(Illustration : le Nohain à Donzy)
Après l’Epeau, décrit dans notre précédent article : La Talvanne, III, notre rivière va achever son parcours vers Donzy.
Sur un coteau de la rive droite nous avons laissé Villarnoux, un domaine dont la famille propriétaire, qui appartenait à la bourgeoisie judiciaire, prit le nom avant la Révolution : « Voille de Villarnou ». Elle a donné deux personnages marquants : le portraitiste Jean-Louis Voille, actif à la Cour de Saint-Pétersbourg à la fin du XVIIIème siècle (voir ci-dessous) ; et Jean-Baptiste Voille de Villarnou son cousin (1715 -1784), avocat en Parlement, notaire du duché, lieutenant civil et criminel au Bailliage de Donziais. Le 5 septembre 1769, en sa qualité de premier magistrat de la cité, il avait prononcé le discours d’accueil du dernier duc de Nivernois et Donziois, Louis Jules Mancini-Mazarini, brillant ambassadeur et académicien, dont il avait été le condisciple au collège Louis-le-Grand.
Une carte détaillée signale un lieu-dit « le Boccard » ultime trace de l’activité métallurgique. C’était un moulin dont le marteau frappait le minerai pour le broyer avant de le porter à fondre dans l’un des fourneaux voisins.
Sur la hauteur en rive gauche on aperçoit les grands arbres de Champromain, vieux fief relevant de Saint-Verain, dont le nom sonne antique et qui conserve tout son charme. Nous en avons étudié l’histoire, qui implique notamment deux grandes familles de la région : les Lamoignon, cités ici dès 1520, et plus tard les Maignan. L’une des dernières « dames de Champromain », Anne Soufflot, qui avait épousé un Maignan en 1744, n’était autre que la sœur de Jacques Germain Soufflot, l’architecte néoclassique du Panthéon, originaire d’Irancy, fameux vignoble en Auxerrois.
Conduite par le mouvement des coteaux qui surplombent Donzy, la Talvanne rejoint le puissant Nohain presqu’au cœur de la ville, après avoir traversé le « Pré Lamoignon ».
Les grands parlementaires de ce nom, maîtres des requêtes, présidents à mortier, intendants et même ministres, le terrible Basville et le fidèle Malesherbes – qui ont laissé à Paris le bel hôtel qui abrite aujourd’hui la Bibliothèque historique de la ville – revendiquaient leur lien avec la souche donziaise, car elle appartenait à l’ancienne noblesse terrienne. Ils avaient acheté des terres dans la région vers 1720, dont Boisjardin, à Ciez, que nous connaissons, sans doute pour accréditer davantage cette origine. Le fief Lamoignon que le nom de ce pré rappelle, était un fief urbain de la famille avec une maison et même une tour, aujourd’hui disparues. Nous avons évoqué les débats qui perdurent autour de cette revendication : « Lamoignon, un fief à Donzy ? »
La Talvanne a maintenant accompli son parcours sinueux depuis les collines boisées de Cessy. A la voir amoindrie par la sécheresse de l’été, on ne devinerait pas les prouesses qu’elle a accomplies du moyen-âge au XIXème siècle, grâce à l’ingéniosité des hommes. Elle a fourni travail et prospérité à des générations de meuniers et de forgerons, et des moyens de subsistance à deux monastères. Elle peut dorénavant se reposer sous le regard attendri des membres de « La Truite ».