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Une Puisaye donziaise ?

(Illustration : le château de Ratilly à Treigny, 89)

Un correspondant s’étonne que nous parlions ici ou là de la « Puisaye donziaise ». Ce sont pour lui deux régions contigües mais distinctes. Elles le sont en effet, mais elles ont aussi été entremêlées.

Rappelons d’abord que ces deux ensembles territoriaux sont de nature différente. La baronnie de Donzy est un objet institutionnel et historique ; une structure féodale sans véritable unité naturelle, entre Loire et Yonne. La Puisaye est un objet géographique, une région naturelle qui n’a jamais été unie sur le plan institutionnel.

Nous avons évoqué l’étendue de la baronnie de Donzy, ses limites et sa nature entièrement féodale : son affirmation comme un grand fief relevant de l’évêque d’Auxerre vers l’an Mil, à partir sans doute de possessions anciennes des comtes de Chalon ; sa disparition en 1789.

Son histoire est développée dans l’étude que nous avons publiée l’an passé sous le titre : « Terres et seigneurs en Donziais, la baronnie de Donzy des origines à la Révolution ».

La Puisaye quant à elle est une région naturelle de forêts et d’étangs, traversée de vallées verdoyantes, à cheval également sur les bassins de la Seine, par le Loing et l’Ouanne, et de la Loire, par la Vrille. Elle est bordée au nord par le Gâtinais et inclut Toucy, Champignelles et Rogny-les-Sept-Ecluses ; à l’ouest elle vient à quelques kilomètres de la Loire, incluant par exemple Arquian ; au contact du Donziais au sud elle comprend Saint-Verain, Bitry, Treigny ; elle borde l’Ouanne à l’est, incluant Fontenoy, Lalande et Toucy, aux portes de l’Auxerrois.

Elle est aujourd’hui comprise pour l’essentiel dans le département de l’Yonne, dont Toucy, St-Fargeau, St-Sauveur, et Bléneau sont des chefs-lieux de canton, mais une fraction a été versée dans la Nièvre, autour de St-Amand-en-Puisaye.

Cette petite région attachante, dont les habitants partagent des pratiques communes : polyculture-élevage, exploitation forestière, étangs et chasse ; unie par un artisanat ancien devenu un art, la « poterie en terre », n’a pas eu d’existence institutionnelle en tant que telle. Un titre de « seigneur de Puisaye » apparaît certes dès le XIIème siècle chez les barons de Toucy – la capitale d’origine – mais appliqué à un territoire plus restreint puisque co-existent à ses côtés la baronnie de Saint-Verain et celle de Donzy, qui englobent des parties non négligeables de la Puisaye.

A la mort du maréchal Jean de Chabannes (v. 1503), « sgr de Toucy, Saint-Fargeau et Puisaye », cet ensemble est divisé entre ses deux filles. La « Terre de Puisaye » est dès lors associée à Saint-Fargeau – un site castral d’ancienneté comparable – qui en devient le centre en lieu et place de Toucy qui décline. Elle passera par des alliances aux Anjou-Mézières et aux Bourbon-Montpensier. Mais ce titre de « seigneur de Puisaye » au contenu féodal incertain, effacé par celui de « comte de Saint-Fargeau » dès le XVIème siècle, est oublié sous ces grandes familles princières, ainsi que chez les Le Pelletier, derniers titulaires du comté par acquisition en 1715.

A son flanc sud, la baronnie de Donzy, qui inclut la châtellenie de Saint-Sauveur et celle de Druyes depuis le début du XIIIème siècle, perdure comme fief relevant de l’évêque jusqu’à la Révolution, aux mains des comtes puis ducs de Nevers, qui lui font hommage de plus ou moins bon gré. Une dépendance de St-Fargeau en fait partie, la petite « baronnie de Perreuse », qui contrôlait des arrière-fiefs à Treigny, dont la belle église Saint Symphorien est surnommée la « cathédrale de la Puisaye ». A l’ouest, la baronnie de Saint-Verain, divisée entre des cohéritiers multiples et ennemis, est reprise par les comtes de Nevers à la fin du XVème siècle. Elle disparaît alors en tant que telle et devient à son tour une châtellenie rattachée à Donzy.

