Archives de catégorie : Entrains-Sur-Nohain

Entrains, cité de « Jupiter tonnant »

Entrains, dans la haute vallée du Nohain, non loin de sa source,  est environné de sites médiévaux. Nous en avons évoqué certains : Réveillon, Château-du-Bois, ou encore Miniers et St-Cyr, Le Chesnoy et Ferrières.

Mais qu’en est-il de la cité elle-même  ?

On estime qu’elle fut fondée par les Senons aux confins méridionaux de leur territoire. Elle devint une ville gallo-romaine d’une certaine importance (25.000 hts ?), sous le nom d’Interanum, au carrefour de cinq routes. A ce titre elle rivalise en Nivernais avec Nevers, Decize et Cosne, et surclasse largement Donzy, connue seulement depuis les VIème-VIIème siècles. Elle aurait même abrité un préfet de l’Empire, doté d’un palais. La ville recèle de très nombreuses traces de cette époque, dont celles d’un amphithéâtre, de thermes, de villas…etc. Les fouilles ont mis à jour de magnifiques trésors antiques, dont certains figurent dans les musées nationaux.

                                                           apollon

                       Statue d'Apollon d'Entrains (Musée national de Saint-Germain-en-Laye)

Son nom a donné lieu à débat : s’agissait-il, comme le suggéraient Lebeuf et d’autres auteurs, d’évoquer une cité au milieu des étangs ou des eaux – inter-amnes – ? Ou plutôt, comme le fait l'abbé Baudiau, historien d’Entrains (« Histoire d’Entrain depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours » par J.-F. Baudiau, chez Fay-Vallières à Nevers, 1879), d’une référence au nom donné par les gaulois au Jupiter tonnant : Taran ? Les sources anciennes disponibles ne permettent pas de trancher.

                                                         jupiter

                                                                Jupiter (Entrains, 1969)

La lignée bourguignonne de Semur-Chalon qui fut à l’origine de la baronnie de Donzy au tournant de l’an Mil avec l’appui de l’Evêque Hugues, aurait donc pu choisir Entrains comme siège de son grand fief, s’inscrivant ainsi dans une continuité historique. Le grand historien allemand Karl-Ferdinand Werner a développé cette théorie du continuum de l’antiquité tardive à la féodalité, et les liens que l’aristocratie franque conquérante ne manqua pas d’établir avec les familles sénatoriales gallo-romaines, dont elle adopta la culture.

Mais les invasions, celles des Vandales et des Sarrasins, et les raids normands du IXème siècle avaient eu raison de la vieille Interanum, dont le site correspondait peu aux exigences défensives de l’époque.

En aval, l’éperon rocheux de Donzy, plus près du Val de Loire, s’était imposé pour établir une forteresse. Peut-être ces terres, réputées avoir appartenu à la famille du grand Saint Germain d’Auxerre, avaient-elles aussi une valeur symbolique particulière, quand Entrains conservait la marque du « paganisme » ancien ; d’autant que Saint Pèlerin, premier évêque d’Auxerre, y avait été martyrisé vers l’an 300.

Voyez à ce sujet un extrait des "Mémoires concernant l'histoire civile et ecclésiastique d'Auxerre et de son ancien diocèse" de l'abbé Lebeuf, consacré à la vie de Saint Pélerin :

Saint Pélerin

Les barons de Donzy puis les comtes de Nevers entretinrent cependant un château à Entrains, qui bénéficiait de fortifications antiques et dont il ne pouvaient négliger l’importance. Une châtellenie y fut naturellement établie sur ces bases au début du XIIIème siècle, lors de l’union de la baronnie au comté.

Il n’y a plus trace du château baronnial qui devait, selon l’abbé Baudiau et d’autres auteurs, se trouver au nord de la ville, peut-être sur les lieux mêmes de l’ancien palais des gouverneurs romains d’Interanum, lui aussi disparu, tout près de l’ancien amphithéâtre dont le sol conserve la marque. Il aurait été complètement ruiné avec la ville par les guerres du moyen-âge (1427).

