Archives de catégorie : Perroy

La belle dame de la Motte-Josserand (1650-1685)

(Portrait : Hortense Mancini, duchesse de Mazarin et de La Meilleraye)

Depuis 1447, date de son acquisition par le Chancelier Jean Jouvenel des Ursins, la Motte-Josserand, forteresse mythique du Donziais au bord du Nohain à Perroy, dont nous avons souvent parlé, passait par héritage de famille en famille.

Mais vers 1650 elle fut vendue par son dernier héritier, le maréchal de Vitry, au duc de Villars. Ce fut la première d’une série de cessions qui fit de ce haut lieu de la Guerre de Cent Ans un simple objet de spéculation. Les seigneurs n’y résidaient généralement pas : le château était solide – n’est-il pas toujours debout ? – mais inconfortable pour ces habitués des beaux hôtel parisiens.

Le duc de Villars fit don de La Motte-Josserand à Joachim de Lenoncourt, marquis de Marolles, lieutenant général, frère de sa première épouse. Cette grande famille lorraine avait donné un siècle plus tôt deux prieurs de La Charité : Robert de Lenoncourt (1510-1561), archevêque de Toulouse et cardinal, mort au prieuré où il s’était retiré, et son neveu Philippe de Lenoncourt (1527-1592), évêque d’Auxerre, lui aussi cardinal et surtout proche conseiller du roi Henri III.

Lenoncourt, en Lorraine : « D’argent à la croix engrêlée de gueules »

La fille de Joachim, Marie Sidonie de Lenoncourt, (1650-1685), encore enfant, resta seule héritière de ses grands biens, dont la Motte-Josserand. Devenue marquise de Courcelles  par son mariage avec Charles de Champlais, lieutenant général de l’Artillerie, neveu du maréchal-duc de Villeroy, elle eut une vie mouvementée. Son incorrigible galanterie et l’éternelle convoitise des hommes, la perdirent. Ses Mémoires donnent un récit édifiant des passions et des malheurs de cette ravissante jeune femme, dans les premières années du règne de Louis XIV.

Sidonie de Lenoncourt, marquise de Courcelles, dame de La Motte-Josserand

Soustraite très tôt à l’influence jugée néfaste de sa mère, une princesse allemande qui menait une vie déréglée, elle fut élevée par une tante austère, abbesse de St-Loup d’Orléans. Mais elle fut retirée à l’autorité de l’abbesse par Colbert qui convoitait son nom et sa fortune pour son frère Maulévrier. Elle fut donc confiée par lui à la garde de Marie de Bourbon-Condé, princesse de Carignan et subit auprès d’elle à l’hôtel de Soissons, haut-lieu de l’intrigue, l’influence déplorable de sa belle-fille, Olympe Mancini, nièce du cardinal Mazarin, dont la vie ne fut que scandales.

Prise dans un maelström de débauche et de pouvoir, elle fut mariée à 16 ans au marquis de Courcelles par les sœurs de ce dernier dont l’objectif était de la pousser dans le lit de Louvois, qui se consumait d’admiration pour elle. Malgré l’aversion qu’il lui inspirait, elle fut contrainte de devenir la maîtresse du puissant ministre à 18 ans.

Elle entama peu après avec François de Neufville, duc de Villeroy, maréchal de France, un cousin de son mari, une carrière amoureuse pleine de rebondissements. Villeroy, qui avait d’autres attachements, l’abandonna à la colère de son mari trompé, qui l’exila à Courcelles chez sa belle-mère. Elle y rencontra un certain sieur de la Ferrière dont elle eut une fille qui ne vécut pas.

