerrois puis en Nivernais, soit originaire du Berry.
Il existe un lieudit « Assigny » à Champcevrais au nord de l’Yonne, aux confins des terres des Courtenay, mais il n’est pas établi qu’il ait donné son nom à cette famille, dont les origines sont peu documentées (rien à ce sujet dans le dictionnaire de Dugenne en particulier…).
Tout reste donc possible.
Bon courage pour vos recherches !
Bien cordialement