Du point de vue féodal, Entrains fut donc à la fois le siège d’une châtellenie et une cité dotée de franchises, en raison de son ancienneté. Ses bourgeois prospères n’eurent de cesse d’acquérir des fiefs aux environs.

Les comtes de Nevers y entretenaient une garnison et des capitaines, parfois appelés pompeusement « gouverneurs », peut-être par référence à ce passé glorieux. Ils siégèrent au Petit-Fort dès lors que le château principal fut ruiné.

Un titre de « vicomte d’Entrains », ou parfois de « seigneur d’Entrains » paraît s’être transmis dans des familles de la région, à partir de Jean d’Ordon au XIIIème siècle. On pouvait autrefois voir en ville une maison dite « de la vicomté ». On peut supposer que ce titre était associé à la possession d’une seigneurie particulière en raison du statut comtal de la cité, comme ce fut le cas à Druyes. Quoiqu’il en soit, on connaît quelques vicomtes d’Entrains :  Eustache de Saint-Phalle, d’une vieille famille du Gâtinais qui aurait eu une implication locale ancienne, ou Hubert de Grivel, son beau-frère, que nous avons déjà rencontré comme seigneur de Pesselières. Cette vicomté un peu énigmatique, que Marolles ne cite pratiquement pas, mais qui avait des dépendances dans la contrée, fut en tout cas vendue au duc de Nevers en 1779. Elle mérite une étude plus poussée.

L’essor de la terre et du château de Réveillon, très proche de la ville au sud, et le poids de ses seigneurs, s’imposèrent toutefois progressivement dans le paysage féodal de la haute vallée du Nohain. Après la Révolution, le comte Roy, haut personnage du gouvernement, paracheva cette domination en achetant de nombreuses terres du voisinage.

Entrains a connu un certain déclin, jusqu’à ne pas avoir le statut de chef-lieu de canton. Mais son passé romain est aujourd’hui heureusement mis en valeur, et le bourg conserve, malgré les outrages du temps, la mémoire d’un ensemble urbain âgé de près de 2000 ans…

Nous serions intéressés par des données plus précises sur la vicomté d'Entrains…

 

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St-Nicolas de Réveillon, prieuré évanoui

(Illustration : ruines de l’abbaye de l’Epeau, Donzy) 

Modeste prieuré cistercien de l’Ordre du Val des Choux, à la « collation » de l’Abbé de l’Épeau, c’est-à-dire dépendant de cette abbaye dont le chef nommait le prieur, Saint-Nicolas de Réveillon avait été fondé avant 1250 à St-Cyr-les-Entrains, mais n’y a laissé aucune trace visible.

Il devait être reconstruit en 1770 à l’emplacement initial, mais le curé d’Entrains, également prieur commendataire de Saint Nicolas, préféra utiliser le « quart de réserve des coupes de bois » pour agrandir l’église paroissiale St-Sulpice par une chapelle derrière le chœur, qui tint lieu dès lors de prieuré.

Voyez ci-dessous une notice consacrée pour l’essentiel à l’ordre du Val des Choux, car on ne sait presque rien du prieuré St-Nicolas lui-même :

Le prieuré St-Nicolas de Réveillon

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Château-du-Bois

La seigneurie du Boys, devenue « Châtel du Boys » puis Château-du-Bois était importante et ancienne. Elle contrôlait le territoire au sud et à l’est d’Entrains. On peut penser que celle de Réveillon en était un démembrement.

Leurs destins respectifs furent d’ailleurs parallèles, et associés à ceux d’autres fiefs voisins : Miniers, St-Cyr-les-Entrains (voir cette notice), ou encore Fondelin et Villenaut.

Une importante maison forte entourée de fossés a existé à Château-du-Bois, dont d’importants restes subsistent dans un grand domaine agricole du hameau.

