Archives de catégorie : Nièvre

Le Fey et la Poëse, à Billy et Etais

(Illustration : armes de Mullot)

Le Fey et la Poëse, à cheval sur Billy (58) et Etais (89), étaient des terres tenues à cens et rentes par Regnault Mullot, érigées en fiefs pour lui par Françoise d’Albert, baronne de Donzy, en 1526.

Aucun de ces deux fiefs, dont la constitution est assez récente, n’est cité pour des hommages ou dénombrements dans l’Inventaire des Titres de Nevers de l’Abbé de Marolles.

Au Fey, grand domaine agricole, une maison de maître (XVIIIème ?), atteste de l’ancien statut.

Ces terres se sont transmises de génération en génération chez les descendants de Regnault, jusqu’à la Révolution.

Voyez ci-dessous une notice résumant la succession des seigneurs :

Le Fey et La Poëse (Billy)

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Retour à Man-nay

(Illustration : blason des Lamoignon)

Vielmanay n’est pas seulement un charmant village, c’est aussi un site religieux de fondation ancienne, entouré de plusieurs autres, marquants du Donziais. Il nous faut y revenir pour quelques explications en réponse à des questions.

Le lieu, traversé par un affluent de l’Asvins, tirait sans doute son nom d’un riche gallo-romain qui y avait une villa. On l’appela Mannayum, puis Mannay – nom resté longtemps dans la mémoire locale et prononcé Man-nay – ou encore Mannay-le-Vieil, le Vieux-Mannay, et enfin Vielmanay, nom donné à la commune.

Il y avait là aux premiers siècles du christianisme un monastère mentionné par Saint Aunaire (Aunacharius), évêque d’Auxerre, dans son Règlement (578) : Mannacense monasterium. Il figure sur une belle « Carte du diocèse d’Auxerre où sont marqués seulement les Abbayes qui y subsistaient avec les 37 paroisses qui le composaient sous l’épiscopat d’Aunaire en 580… » de 1741.

                                                 

A l’image de Saint Germain qu’il vénérait, Saint Aunaire, qui appartenait lui aussi à l’aristocratie gallo-romaine, avait légué cette terre avec bien d’autres dans la contrée à son église.

Ce monastère devait être fragile puisqu’il il n’était plus mentionné un siècle plus tard dans le Règlement de Saint Trétice. L’église devint une simple parocchia, placée au XIème siècle dans la dépendance du grand prieuré clunisien de La Charité.

Il ne reste rien du monastère d’origine : l’église actuelle (XVème-XVIème) aurait été construite à la place d’un édifice roman et seuls de vieux murs arasés témoignent d’un établissement ancien indéterminé.

Curieusement, on citait encore aux XVIIème et XVIIIème siècles des « prieurs spirituels et temporels » ou simplement « temporels » de Cessy, Coche, Saint-Malo et Vielmanay réunis, ces trois derniers depuis longtemps anéantis. Ils s’intitulaient parfois « seigneurs » et étaient des laïcs. Sous l’effet de la commende le temporel prenait le pas sur le spirituel…

Les ouvrages très documentés de Chantal Arnaud sur « Les églises de l’ancien diocèse d’Auxerre » (Société des Sciences historiques et naturelles de l’Yonne, Auxerre, 2009) et de Noëlle Deflou-Leca « Saint-Germain d’Auxerre et ses dépendances, Vème-XIIIème siècle » (Publications de l’Université de Saint-Etienne, 2010), éclairent l’histoire de l’église Saint Pierre de  Vielmanay et son contexte.

Voyez aussi les indications très riches sur l’histoire du village et les belles illustrations fournies par le site « Cahiers du Val-de-Bargis ».

Nous avons déjà exploré les principaux sites historiques de Vielmanay : la Chartreuse de Bellary en lisière de la grande forêt ; l’abbaye fantôme de Coche, très tôt disparue ; et le château de Vieux-Moulin, caché au fond de son vallon, point de départ d’expéditions guerrières de chefs huguenots à la fin du XVIème siècle.

