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Donzy et la Terre Sainte

(Illustration : Versailles, salles des croisades, époque de Louis-Philippe)

Les armoiries de Donzy figurent dans la cinquième Salle des Croisades du château de Versailles, en l’honneur de Geoffroy III, baron de Donzy et comte de Chalon, seigneur de Saint-Aignan et de Chatel-Censoir, qui prit part à cette épopée dès ses débuts. Il fut en effet parmi ceux qui répondirent à l’appel lancé à Clermont par le Pape Urbain II, le 27 novembre 1095, à l’origine de la première croisade (1096-1099).

                                                      Clermontconcile

Il s’agissait de rétablir l’accès des chrétiens à Jérusalem, que les Turcs, bientôt supplantés par les Fatimides, leur avaient interdit, et de répondre à l’appel de l’empereur byzantin Alexis Comnène.

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Pour accomplir cette mission Geoffroy dut céder sa part du comté de Chalon à son oncle Savaric de Vergy, et mettre ainsi fin à ce lien ancestral avec sa dynastie bourguignonne. 

Fut-il à la prise de Jérusalem en 1099, aux côtés de Godefroy de Bouillon ? Trouva-t-il la mort en Terre Sainte comme certains auteurs l’avancent, où prit-il effectivement l’habit de Cluny à son retour ? Avec quels vassaux du Donziais, chevaliers, écuyers et serviteurs, avait-il accompli cette expédition ? Les textes restent silencieux, mais Geoffroy avait en tout cas devancé son voisin et rival le comte de Nevers, Guillaume II, qui ne put rejoindre l’armée des croisés avec son frère Robert et quinze mille hommes dit-on, qu’en 1100, car il était auparavant mineur.

                                                     Prise-de-Jerusalem

Les barons de Toucy, seigneurs de Puisaye, Ythier II et son frère Narjot faisaient partie de cette expédition. Il y trouvèrent la mort en 1100, les premiers d’une longue série : Ythier IV en 1147, Narjot II en 1192 à Acre, Ythier V en 1218 à Damiette, Jean en 1250 à Mansourah.

Pour la deuxième croisade, prêchée par Bernard de Clairvaux en 1146, les textes ne mentionnent pas la présence d’un baron de Donzy, pourtant si proche de Vézelay d’où le Saint avait parlé. Guillaume III de Nevers et son frère Robert, comte de Tonnerre, y figuraient bien quant à eux, ainsi que Pierre de France, sire de Courtenay, dont le fils fut plus tard comte de Nevers.

                                                                 220px-Saint-Bernard_prêchant_la_2e_croisade,_à_Vézelay,_en_1146

Geoffroy de Saint-Verain partit quant à lui en avant-garde de la troisième croisade en 1188 à la demande du comte de Nevers, après avoir octroyé des libéralités aux abbayes auxerroises de Reigny et de Crisenon, ainsi qu’à la Commanderie de Villemoison. Il entamait lui aussi une longue série : autour de Saint-Verain, les noms de Palestine donnés à différents lieux – comme Jérusalem – conservent la mémoire de cet engagement.

Trois des fils du baron de Donzy Hervé III prirent part à cette expédition et à la suivante. Ils y laissèrent la vie : Guillaume de Gien, l’aîné, qui fut baron trois ans avant de trouver la mort à Acre en 1191 ;  Renaud de Montmirail, le cinquième, et Bernard, le dernier, tués tous deux en 1205 après le siège d’Andrinople.

Tout au long du XIIIème siècle enfin, les grands comtes de Nevers, barons de Donzy, s’illustrèrent en Terre Sainte : ainsi Archambaud IX de Bourbon, mort en 1249 à Chypre ; Eudes de Bourgogne, en 1269 à Acre ; ou encore Jean-Tristan de France, premier époux de Yolande de Bourgogne, fils de Saint-Louis, en 1270 à Damiette.