Selon Baudiau (Histoire d’Entrains) Château-du-Bois s’est divisé en Petit et Grand Château-du-Bois, au fil de successions ; c’est ce qui explique que le titre de seigneur de Château-du-Bois fut détenu simultanément dans plusieurs familles.  Elle est passée par des alliances successives de la famille du Boys d’origine, aux sires de Veaulce, de Lenfernat, du Pont, et de Blanchefort.

Une partie fut acquise par Claude-André Le Clerczélateur de la conversion au catholicisme des populations autochtones de la Caraïbe, qui possédait également le fief de Miniers voisin, (voir l’étude de B. Roux sur « Le prêtre et le Callinago ; les Missions françaises auprès des Amérindiens des Petites Antilles au XVIIème sècle »).

Puis Château-du-Bois passa aux Bèze de Lys. Achetée en 1809 par le comte Antoine Roy, cette terre vint aggrandir le vaste domaine de son château de Réveillon, retrouvant ainsi leur unité ancienne.

Certains points restent à éclaircir dans la succession des seigneurs de Château-du-Bois qui est présentée dans la notice ci-dessous…

Château du Bois   (V4 corrigée et augmentée du 23/12/21)

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Miniers, aux sources du Nohain

Le fief de Miniers, et le bois du même nom – où l’on devait trouver du minerai de fer – sont situés en amont d’Entrains. Il a été associé à celui de Saint-Cyr, qui a donné son nom à l’étang alimenté par le Nohain naissant.

Rien ne subsiste du château féodal, sauf des traces de fossés au milieu des bois.

Cette seigneurie, qui fut souvent indivise, a été associée à celle de Boisjardin, à Ciez, puis à celle de Château-du-Bois, entre Entrains et Billy. Ces terres furent achetées en 1809 par le Comte Roy, en même temps que Réveillon, dont elles augmentèrent le domaine.

Au XVIIème siècle, Claude-André Le Clerc, sgr de Miniers et de Château-du-Bois, fut un précurseur de l’enseignement religieux des Amérindiens des Petites Antilles (ou Calinagos), à l’intention desquels il rédigea un « Catéchisme » traduit dans leur langue…

La notice ci-dessous – qui devra être précisée et complétée sur certains points, avec votre aide – présente la suite des seigneurs de Miniers et St-Cyr, telle que nous la connaissons actuellement.

Miniers (V complétée du 23/12/21)

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Réveillon, néo-Louis XIII

(Illustration : château de Réveillon)

Le grand château « moderne » de Réveillon, qui domine la petite ville d’Entrains et le cours supérieur du Nohain, a remplacé au milieu du XIXème siècle, une vieille maison-forte, dotée de plusieurs tours, de fossés et d’un pont-levis, siège d’une seigneurie ancienne, détenue pendant plus de trois siècles (XIIème-XVIème) par la famille de Veauce.

Passée vers 1550 à Edme de Chassy, qui la revendit peu après à Nicolas Bolacre, bourgeois de Nevers, qui s’en dessaisit à son tour en 1579, Réveillon échut à Claude de Rochefort, dont les descendants la conserveront jusqu’à la veille de la révolution.

Le polémiste Henri Rochefort (1831-1913) (« Victor-Henri de Rochefort-Luçay » de son vrai nom), était leur descendant direct, mais il n’avait plus d’attaches dans la Nièvre.

Après plusieurs cessions, Réveillon est acheté en 1809 par le comte Antoine Roy, ministre sous la Restauration, et est resté dans sa descendance jusqu’à nos jours, passant par alliance dans de grandes familles.

Le comte Roy avait engagé la reconstruction complète du château, qui fut achevée sous le second empire, dans le goût néo-Louis XIII en vogue à cette époque, par son arrière-petit fils par alliance, le comte d’Hunolstein. 

Voyez la notice qui présente la succession des seigneurs :

Réveillon  (V3 augmentée et corrigée du 27/4/17)

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