Nous avons évoqué les moulins et forges qui jalonnaient le cours de l’Asvins : la Ronce, les Pivotins et Vieux-Moulin, ainsi que les infatigables Lespinasse, maîtres de la plupart des forges de la région au XVIIème siècle.

Mais nous n’avions traité qu’indirectement de la seigneurie de Mannay ou Vielmanay elle-même, en présentant la généalogie des fameux Lamoignon, établis depuis le XIIIème siècle dans cette vallée, à Chasnay, Nannay et Mannay, et à Donzy. Il y aurait à Vielmanay des restes d’un château du XIIIème siècle.

La notice ci-dessous répare cette omission. Elle rappelle que le fief de Vielmanay – mouvant géographiquement de Châteauneuf – relevait féodalement en partie de l’abbaye de Saint-Germain d’Auxerre (cf. supra). Cela explique peut-être pourquoi aucun acte de foi et hommage le concernant ne figure dans l’Inventaire des Titres de Nevers de l’Abbé de Marolles.

Elle complète la succession des seigneurs, puisque Vielmanay passa dans d’autres mains que celles des Lamoignon au XVIIème siècle : Maumigny, Bar, Monnot, dans des conditions qui restent  d’ailleurs assez confuses.

Vielmanay (V. corr. du 9/1/22)

Des questions restent posées, qu’il faudra approfondir, avec votre aide bien sûr.

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La galerie Renaissance de Bulcy

La paroisse de Bulcy, qui dépendait du Prieuré de La Charité, fut rattachée à la Châtellenie de La Marche (hors Donziais). Toutefois, les terres de Bulcy et de Neuville sont parfois citées comme relevant de Donzy dans certains actes et leurs seigneurs y avaient de nombreux liens…

Le château de Bulcy était considérable au moyen-âge : « L’ancien château féodal, de plan carré, entouré de fossés et renforcé de tours d’angles, est déjà présenté en ruines dans L’Album du Nivernois » paru en 1838. Il ne reste plus aujourd’hui de cette puissante demeure qu’une tour ronde découronnée, aux murs très épais, et deux des cinq baies du XVème siècle de la courtine Ouest ». (F. Cario, in Châteaux et Manoirs du Nivernais, Tome 1)

Le petit manoir, avec sa surprenante galerie Renaissance, a quant à lui été édifié au XVIème siècle par Denis de La Vigne, entre le vieux château et le colombier.

Au village de Neuville, fief ancien de ce nom ou démembrement de Bulcy – qui a donné son nom au fameux agent des Princes sous la Révolution : Guillaume Hyde de Neuville -, des éléments de l’ancien château, reconstruit à la fin du XVIème siècle, subsistent, largement remaniés.

Voyez ci-dessous la notice consacrée à ce site et ne manquez pas de nous faire part de vos remarques et suggestions…

Bulcy

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Un maréchal-duc à la Motte-Josserand ?

Nicolas de l’Hôpital, duc de Vitry et Maréchal de France, fut seigneur de la Motte-Josserand au XVIIème siècle.

Il en avait hérité : cette terre et ce château étaient dans sa famille depuis le mariage de Charles de L’Hôpital, son arrière-grand-père, avec Catherine L’Orfèvre.

La confiance du Roi Louis XIII, sa brillante carrière militaire et les nombreuses autres terres et châteaux qu’il détenait, lui laissèrent-ils le temps de venir dans sa forteresse des bords du Nohain ? Rien n’est moins sûr ; ses fils ne la conservèrent d’ailleurs pas.

Le duc de Vitry était marquis d’Arc-en-Barrois et comte de Châteauvillain. Il possédait de grands biens en Brie, terre d’élection de sa famille, dont Vitry-Coubert et le beau château de Nandy. Il fut Capitaine des gardes du corps et témoigna de sa fidélité au Roi en menant l’assassinat de Concini.

