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Retour à Entrains : la Marquise

(Illustration : un gué sur le Nohain en aval d’Entrains)

Nous avons beaucoup parlé d’Entrains. Cette ancienne cité gallo-romaine construite au milieu des étangs du Nohain – qui naît à quelques encablures à l’est de la ville – aurait pu être la capitale de notre petite région. Les comtes de Nevers, barons de Donzy en firent une châtellenie, profitant de ses très anciennes fortifications.

L’abbé Jean-François Baudiau lui a consacré un de ces ouvrages savants du XIXème siècle : « Histoire d’Entrain, depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours » (Nevers, Fay-Vallière, 1879), qui est une mine d’informations, à exploiter avec les moyens modernes.

Il évoque en particulier l’histoire des nombreux fiefs qui relevaient du château d’Entrains, parmi lesquels nous avons essayé de présenter : Réveillon, Château-du-Bois, le Chesnoy et Ferrières, la Roussille, et la vicomté d’Entrains.

Ajoutons à cette couronne de manoirs dominant la cité sur les collines avoisinantes, plus ou moins bien conservés, le joli nom de La Marquise.

Situé sur la rive droite du Nohain au nord-ouest d’Entrains, la Marquise était un arrière-fief de la Rivière, à Couloutre, non loin en aval. Le fief tenait son nom non pas d’une grande dame de la Cour, mais d’une famille connue à Entrains au XIIIème siècle : les Marquis, suivant un usage courant dans la région. Mais ses détenteurs ne sont identifiés clairement qu’à partir de Pierre Lyron, un avocat d’Auxerre qui en aurait épousé l’héritière, à la fin du XVIème siècle. L’abbé Baudiau a proposé une succession dont certains échelons restent difficiles à identifier. C’est aujourd’hui un domaine agricole qui ne paraît pas offrir de traces castrales…

Voyez ci-dessous une première tentative pour décrire la dévolution de ce fief. Nous sommes bien sûr intéressés à la compléter grâce à vos propositions….

La Marquise  (V1 du 6 fév 2022)

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Corvol, Courvol : clarifications…

Il y a en Nivernais deux Corvol : Corvol-l’Orgueilleux et Corvol d’Embernard ; et il y eut une famille d’extraction chevaleresque dite « de Courvol ».

Cela mérite une clarification plus poussée que celle que nous avions proposée dans un article des débuts de ce blog, auquel celui-ci se substitue donc…

A tout seigneur tout honneur : Corvol l’Orgueilleux, gros bourg du canton de Varzy, conserve quelques traces de son importance passée. C’était le siège d’une des châtellenies du Donziais, unie très tôt à celle de Billy voisine, ni l’une ni l’autre ne comprenant un grand nombre de fiefs. En fait « d’Orgueilleux », surnom inspiré pour certains par ses fortifications anciennes, Corvol était plutôt « Argileux », ce qui est plus prosaïque, si l’on en croît Dom Charles de Courvol auteur de la généalogie de sa famille. Le mot se serait déformé au fil des siècles.

Cette terre faisait partie des vastes domaines que Saint Germain, évêque d’Auxerre, avait légués à son diocèse ou à l’oratoire de Saint-Maurice (d’Agaune), qui fut à l’origine de l’ abbaye de Saint Germain d’Auxerre. C’est sans doute pourquoi elle a eu plus tard un statut baronnial en Donziais, puis comtal en Nivernais. Il y avait là, avant même l’église recensée par Saint Trétice en 691, un monastère relevant sans doute de la grande abbaye.

L’ancien château comtal, modifié au fil du temps, a été en partie conservé, près de l’église et donc de l’ancien couvent : c’est un édifice composite qui paraît aujourd’hui relativement modeste.

                                                

Il n’y a pas trace dans les sources disponibles d’une « seigneurie particulière » à Corvol, ou d’une « vicomté » comme on en trouve à Druyes ou à Entrains, autres places comtales. Le château abritait sans doute un « capitaine » et peut-être une petite garnison, chargée de faire respecter les droits comtaux. Mais ces fonctions féodales se sont diluées et n’existaient plus à l’avènement du duché (XVIème siècle).

Corvol aurait donné son nom à la famille de Courvol, selon Villenaut, qui précise qu’ils n’en étaient pas les seigneurs, mais qu’ils y étaient simplement possessionnés. Cette question est peu documentée et reste discutée.