La région naturelle de Puisaye a donc eu une histoire féodale morcelée et évolutive, sous une suzeraineté unique cependant, celle des puissants évêques d’Auxerre.

Saint-Fargeau a connu sous ses prestigieux comtes – dont la Grande Mademoiselle qui y a vécu en exil – une vraie célébrité, grâce à son magnifique château préservé et à son dernier comte : Michel Le Pelletier de Saint-Fargeau, brillant acteur de l’abolition des privilèges, régicide assassiné.

Toucy est resté un fief autonome jusqu’à la Révolution, dont le titulaire devait, comme ceux de Donzy, de Saint-Verain et du comté d’Auxerre, porter le nouvel évêque de l’abbaye de Saint-Germain à sa cathédrale. Le fief a été érigé en marquisat pour les sires de Prie au XVIIème siècle. Ce titre et les revenus associés sont passés de mains en mains, y compris dans celles de quelques spéculateurs dont le fameux Law pendant quelques mois, ou l’influent Parîs de Montmartel. Mais le vieux château abandonné dès le XVIème siècle pour celui de Miton en contrebas, reconstruit au XVIIIème, ne régnait plus que sur un territoire limité.

La « Puisaye donziaise » a donc bien existé. Elle a largement contribué, avec des sites aussi importants que Ratilly (à Treigny), la Maison-Fort (à Bitry), ou encore Saint-Amand, à forger notre histoire féodale.

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Les Barres, à Saint-Sauveur-en-Puisaye

(Illustration : Saint-Sauveur, la Tour Sarrazine)

Nous avons déjà évoqué le fief et le château des Barres à Sainpuits. Nous aimerions proposer quelque-chose sur le site des Barres à la Celle-sur-Loire, où les ruines d’un vieux donjon au bord de la Loire retiennent la curiosité, d’autant qu’un généreux interlocuteur nous en a adressé de belles photos. Cela nous introduirait dans les mystères de la grande famille médiévale des Barres, qui s’est établie à La Guerche, alors nivernaise, et a donné son nom à la baronnie de Cours-les-Barres .

C’est un nom générique qui fait référence à la notion de barrière ou de clôture. En voici un autre exemple récemment découvert : le fief des Barres, à Saint-Sauveur-en-Puisaye.

Son nom est conservé par le hameau des Petites-Barres ainsi que par l’étang et le bois des Barres. Il s’étendait sur une partie de la paroisse de Saint-Sauveur, ainsi que sur celle de Saints. Il n’y avait pas semble-t-il aux Barres de château ou de manoir, la justice étant rendue au château de Saint-Sauveur, ce qui indique une étroite dépendance de ce château et peut-être une inféodation par un comte de Nevers d’une portion du territoire.

                                                     

Selon une étude sur Saint-Sauveur parue en 1937, les Barres se trouvaient au XIVème siècle aux mains des sires de Montrocher, limousins, qui auraient apporté ensuite le fief aux Rochechouart. Mais l’auteur ne cite pas ses sources pour les aveux dont il fait état, et on ne trouve aucune autre référence à ce sujet.

Cette première époque n’a pas laissé de trace dans l’Inventaire des Titres de Nevers, ce qui ne laisse pas d’étonner s’agissant d’un fief proche d’un château comtal. La première mention des Barres dans cet ouvrage est datée de 1385 et concerne Marguerite de Rochechouart, épouse du premier sgr de la Maison-Fort de la maison de Saint-Verain (Amboise). Cette terre resta sans doute une possession secondaire, passa par successions et ventes dans plusieurs familles, et perdit progressivement de sa valeur. Elle a fini dans l’oubli…

Voyez ci-dessous une notice présentant la succession des seigneurs des Barres, qui se confondent au XVIIème siècle avec ceux de Saint-Sauveur. Nous serions intéressés par des informations qui permettraient d’éclaircir les origines de la détention de ce fief…

Les Barres (St-Sauveur)

 

 

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