Archives de catégorie : Nièvre

Coche, abbaye fantôme

Coche, près de Vielmanay, est partout citée comme la troisième abbaye (prieuré) fondée par Hervé de Donzy et Mahaut de Courtenay en 1218, avec L’Epeau et Bellary. Pourtant nous ne sommes pas en mesure de lui consacrer une véritable notice, car les données historiques disponibles sont très ténues. Mais nous aimerions ne pas en rester là…

L'historiographie paraît n'avoir retenu, au-delà du principe de sa fondation, que les noms de quelques uns de ses prieurs commendataires aux XVIIème et XVIIIème siècles. Deux d'entre eux ont eu une certaine célébrité (Coche n'étant que l'un des "bénéfices" dont ils disposaient) : Jacques Carpentier de Marigny, par ailleurs écrivain et pamphlétaire, d'origine nivernaise, et Edmond Richer, fondateur du "Richerisme", un Gallicanisme relativisant le rôle du Pape, qui ouvrit dans une certaine mesure la voie au Jansenisme.

Les bâtiments monastiques, qui étaient situés au bord de l'Asvins, en lisière des bois de Bellary, non loin du hameau actuel de Coche, ont été entièrement détruits par les huguenots vers 1560.

L’abbaye, une quasi seigneurie terrienne après sa mise en commende, possédait des biens fonciers et des droits féodaux aux alentours, et a dû continuer d’exister sur le plan juridique malgré la fin de toute activité religieuse, puisqu’elle a eu des "prieurs" jusqu'à la Révolution. Cette charge purement temporelle paraît avoir été regroupée avec celles de Prieur de Cessy, de Vielmanay (anc. Mannay) et de Saint-Malo-en-Donziois – ces deux derniers établissements disparus depuis longtemps – et parfois avec celle d'abbé de Bourras. Il s'agissait de cumuler des revenus ecclésiastiques assis sur des territoires voisins, pour arriver à un montant significatif, au profit d'une seule personnalité, en minimisant les frais de recouvrement.

Il ne reste aujourd'hui sur place que des lambeaux de murs recouverts par la végétation. Des fouilles ont été effectuées en 1868 par le nouveau propriétaire de ces terres et de celles du château de Vieux-Moulin, tout proche. On aurait découvert alors un souterrain qui allait de l’abbaye au hameau de La Tour. A quelque distance des anciens bâtiments, se trouvait le cimetière du monastère, d’où l’on exhuma plusieurs corps, et non loin un puits où le fameux Théodore de Bèze, dont la famille était implantée dans la région (voir notice Chailloy) et qui résidait parfois à Vieux Moulin, aurait fait "enfermer" les religieux de Coche.

A l'évidence, il faut documenter bien davantage l'histoire de Coche pour redonner un peu vie à ce prieuré évanoui, et nous faisons appel à votre concours…

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La Barre (Garchy)

(Illustration : le bourg de Garchy vers 1920)

Le fief de la Barre à Garchy, relevant de Chateauneuf, a donné son nom à une famille connue dès le début du XVème siècle, et très implantée en Donziais. Il semble qu’elle n’ait pas de rapport avec la lignée du même nom en Berry.

Le fief aurait été apporté aux Marafin, déjà seigneurs de Vieux-Moulin (voir cette notice) et Garchy, par le mariage de l’héritière de la branche aînée de la famille de La Barre au XVIème siècle. Une branche cadette, qui a perduré et s’est alliée dans de nombreuses familles de la région, s’était installée à Gérigny, près de La Charité – qui n’est pas dans notre périmètre – et à la Motte-Josserand et l’Epeau, tout près de Donzy, juste avant la Révolution (voir ces notices).

On retrouve La Barre aux mains d’un certain Antoine Gauthier, sgr de Saligny, Commissaire des Guerres, vers 1650 – dans des conditions qui restent à préciser – et le domaine est acheté à la fin du XVIIème siècle par Elie Rameau, un bourgeois de La Charité, dont les descendants directs le conserveront bien au-delà de la Révolution.

Le site conserve des traces castrales et notamment un porche vouté donnant accès à une cour.