Voyez ci-dessous une nouvelle notice, enrichie, sur la généalogie de cette famille :

 Famille de Courvol

Corvol d’Embernard, modeste village du canton de Brinon de nos jours, était un fief ancien de la châtellenie de Montenoison, et n’était donc pas en Donziais. A-t-il donné son nom à la famille de Courvol, où lui a-t-elle donné, étant originaire de Corvol-l’Orgueilleux , comme certains l’avancent ?

Son église est dédiée à saint Gengoult et tout semble indiquer que cette paroisse fondée au 9ème siècle s’est formée sous les auspices d’un certain Dom Bernard. Ainsi au 14ème siècle, elle est mentionnée sous le nom de Corvolum Domipni Bernardi. Qui était ce Bernard  ?

Le fief paraît être sorti assez tôt de la famille de Courvol, dans des circonstances qui restent obscures : des Courvol font hommage au XIIIème siècle, mais dès la fin du XIVème, d’autres familles se succèdent à Corvol.

Corvol-d’Embernard est très proche géographiquement du Donziais et a appartenu aux sires de La Rivière, d’où l’intérêt de se pencher sur la succession de ses seigneurs  : 

Corvol d’Embernard

Merci de vos remarques et suggestions pour enrichir cette documentation !

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Les amis des rois

(Illustration : statue de Bureau de la Rivière – Cathédrale d’Amiens, vers 1375)

Les frères Jean (1338-1385) et Bureau de La Rivière (+1400), issus de la lignée donziaise de ce nom, très présente dans ces pages, lui ont conféré une véritable célébrité (voyez la généalogie complète de la famille de la Rivière, attachée à l’article consacré à leur terre d’origine).

On dirait aujourd’hui qu’ils étaient « bourrés de talent » puisque malgré l’obscurité supposée de leurs origines, ils s’affirmèrent comme de grands administrateurs du royaume sous les rois Charles V et Charles VI, à la fin du XIVème siècle. Ces conseillers du roi « d’humble naissance » étaient surnommés ironiquement les « Marmousets » – petit singe, ou personnage de petite taille en position extravagante dans la sculpture de l’époque – selon Froissart. Cela a même induit une conception longtemps dominante suivant laquelle le grand-père de Bureau aurait été un « serf affranchi ». Mais la plupart des généalogistes s’accordent aujourd’hui à penser que les seigneurs de La Rivière à Couloutre étaient d’ancienne extraction chevaleresque, et peut-être même des parents des barons de Donzy de l’illustre maison de Semur.

Quoiqu’il en soit, Jean, comme diplomate et Premier Chambellan de Charles V, et à sa suite Bureau, comme Premier Chambellan, ami du même roi et fidèle contre vents et marées au jeune et malheureux Charles VI, ont laissé l’image de grands serviteurs, loyaux et efficaces en ces temps troublés.

Jean de La Rivière (1338-1385) montra l’exemple, mais sa carrière fut brève. Vers 1358 il quitta avec son frère leur Nivernais natal pour Paris. Il entra très vite au service du Dauphin Charles comme Chambellan grâce à l’appui de son oncle Jean d’Angerant, grand soutien du Dauphin, évêque de Chartres puis de Beauvais, Président de la Chambre des Comptes, dont la famille était investie au service des rois. Voyez une note sur cette lignée en cliquant sur le lien ci-dessous :

Famille d’Angerant (V. corrigée et complétée du 12/6/17)

Dès 1364 Jean devint Premier Chambellan, c’est-à-dire le premier serviteur du roi et son compagnon au quotidien. Il fut chargé de délicates missions diplomatiques, et s’attacha à  Pierre Ier de Lusignan, roi de Chypre (1328-1369), qu’il accompagna en Europe pour organiser une nouvelle croisade, dont les objectifs paraissent rétrospectivement un peu confus. Il partirent en juin 1365 de Venise vers Rhodes et Alexandrie, qui fut pillé. Les « croisés », chargés d’un énorme butin, firent voile vers Famagouste, à Chypre, où Jean mourut à la fin de cette même année. Sa mort toucha profondément Charles V qui fut fidèle à sa mémoire en choisissant son jeune frère Bureau pour lui succéder. Le roi lui avait fait épouser Marguerite des Préaux, riche héritière de grandes lignées normandes, mais il ne paraît pas en avoir eu une postérité viable.

