(Illustration : reproduction d'un sceau de Mahaut de Courtenay)
Mahaut de Courtenay (1188-1257), comtesse de Nevers, Auxerre et Tonnerre, et son premier époux Hervé IV, baron de Donzy, forment un couple mythique de l’histoire locale. Leur union, en 1199, obtenue par Hervé après sa victoire sur le père de Mahaut, Pierre de Courtenay, fut aussi celle du Donziais auxerrois au Nivernais. Elle posait les bases géographiques du futur duché de Nevers et du département de la Nièvre d’aujourd’hui.
Pour se faire pardonner un degré de consanguinité prohibé, ils fondèrent trois abbayes : L’Epeau, Bellary et Coche. Pourtant ils ne choisirent aucune d’elles pour lieu de leur sépulture.
Hervé, tôt disparu (1222), fut inhumé à Pontigny en Auxerrois, haut lieu cistercien, aux côtés de Saint Edmond de Cantorbery et de nombreux seigneurs bourguignons et champenois. Mahaut, remariée dès 1226 au comte de Forez, Guigues IV, resta fidèle au pays nivernais qu’elle administra jusqu'à sa mort.
Elle avait fondé en 1235 l’abbaye Notre-Dame du Réconfort, à Saizy près de Monceaux-le-Comte dans la haute vallée de l’Yonne. Elle choisit ce lieu isolé pour sa sépulture : sa dépouille y fut conduite en grand cortège depuis la cathédrale de Nevers, et y prit place dans le cloître.
Confirmée en 1244 par le Pape Innocent IV, qui consacra lui-même l'église en 1246, la communauté cistercienne féminine du Réconfort veilla sur la tombe de Mahaut, dans le calme et la prospérité, pendant près de quatre siècles. Les guerres de religion causèrent à l'abbaye, comme à bien d’autres sites en Donziais, de grands dommages, dont elle ne se releva jamais complètement : au début du XVIIème siècle, elle était en ruines. Une riche abbesse la fit alors reconstruire, la tombe de Mahaut fut transférée dans l’église. Aggrandie encore au XVIIIème siècle, l’abbaye ne retrouva pourtant jamais la ferveur et l’austérité de ses origines, et la Révolution lui réserva le sort habituel : vente comme Bien national, destruction et revente des débris.
En rachetant le site en 1825 le baron Charles Dupin – que nous avons déjà rencontré à Corbelin – sauva Notre-Dame du Réconfort, la restaura, en fit sa résidence, et ses descendants poursuivirent son œuvre.
Devenu Centre de soins à l’époque moderne, le Réconfort ne conserve de ses origines gothiques que l’ancienne salle capitulaire et la sacristie.
Voyez la fiche du service des Monuments historiques sur ce monument, qui offre de nombreuses images anciennes : Réconfort (Fiche MH)