Voyez ci-dessous une notice plus détaillée sur la succession des seigneurs de La Barre :

La Barre (V. complétée du 6 avr. 2025)

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Le Réconfort de Mahaut

(Illustration : reproduction d'un sceau de Mahaut de Courtenay)

Mahaut de Courtenay (1188-1257), comtesse de Nevers, Auxerre et Tonnerre, et son premier époux Hervé IV, baron de Donzy, forment un couple mythique de l’histoire locale. Leur union, en 1199, obtenue par Hervé après sa victoire sur le père de Mahaut, Pierre de Courtenay, fut aussi celle du Donziais auxerrois au Nivernais. Elle posait les bases géographiques du futur duché de Nevers et du département de la Nièvre d’aujourd’hui.

Pour se faire pardonner un degré de consanguinité prohibé, ils fondèrent trois abbayes : L’Epeau, Bellary et Coche. Pourtant ils ne choisirent aucune d’elles pour lieu de leur sépulture.

Hervé, tôt disparu (1222), fut inhumé à Pontigny en Auxerrois, haut lieu cistercien, aux côtés de Saint Edmond de Cantorbery et de nombreux seigneurs bourguignons et champenois. Mahaut, remariée dès 1226 au comte de Forez, Guigues IV, resta fidèle au pays nivernais qu’elle administra jusqu'à sa mort.

Elle avait fondé en 1235 l’abbaye Notre-Dame du Réconfort, à Saizy près de Monceaux-le-Comte dans la haute vallée de l’Yonne. Elle choisit ce lieu isolé pour sa sépulture : sa dépouille y fut conduite en grand cortège depuis la cathédrale de Nevers, et y prit place dans le cloître.

Confirmée en 1244 par le Pape Innocent IV, qui consacra lui-même l'église en 1246, la communauté cistercienne féminine du Réconfort veilla sur la tombe de Mahaut, dans le calme et la prospérité, pendant près de quatre siècles. Les guerres de religion causèrent à l'abbaye, comme à bien d’autres sites en Donziais, de grands dommages, dont elle ne se releva jamais complètement : au début du XVIIème siècle, elle était en ruines. Une riche abbesse la fit alors reconstruire, la tombe de Mahaut fut transférée dans l’église. Aggrandie encore au XVIIIème siècle, l’abbaye ne retrouva pourtant jamais la ferveur et l’austérité de ses origines, et la Révolution lui réserva le sort habituel : vente comme Bien national, destruction et revente des débris.  

En rachetant le site en 1825 le baron Charles Dupin – que nous avons déjà rencontré à Corbelin – sauva Notre-Dame du Réconfort, la restaura, en fit sa résidence, et ses descendants poursuivirent son œuvre.

Devenu Centre de soins à l’époque moderne, le Réconfort ne conserve de ses origines gothiques que l’ancienne salle capitulaire et la sacristie.

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Voyez la fiche du service des Monuments historiques sur ce monument, qui offre de nombreuses images anciennes : Réconfort (Fiche MH)

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Cosne, cité épiscopale et comtale

Cosne – aujourd'hui  "Cosne-Cours-sur-Loire" -, vieille cité gallo-romaine, fut une place forte au Moyen-âge. 

Contrôlée à l'origine par les évêques d'Auxerre, elle passa progressivement sous l'autorité des comtes de Nevers, non sans que les barons de Donzy, alors rivaux, aient tenté au XIIème siècle de s'en emparer. Pour comprendre son histoire il faut donc se rapporter à celles de cet évêché et de ce comté.

Au débouché du Nohain dans la Loire et au carrefour de grandes routes, elle a représenté à ces époques reculées un enjeu de pouvoir qu'il est difficile de concevoir aujourd'hui, tant le déclin a frappé la cité, où les traces architecturales anciennes sont assez ténues.

Cosne, cité épiscopale où résidaient occasionnellement les évêques, fut pourtant dotée au XIIème siècle d'un petit palais épiscopal qui subsiste et présente une réelle parenté avec celui d'Auxerre. Un château et une enceinte y avaient été établis antérieurement par les évêques, notamment pour se défendre des incursions normandes. Ils disposèrent également du château de Villechaud, au sud de la ville.