Le marquis de Courcelles, excédé, la fit alors enfermer au couvent des Filles de la Visitation Sainte-Marie, rue Saint-Antoine – dont seule l’église subsiste, devenue un temple protestant – . Elle y retrouva Hortense Mancini, duchesse de Mazarin, sœur d’Olympe, aussi jolie et délurée qu’elle et que leur sœur Marie, le premier amour du jeune Louis XIV. Toutes trois étaient soeurs de Philippe Mancini, duc de Nivernais, suzerain de la Motte-Josserand à cause de Donzy. Le mari d’Hortense, duc de la Meilleraye, Grand-Maître de l’Artillerie, avait placé sa femme dans ce couvent pour les mêmes raisons. Sidonie s’en échappa après quelques mois, mais les jalousies additionnées de son mari et de Louvois lui valurent d’être enfermée à la Conciergerie, et condamnée en 1672 au cloître et à la confiscation de ses biens.

Mme de Sévigné s’en amusait : « L’affaire de Mme de Courcelles réjouit fort le parterre ; les charges de la Tournelle sont enchéries depuis qu’elle doit être sur la sellette. Elle est plus belle que jamais, elle boit, et mange, et rit, et ne se plaint que de n’avoir point encore trouvé d’amants à la Conciergerie. »

Grâce à quelque complicité, elle parvint à nouveau à échapper à ses gardiens et gagna la Franche-Comté puis Genève, Annecy, et Avignon, non sans de nouvelles aventures. Elle rejoignit alors Hortense à Londres, où elle était devenue la maîtresse du roi Charles II. Revenue à Paris et enfin veuve, Sidonie fut à nouveau arrêtée en 1678, car son beau-frère avait repris les charges contre elle. Elle ne fut libérée qu’en 1680 et épousa cette fois un obscur capitaine de dragons, Jacques Gaultier. Elle mourut 5 ans plus tard, sans descendance .

Il est probable que ses passions, ses enfermements et ses exils ne lui laissèrent pas l’occasion de venir à la Motte-Josserand, dont ses hommes de loi s’occupaient et qui fut vendue sur saisie après sa mort. Un acte de 1694 conservé aux archives de l’Yonne évoque : « les droits des sieurs François Le Boultz de Chaumot et Gaspard Brayer, conseiller au Parlement, adjudicataire au prix de 30.000 L. de la terre et seigneurie de La Motte-Josserand, saisie réellement sur les successions de Marie-Sidonie de Lenoncourt, épouse de Jacques Gaultier, sgr du Tilleul…etc. »

En ce siècle de tous les débordements, la beauté et la richesse, privées des remparts de la vertu, avaient valu bien des déboires à cette belle « dame de la Motte-Josserand ».

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L’Archiprêtre-brigand

La Guerre de Cent ans a fait des ravages, notamment en Bourgogne et en Nivernais. Elle a eu ses héros et ses brigands. L'un d'eux, qui était à la fois l'un et l'autre, a laissé un souvenir mitigé en Donziais. Son nom est associé à celui de la forteresse de La Motte-Josserand, qu'il occupa.

Arnaud de Cervole, dit "L'Archiprêtre" – car, destiné aux ordres, il avait obtenu le "bénéfice" de l'Archiprêtré de Vélines, en Périgord, quand il était jeune – fut un grand capitaine de Compagnies de Routiers, sorte d'armée supplétive et quelque peu débridée, au service du Roi de France. Lieutenant général du Roi en Nivernais à la fin des années 1350, il s'y livra à un certain nombre d'exactions et fut révoqué. En réaction il occupa quelques places, dont les châteaux de Cosne et La Motte-Josserand en 1359-1360, qu'il dut rapidement rendre.

Il était issu d'une lignée angoumoise, celle des Régnauld, sgr de La Soudière à Saint-Mary. Par ses deux mariages successifs il fut un temps seigneur de Levroux en Berry, et de Châteauvillain, en Champagne.

Il poursuivit une vie militaire aventureuse, toujours au service du roi et des grands chefs de l'époque, dont le fameux Captal de Buch : Jean de Grailly, et les connétables Charles de la Cerda (d'Espagne) ou Bertrand du Guesclin. Présent sur bien des théatres d'opérations, il mourut en 1366 dans la vallée du Rhône, au milieu des désordres causés par l'inoccupation des grandes compagnies.

Voyez ci-dessous une notice qui présente sa biographie et sa famille.