Peu mentionnés par les Chroniques, mais bien présents aux côtés des princes et des rois, les seigneurs de Donzy ont apporté leur contribution à cette vaste entreprise et la présence de l’écu d’azur aux pommes de pins d’or à Versailles, n’est que justice.

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L’Epeau, un voeu de Mahaut

(Illustration : ruines de l'Epeau)

L’Abbaye Notre-Dame de l'Épeau est un monastère cistercien relevant de l'ordre du Val des Choux, fondé en 1214 par le baron de Donzy, Hervé IV et son épouse Mahaut de Courtenay, héritière de Nevers (voir page Barons de Donzy) au bord de la Talvanne, en amont de Donzy. Parents à un degré prohibé par l'Église, ils durent pour prix de la dispense obtenue du pape, faire construire trois abbayes : la Chartreuse de Bellary, l'abbaye de Coche à Vielmanay – associée plus tard à Cessy, mais aujourd'hui disparue – ainsi que l'Epeau.

Cette dernière fut pillée à deux reprises et largement détruite au cours des guerres de religion : en 1568, par les reîtres de Wolfgang de Bavière, duc des Deux-Ponts, traversant le pays pour rejoindre l'armée protestante en Limousin, qui en chassèrent les religieux ; puis en 1569 par des huguenots de La Charité-sur-Loire commandés par le capitaine Le Bois de Merille, qui massacrèrent le prieur Jean Mignard avec dix prêtres des paroisses alentour. Ils ne quittèrent la région qu'à la Saint-Barthélemy en 1572.

Les prieurs commendataires de l'Epeau ne s'occupèrent plus dès lors que de leur bénéfice et l'abbaye ne fut plus que l'ombre d'elle-même. Dans les années 1760, Mgr Champion de Cicé (1760-1801), dernier évêque d'Auxerre avant la Révolution, fit mettre en vente les ruines, acquises par Claude de la Barre en 1773. La propriété s'est transmise à ses descendants jusqu'à nos jours.

Seules subsistent de l'abbaye les ruines majestueuses de l'église gothique, qui donnent une idée de son importance, et un pigeonnier. L'ancien logis abbatial a été remplacé par une nouvelle gentilhommière au XIXè siècle.

Voyez ci-dessous une notice sur l'histoire de l'Epeau (V2 corrigée le 6/9/16), et aidez-nous à la compléter en nous donnant de nouvelles références :

Abbaye ND de l'Epeau (Donzy)

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Bellary, chartreuse de la forêt

(En illustration : moines chartreux)

Les restes imposants de la Chartreuse de Bellary, à Châteauneuf, en bordure de la grande forêt, témoignent de ce que fut cette fondation au moyen-âge. 

La Chartreuse fut fondée par Hervé IV de Donzy et Mahaut de Courtenay sa femme en 1209, en même temps que l’Epeau à Donzy et Coche toute proche, à Vielmanay. La donation fut confirmée par une charte de Mahaut, devenue veuve, en 1222. Des moines de la Grande Chartreuse composèrent la première communauté. 

Dès lors elle connut un grand développement et plus de trois siècles de silence, de prière et de travaux agricoles, donnèrent une âme à ces solitudes environnées de bois.

Mais Bellary, comme tous les établissements monastiques de la région tomba sous la vindicte des huguenots qui y firent de grandes destructions, et elle ne fut que modestement restaurée au début u XVIIème siècle. 

La Révolution et ses excès la trouvèrent peuplée seulement d’un prieur et de quelques moines, dont certains acquis aux idées nouvelles. Ils furent dispersés, les bâtiments pillés et les biens – terres, forêts, moulins – vendus.

Le site Cahiers-du-Val-de-Bargis, consacre à Bellary des pages très documentées et bien illustrées.

Voyez ci-dessous une notice qui reprend, pour décrire l’histoire de Bellary, l’essentiel de l’étude que lui a consacrée l’abbé L. Charrault, historien de Chateauneuf. 

Chartreuse de Bellary

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