Cosne, cité comtale, eut aux XIIème et XIIIème siècle une enceinte renforcée et un château reconstruit par les comtes, pour assurer la défense de ce site stratégique. Ce monument, dont des restes importants subsistent malgré l'outrage du temps, se cache au milieu de la vieille ville et ne protège plus qu'un….parking.

Le développement de l'industrie métallurgique à Cosne du XVIIème au XIXème siècles, grâce à la force motrice du Nohain qui y est à son maximum, avec une belle chute dans la Loire, a bouleversé l'architecture ancienne de la ville qui se concentrait précisément à ce confluent.

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Seul l'ancien Prieuré Saint-Agnan, qui domine le site au sud, a conservé sa magnificence ancienne.

Voyez ci-dessous une notice qui précise ces différents points

Cosne (V1 du 5 avril 2016)

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Château-Musard à Billy

Billy-sur-Oisy a une origine très ancienne comme en témoignent les nombreux silex taillés et tessons de poterie trouvés sur son territoire. Bourgade gauloise, ville forte au temps de la Gaule romaine, autrefois nommée Billiacum (du nom d'homme gaulois Billius), une voie romaine passe à proximité.

Au sud du village, la butte isolée du Château-Musard fut autrefois couronnée d’un château féodal

Cette terre appartenait originellement au Chapitre de la Cathédrale d’Auxerre, puis passa aux barons de Donzy devenus comtes de Nevers, qui en firent le siège d’une châtellenie, unie plus tard à celle de Corvol-L’Orgueilleux. Le comte Hervé rebâtit, en l’agrandissant, l’ancien château. Cette forteresse était imposante : elle mesurait 200 mètres de long sur 50 de large. Hervé et son épouse Mahaut de Courtenay, y firent de nombreux séjours. Mahaut y vint encore en 1250, quelques années avant sa mort, mais il fut délaissé ensuite.

En 1544, François Ier autorisa, par lettre patente, les habitants à créer foires et marchés et à entourer, à leurs frais, le village de murailles. Une tour en est l’unique vestige.

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Pour l'histoire de Château-Musard, qui n'est plus aujourd'hui qu'un fantôme, laissons la parole à un érudit local, René Lussier (1864-1939) : 

« Le touriste qui suit l'agréable route de Clamecy à Neuvy ne manque point de remarquer devant lui, dès qu'il quitte le joli site de Batilly, un monticule couronné de ruines. Ces vestiges de murailles presque parées d'un riche manteau de végétation sont les restes de Château Musard.

Ce château, bien que n'offrant que très peu d'intérêt historique, n'en a pas moins une certaine célébrité dans l'histoire locale et régionale. Née de la Rochelle le fait bâtir par César. Cette thèse n'a rien d'invraisemblable, attendu que cette forteresse commandait une voie romaine qui passait sous ses murs. Un point d'eau très important : la Fontaine de Grès, arrose le pied de ces glacis et pouvait suffire aux besoins de la garnison. De nombreuses monnaies et médailles, trouvées dans les environs, viennent appuyer cette supposition. Enfin, la situation agréable de ce lieu, à la naissance de la vallée du Champorin, a peut-être séduit le vainqueur des Gaules, mais elle a certainement inspiré la fantaisie des étymologistes qui l'ont appelé le "château des Muses". Pourtant ce nom ne prévalut point, puisque l'histoire dit Murat et non Musard.

Mais arrivons aux renseignements fournis par les documents historiques.

En 1212, Hervé de Donzy, comte de Nevers jeta les fondations de la construction où commença la restauration de la forteresse Murat. Mais cette construction était sur les fonds du Chapitre de Saint Etienne d'Auxerre. Les chanoines n'osaient attaquer que faiblement le puissant comte ; cependant d'après une sentence rendue à Billy, en août 1214, par Guillaume de Seignelay, évêque d'Auxerre, et son frère Manassés, évêque d'Orléans, le comte abandonna au Chapitre, à titre de dédommagement, tout ce qu'il possédait sur Oisy. Hervé dès lors, n'éprouva plus de difficultés dans ses travaux de restauration. Dès 1212, il avait agrandi son domaine de Billy par un échange avec Jehan de Toucy.