L’Archiprêtre

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La Motte-Josserand, forteresse tranquille

(Illustration : château de la Motte-Josserand)

Aux portes de Donzy, en amont sur le Nohain, la forteresse de La Motte-Josserand à Perroy est le château médiéval le plus important et le mieux conservé du Donziais.

Voyez la page qui lui est consacrée sur le site « Cahiers du Val-de-Bargis » et notamment sa galerie de photos : La Motte-Josserand.

Le château a subi des modifications au cours des siècles depuis sa construction au XIIIème, mais l’harmonie et la force tranquille qui se dégagent de cet exceptionnel monument, demeurent remarquables. La solidité de ses tours, ses immenses toitures de tuiles, sa cour qui restitue un espace médiéval préservé, sont autant de témoignages de l’importance de sa fonction militaire et du prestige des titulaires successifs de ce fief.

Il est toutefois passé de mains en mains dans des conditions parfois difficiles à élucider aujourd’hui. 

Un certain mystère plane sur son fondateur, Josserand de La Rivière, vers 1250, auxquels des actes consignés par Marolles dans son Inventaire des Titres de Nevers font référence, comme « frère de Bureau » (cf. par ex. ce don de 1282). Certains ont avancé que les sires de La Rivière avaient pour auteur un cadet de Donzy ; ce nom de Josserand, porté par l’ancêtre des barons de Semur (Jocerand Bers), eux-mêmes ancêtres des barons de Donzy, accrédite cette hypothèse. 

Le fief passe de ses petit-fils Jean et Regnault « de La Mothe » à Jeanne de Paray, femme de Gilles de Sully, sgr de Beaujeu (voyez le site du château de Sens-Beaujeu, en Berry) issu des sires de Sully de la maison de Champagne-Blois. Puis il va par alliance aux Bazoches (voyez le site du château de Bazoches, en Morvan).

Mais la guerre de Cent ans qui sévit en Nivernais, fait de La Motte-Josserand un enjeu militaire important. Le château est d’abord occupé par le routier Arnaud de Cervole (1356), puis cédé au capitaine bourguignon Perrinet Gressard (vers 1410), dont la veuve le vendra en 1446 au Chancelier Guillaume Jouvenel des Ursins, grand personnage de la fin du moyen-âge. 

Il échoit au XVIème siècle par un jeu d’alliances aux L’Hôpital, qui le conservent pendant 150 ans. Le plus célèbre seigneur de la Motte-Josserand de cette lignée d’origine italienne (voyez la généalogie de l’Hôpital, et ses curieuses armes « au coq » sur le site Racines-Histoire), est Nicolas de L’Hôpital, duc de Vitry, maréchal de France.

Mais à la fin du XVIIème siècle, comme bien d’autres grandes terres féodales, le fief et le château sont vendus à de riches parlementaires, et divisés en deux lots qui ne seront réunis qu’à la veille de la Révolution. Son déclin se confirmait.

Pour une approche plus détaillée de la suite des seigneurs de La Motte-Josserand,  qu’il vous est possible de compléter ou de corriger, cliquez sur le lien suivant :

La Motte-Josserand (V12 du 23/1/23)

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La Garde

(La Garde, toile de M. d’Anchald, vers 1870)

On sait peu de choses des débuts du fief de la Garde, à Perroy, au bord du Nohain, non loin de La Motte-Josserand.

Il a pu appartenir lui aussi aux sires de Saint-Verain et/ou aux Varigny, qu’on rencontre à Vergers (Suilly-la-Tour) non loin en aval sur la rivière.

Quoiqu’il en soit, le fief passa à Jean de La Rivière-Champlemy en 1461, par acquisition et resta dans une branche de cette famille jusqu’au début du XVIIIème siècle.

Le début au moyen-âge, et la fin de l’histoire de la Garde avant la Révolution restent à éclaircir, et nous serions intéressés de vos contributions à ce sujet…

Ci-dessous les données actuellement disponibles :

La Garde  (V5 complétée le 25/4/2019)

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