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L’armorial de Soultrait

(Illustration : pages d'un armorial ancien)

Notre approche des terres et des seigneurs du Donziais avant la Révolution s’accompagne naturellement d’un florilège de blasons, leurs "armes", qui illustrent nos articles et notices. De nombreuses sources sont disponibles pour identifier et reproduire ces écus chatoyants et leurs descriptions en langage héraldique.

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Ex. : Famille de La Bussière, en Berry et Nivernais : "D’azur, à une bande d’or, accostée de deux demi-vols abaissés de même et de deux étoiles d’argent, une au-dessus de chaque demi-vol"

Le comte de Soultrait, avec son « Armorial de l’ancien duché de Nivernais » (chez Victor Didron, Libraire archéologique, à Paris, 1847) est l’auteur de référence. Cet ouvrage, complété et réédité sous le nom "d'Armorial historique et archéologique du Nivernais" (2 tomes) (chez Michot, libraire de la Société nivernaise, à Nevers, 1879), est disponible dans ses différentes versions sur Gallica (cf. liens ci-dessus). Il a été réimprimé par les éditions Laffitte à Marseille.

Georges Richard de Soultrait (1822-1888), né au château familial de Toury-Lurcy, était le fils d’un officier de la Garde Impériale, issu d'une vieille famille du Comtat Venaissin venue en Nivernais au début du XVIIème siècle. Il avait épousé Désirée Le Jeans – petite-nièce et filleule de Désirée Clary, reine de Suède et de Norvège par son mariage avec Bernadotte – dont il eut une nombreuse famille.

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Il fit une carrière de haut-fonctionnaire du Ministère des Finances, notamment à Lyon, et fut maire de son village natal et membre du Conseil général de la Nièvre. L’un des fondateurs de la Société nivernaise des lettres, sciences et arts en 1851, il en fut le président de 1886 jusqu’à son décès.

Erudit productif, il publia des ouvrages très documentés, qui restent les outils indispensables du chercheur, et notamment, outre l’armorial précité :

  • « Dictionnaire topographique du département de la Nièvre » (sous les auspices de la Société nivernaise des lettres, sciences et arts, Imprimerie Nationale, Paris, 1861)
  • « Armorial du Bourbonnais » (Imprimerie Desrosiers, Moulins, 1867)
  • « Répertoire archéologique du département de la Nièvre » (sous les auspices de la Sociéte nivernaise des lettres, sciences et arts, Imprimerie nationale, Paris, 1875)
  • " Epigraphie héraldique du département de la Nièvre" (sous le pseudonyme de J. de Sornay Angers, imp. de Lachèse et Dolbeau , 1882)

Il fut l’éditeur et l’analyste de l’Inventaire des Titres de Nevers de l’abbé de Marolles (voir cette page).

Son Armorial décrit les blasons du clergé et des congrégations religieuses – dont l'intérêt historique est limité -, ceux des villes, et surtout ceux des familles nivernaises, en commençant naturellement par celles des comtes puis ducs de Nevers. De magnifiques planches présentées à la fin de l'ouvrage, reproduisent les blasons gravés suivant les conventions de l'héraldique (ex. : rouge ou gueules : rayures verticales).

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Quelques sources complémentaires, si vous souhaitez accéder à une documentation héraldique :

– "l'Armorial du Nivernais" de Wikipedia, en cours de documentation

– le site FranceGenWeb-Héraldique

 le "Nobiliaire du Nivernois" d'Adolphe de Villenaut, souvent cité (sur Gallica)

– "L'Inventaire des Titres de Nevers" de l'abbé de Marolles, édité par G. de Soultrait (même source)

 

 

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Aux origines : Hugues de Chalon

(Illustration : vue ancienne d'Auxerre)

Pour éclairer davantage les origines du Donziais féodal, dont l'histoire est traitée dans la page consacrée à la Baronnie de Donzy, nous vous proposons ci-dessous une notice consacrée à Hugues de Chalon, évêque d'Auxerre de 999 à 1039, qui joua un rôle déterminant.