Charles dit « Bureau » de La Rivière (+ 1400), Premier Chambellan à son tour, devint très vite un ami très proche du roi. Intelligent, actif, modeste et fidèle, il s’affirma comme le premier serviteur de l’Etat, à l’extérieur – il accueillit par exemple l’Empereur Charles IV en 1377 – comme à l’intérieur – il fut compagnon de Bertrand du Guesclin en 1370, puis chef de l’armée en Bretagne en 1379 -. Charles V mourut dans ses bras en 1380. Il avait décidé quelques années auparavant que Bureau serait inhumé à ses côtés.

Critiqué et même écarté par les Grands du royaume, en particulier les oncles du roi, dont Jean de France, duc de Berry, qui entendaient prendre le contrôle du jeune Charles VI, Bureau fut vite rétabli par ce dernier dans ses fonctions et lui fut aussi précieux qu’à son père pendant près de 20 ans. Il fut « ministre d’Etat » en son Conseil, et avec lui les « Marmousets » ( Le Mercier, Montagu) revinrent sur le devant de la scène.

Mais le règne s’enfonçait dans les rivalités, aggravées par la démence du roi. Malgré son soutien épisodique, Bureau dut s’effacer. Il fut privé d’une partie des grands biens dont on lui avait fait don, et mourut en 1400. Il rejoignit alors dans la nécropole de Saint-Denis Bertrand du Guesclin, aux pieds de l’enfeu de Charles V. Charles VI poursuivit sa triste existence jusqu’en 1422. Les troubles qui en découlèrent ne manquèrent pas de relancer la Guerre de Cent ans, qui n’épargna pas le Nivernais.

De sa femme Marguerite, dame d’Auneau et de Rochefort, une personne remarquable qui appartenait à la maison de Dreux, amie de Christine de Pisan, Bureau de la Rivière avait eu cinq enfants, dont Charles, comte de Dammartin.

Jean et Bureau sont inscrits dans la longue tradition des grands serviteurs de l’Etat qui ont fait la France. Depuis leur vallée du Nohain, ils ont porté haut et loin l’écu « de sable à la bande d’argent ».

                                                                                  

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Colméry

(illustration : armes de Mello)

Un château féodal a existé à Colméry, mais il n’a pas laissé de traces, pas plus que dans ses hameaux qui furent des fiefs. Pourtant l’histoire féodale de cette paroisse très ancienne, mentionnée dès 578 dans le « Règlement de Saint Aunaire » (évêque d’Auxerre), est riche, à défaut d’être parfaitement connue.

Colméry – parfois orthographié Colemery – fut dans la mouvance des sires de Mello bourguignons, puis des sires de la Rivière voisins, et plus tard dans celle des seigneurs de Menou.

On étudie séparément l’histoire de la seigneurie de Colméry et celles de ses arrière-fiefs : Malicorne, Le Vaudoisy, Dreigny, La Forêt-de-Lorme….

De nombreux éléments de cette notice ont été fournis par le site Cahiers-du-Val-de-Bargis – merci à lui ! – complété par des recherches dans les différentes sources généalogiques.

Ci-dessous une première notice sur la suite des seigneurs de Colméry, qui doit être complétée et précisée. Merci de votre aide !

Colméry  (V3 mise à jour le 31/12/21)

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Perchin, à Treigny

(Illustration : armes de La Rivière)

Perchin, aujourd’hui un hameau de la vaste commune de Treigny, avait conservé jusqu’au début du XXème siècle, des restes d’un ancien manoir seigneurial, et notamment une porte à linteau du XVème siècle.

Ce fief avait été tenu pendant longtemps par les sires de La Rivière, à qui cette terre avait été apportée par Isabeau de Chassin au XIIIème siècle.

Il passa ensuite aux La Ferté-Meung (voir la notice Beauvais-Lainsecq) puis aux Carroble, Le Caruyer, Perreau et Bonnin par des alliances.

Perchin fut en fait un fief secondaire, associé à des fiefs principaux comme Champlemy et Beauvais-Lainsecq. Au XVIIème siècle il était dans les mains de Jacqueline de Menou et fut dès lors associé à la possession de Ratilly.

Voyez ci-dessous la succession des seigneurs de Perchin, qu’on rencontre sur plusieurs autres sites :

Perchin  (V2 du 16/9/21)

D enluminé

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