Lieutenant-général en Brie, il fut élevé à la dignité de maréchal de France le 24 avril 1617, reçu conseiller d’honneur au parlement de Paris le 22 mai suivant ; chevalier des Ordres du roi le 31 décembre 1619. Il contribua à remettre sous l’obéissance du roi en 1621 les places de Jargeau, Sancerre et Sully, et fut pourvu du gouvernement de Provence en 1632. Il fut arrêté et mis à la Bastille le 27 octobre 1637, pour des prises de position insolentes, et n’en sortit que le 19 janvier 1643. L’année suivante le roi Louis XIV lui donna le brevet de duc et pair de France ; il mourut le 28 septembre 1644.

Mais on ne peut parler du maréchal de Vitry sans évoquer le destin étonnant de cette famille de L’Hôpital.

C’était une famille d’origine italienne qui revendiquait comme ancêtres les Gallucio du royaume de Naples – une lignée chevaleresque réputée descendre des princes de Capoue lombards – , dont elle portait les armes au coq (gaulois), transformées.

Par lettres patentes de septembre 1748, « le Mis de l’Hopital et MM. de Ste-Mesme furent autorisés par le Roi à porter le nom de Galluccio, et à accepter les places et dignités affectées à la noblesse du Siège de Nido, au Royaume de Naples ».

Une épitaphe en l’église Saint-Merry faisait même de Jean de L’Hopital (Gianni Galluccio), venu en France au XIVème siècle, le petit-fils du capétien Philippe d’Anjou, prince de Tarente, excusez du peu ! Mais aucune trace probante n’existe de cette origine princière.

Ce Jean était en fait « Clerc des Arbalétriers » c’est-à-dire trésorier, payeur de gages, à la suite d’un oncle dont il aurait pris le nom : François de l’Hôpital, connu comme « bourgeois de Modène », qui participa à la fondation du Collège des Lombards.

L’union de Jean avec la fille du grand financier Nicolas Braque lui apporta certes une assise territoriale considérable, sur laquelle ses descendants s’appuyèrent pour s’intégrer à la haute noblesse. Au XVIIIème, les représentants de la branche aînée obtenaient donc les fameuses lettres patentes les reliant à la vieille noblesse de Naples, sans doute pour masquer une origine indigne du milieu dans lequel ils évoluaient.

Voyez ci-dessous la curieuse généalogie de cette famille, limitée toutefois à la branche possessionnée en Donziais.

Famille de L’Hospital

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Les bâtards de Clèves

(Illustration : armes de Clèves-La Marck-Bourgogne)

En épousant Elisabeth, fille de Jean de Bourgogne, comte de Nevers (XVème siècle), les comtes de Clèves et de la Marck, grands vassaux des ducs de Bourgogne, chevaliers de la Toison d’Or, héritent de ce comté et des terres associées. Ils figurent donc dans la suite des comtes de Nevers, barons de Donzy.

Il se trouve qu’à un échelon inférieur on rencontre en Donziais des représentants de deux lignées bâtardes de Clèves :

  • celle d’Herman, sire d’Asnois, fils naturel de Jean II  ;
  • et celle de François, abbé commendataire du Tréport, qui, non content d’être un fils naturel d’Engilbert de Clèves, comte de Nevers, eut une nombreuse descendance.

Leurs membres se sont alliés dans la contrée et on les retrouve en différents sites, en particulier à Alligny près de Cosne, une terre issue des anciens barons de Saint-Verain.

Louis de Clèves, le fils de l’abbé du Tréport, est connu sous le nom de « seigneur de Fontaine« , une petite terre à Pougny (voir cette fiche) plutôt que la « fontaine d’Alligny », sur laquelle la belle église Saint-Saturnin fut bâtie, comme certains auteurs l’avancent…

Voyez ci-dessous une notice généalogique sur ces deux lignées.

Bâtards de Clèves

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