D'après les désirs du roi Philippe-Auguste, Hervé de Donzy avait épousé, en 1199, Mahaut ou Mathilde, fille de Pierre de Courtenay et d'Agnès, fille de Gui 1er, comte de Nevers.

Les époux s'embarquèrent pour la croisade à Gênes en 1218. Mais après l'assassinat de Pierre de Courtenay, qui venait d'être élu empereur de Constantinople, ils rentrèrent précipitamment en Nivernais pour vivre paisiblement dans leurs châteaux. Mahaut se plaisait beaucoup dans les châteaux situés sur les collines comme Druyes, Murat, Montenoison. Après avoir habité Montenoison, où elle passa le temps pascal en 1247, elle vint à Murat. C'est là qu'elle data le mardi d'après la mi-carême au mois de mars 1250, l'acte de mariage du chevalier Guy Breschard, sgr de Toury, avec Isabeau, fille de Geoffroy de Billy, de son vivant maréchal du Nivernais.

Au mois de juillet 1253, elle expédia de Murat la donation qu'elle fit aux écoliers d'Auxerre qu'on appelait "les Bons Enfants". Ce fut aussi de ce lieu qu'elle confirma l'acquisition que le Chapitre d'Auxerre avait faite des dîmes de Nannay. La fondation des deux chapelles dans le château de Nevers fut confirmée à Murat en 1256.

L'année suivante, Mahaut mourait à Coulanges sur Yonne, après y avoir fait sont testament par lequel elle demandait à être inhumée dans son abbaye de la Consolation de N-D, près de la Montcelle. Aujourd'hui encore, les restes de la grande comtesse reposent dans la terre de ce site enchanteur qu'est le Réconfort. La chapelle où tant de fois elle vint prier pour son aimé seigneur Hervé qui avait sa sépulture à Pontigny. Dans cet antique sanctuaire on pourrait reconnaître Mahaut portant l'image de l'abbaye qu'elle avait fondée. Hommage posthume de quelques admirateurs de Mahaut de Courtenay, l'une des plus grandes figurent de l'histoire du Nivernais.

Le mercredi 4 juin 1281, le comte de Nevers, Robert de Flandre, fit hommage au seigneur évêque d'Auxerre, Guillaume de Grez, pour le château de Murat et autres lieux. Ce même comte vint se réfugier dans son château Murat en 1290 et 1291, fuyant la colère du roi Philippe IV, contre lequel il avait guerroyé. L'évêque d'Auxerre, Pierre de Mornay, fait confirmer ses droits sur Murat en exigeant que le comte de Nevers, Louis de Flandre, lui prête foi et hommage (19 octobre 1296). Son successeur médiat, Pierre de Grez, fut moins heureux ; Louis de Nevers lui ayant refusé l'hommage en 1311. Pour ce refus, le comte se vit saisir Murat. Rentré en possession de son fief, il en fit la donation en novembre 1324, à son cousin, Alphonse d'Espagne, tout en s'en réservant la suzeraineté.

Dès le XVIème siècle, la forteresse Murat semble avoir perdu considérablement de sa puissance. Des aventuriers se rient de son quadrilatère de hautes murailles crénelées et de son double pont levis ; ils la pillent en 1554. Quelques années plus tard, en 1590, les Auxerrois, aidés par les gens d'Avallon et de Vézelay, peuvent mettre Billy à sac. La dernière mention du château remonte au 27 octobre 1660. Murat devait suivre le sort des autres châteaux du comte de Nevers ; il est abandonné par les successeurs d'Hervé et tombe en ruine.

Les abords et le sol du château sont vendus parcelle par parcelle, dès le commencement du XVIIIème siècle la vigne est plantée. Par la suite les habitant de Billy enlèveront les matériaux de bâtiments pour construire leurs maisons. Il ne reste plus de la fière forteresse, que le peuple dès 1743 désigne sous le nom de château Musard, que la gracieuse silhouette que l'on ne se lasse pas d'admirer en suivant la rue principale du bourg de Billy sur Oisy. »

                                                    Sans titre

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