Grand seigneur bourguignon, issu par sa mère de la lignée de Chalon-Vergy, très lié à la dynastie capétienne qui venait d'accéder au pouvoir royal et entendait contrôler la Bourgogne, Hugues ne fut peut-être pas le "fondateur" de la baronnie, car une seigneurie détenue par la famille de sa mère préexistait, mais il en permit l'essor sous sa suzeraineté d'évêque au pouvoir politique exceptionnel.

On plonge ici dans les bouleversements de l'an Mil, dans la constitution du duché capétien de Bourgogne, et dans la rivalité des pouvoirs comtaux et épiscopaux, auxquels la genèse du Donzy médiéval se trouve associée.

Hugues de Chalon

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L’abbé Lebeuf, historien de l’Auxerrois

(Illustration : cathédrale Saint-Etienne d’Auxerre, lutrin)

Les travaux de l’abbé Jean Lebeuf (1687-1760), historien originaire d’Auxerre, sont une source inépuisable pour l’histoire du Donziais, partie intégrante de ce diocèse avant la Révolution. Dugenne donne, dans son Dictionnaire, une notice biographique très détaillée de cet infatigable érudit (voir Bibliographie).

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Fils d’un « commis aux recettes et consignations » demeurant paroisse Saint-Régnobert, Lebeuf fit des études classiques à Auxerre puis à Paris (Sorbonne). Il fut ordonné par Mgr de Caylus (1711) et nommé peu après chanoine honoraire de la cathédrale, en raison de ses titres universitaires, dignité qu’il conservera jusqu’en 1753. Il fut incontestablement un disciple de cet évêque connu pour son adhésion au Jansénisme.

Passionné par la recherche historique, il s’attacha d’abord à éclairer l’histoire religieuse de son pays et fit paraître, en 1716, la Vie de Saint Pèlerin, premier évêque d’Auxerre, puis en 1722 l’Histoire de la vie de Saint Vigile, évêque d’Auxerre. L’année suivante parut son Histoire de la prise d’Auxerre par les huguenots, récit épique d’une époque très troublée et violente (voyez à ce sujet la notice consacrée au fief de Maisonblanche qui s’y réfère). Mais ces travaux n’étaient qu’une préparation à L’histoire civile et ecclésiastique d’Auxerre, publiée vingt ans plus tard (cf. infra).

Il aborda cependant bien d’autres sujets. En 1734, il était couronné par l’Institut, pour son Discours sur l’état des sciences dans l’étendue de la monarchie française, depuis la mort de Charlemagne jusqu’à celle de Robert, paru d’abord dans le Mercure de France. Il publia ensuite de nombreux ouvrages historiques et fut nommé membre associé de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres. Géographie de la Gaule et de la France au Moyen Âge, archéologie gallo-romaine, numismatique, histoire des rois, des villes…etc., Lebeuf traite de tout avec une égale érudition. On peut le considérer comme un des fondateurs de l’étude de la géographie nationale aux époques mérovingienne et carolingienne, même si certaines de ses approches, discutables, ont été ensuite remises en cause.

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Au XVIIIe siècle l’archéologie était encore balbutiante, mais Lebeuf savait déjà beaucoup de choses sur les monuments, comme en témoignent les Antiquités de Paris et de ses environs. C’est finalement à la capitale et à son diocèse, où il réside à partir de 1738, qu’il a consacré son plus grand ouvrage : l’Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris (15 vol. 1754-1758), d’une incomparable richesse de détails.

Entièrement absorbé par ses travaux, l’abbé Lebeuf vécut de la manière la plus modeste et généreuse. Le pape, informé de ses mérites, voulut l’attirer à Rome ; mais sa mauvaise santé l’en empêcha. Bien que disposant d’un revenu tès limité, il fit avant sa mort des legs à divers établissements de sa ville natale.

L’histoire du Donziais est largement éclairée par les Mémoires concernant l’histoire civile et ecclésiastique d’Auxerre et de son ancien diocèse, (par l’abbé Lebeuf, Chanoine et Sous-Chantre de l’église cathédrale de la même ville, de l’Académie des Inscritions et Belles Lettres, Auxerre, 1747), qui est une véritable mine de renseignements, depuis les temps les plus reculés jusqu’au XVIIème siècle. 

Cet ouvrage fut réédité, annoté et augmenté par MM. Challe et Quantin au XIXème (chez Perriquet, Auxerre, 1847, dédicace des éditeurs à M. Chaillou des Barres  – Les Barres, à Sainpuits, voir cette notice Président de la Société des Sciences historiques et naturelles de l’Yonne). Cette édition donne une biographie et une bibliographie très complètes de l’abbé Lebeuf. Elle a été réimprimée en 1978 par les Editions Jeanne Laffitte (4 tomes) (voir Bibliographie).

Dans les deux premiers tomes (édition de 1978), l’ouvrage développe une histoire chronologique très complète des évêques d’Auxerre, des origines (258, Saint Pélerin) jusqu’en 1676, ainsi que des différentes dignités écclésiastiques, des églises et des abbayes de la ville. Il aborde dans le troisième tome l’histoire civile de la Ville et du Comté, avant de fournir dans le quatrième une importante documentation. 

Nombreux sont ceux parmi ces prélats qui prirent des initiatives importantes pour le Donziais, qu’il s’agisse de la création de paroisses ou d’abbayes (voyez par exemple la notice consacrée à Vergers, qui se réfère au grand Saint Germain et à Saint Pallade ; celles consacrées aux prieurés de Cessy-les-Bois. ou de Saint-Verain) ou de sa structuration féodale elle-même par l’évêque Hugues de Chalon (voyez la page consacrée à l’histoire de la baronnie). Lebeuf est donc une référence absolue, fréquemment citée dans nos articles, qui rappelle l’ancrage auxerrois du Donziais.

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Donzy et la Terre Sainte

(Illustration : Versailles, salles des croisades, époque de Louis-Philippe)

Les armoiries de Donzy figurent dans la cinquième Salle des Croisades du château de Versailles, en l’honneur de Geoffroy III, baron de Donzy et comte de Chalon, seigneur de Saint-Aignan et de Chatel-Censoir, qui prit part à cette épopée dès ses débuts. Il fut en effet parmi ceux qui répondirent à l’appel lancé à Clermont par le Pape Urbain II, le 27 novembre 1095, à l’origine de la première croisade (1096-1099).

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Il s’agissait de rétablir l’accès des chrétiens à Jérusalem, que les Turcs, bientôt supplantés par les Fatimides, leur avaient interdit, et de répondre à l’appel de l’empereur byzantin Alexis Comnène.

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Pour accomplir cette mission Geoffroy dut céder sa part du comté de Chalon à son oncle Savaric de Vergy, et mettre ainsi fin à ce lien ancestral avec sa dynastie bourguignonne. 

Fut-il à la prise de Jérusalem en 1099, aux côtés de Godefroy de Bouillon ? Trouva-t-il la mort en Terre Sainte comme certains auteurs l’avancent, où prit-il effectivement l’habit de Cluny à son retour ? Avec quels vassaux du Donziais, chevaliers, écuyers et serviteurs, avait-il accompli cette expédition ? Les textes restent silencieux, mais Geoffroy avait en tout cas devancé son voisin et rival le comte de Nevers, Guillaume II, qui ne put rejoindre l’armée des croisés avec son frère Robert et quinze mille hommes dit-on, qu’en 1100, car il était auparavant mineur.

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Les barons de Toucy, seigneurs de Puisaye, Ythier II et son frère Narjot faisaient partie de cette expédition. Il y trouvèrent la mort en 1100, les premiers d’une longue série : Ythier IV en 1147, Narjot II en 1192 à Acre, Ythier V en 1218 à Damiette, Jean en 1250 à Mansourah.

Pour la deuxième croisade, prêchée par Bernard de Clairvaux en 1146, les textes ne mentionnent pas la présence d’un baron de Donzy, pourtant si proche de Vézelay d’où le Saint avait parlé. Guillaume III de Nevers et son frère Robert, comte de Tonnerre, y figuraient bien quant à eux, ainsi que Pierre de France, sire de Courtenay, dont le fils fut plus tard comte de Nevers.

                                                                 220px-Saint-Bernard_prêchant_la_2e_croisade,_à_Vézelay,_en_1146

Geoffroy de Saint-Verain partit quant à lui en avant-garde de la troisième croisade en 1188 à la demande du comte de Nevers, après avoir octroyé des libéralités aux abbayes auxerroises de Reigny et de Crisenon, ainsi qu’à la Commanderie de Villemoison. Il entamait lui aussi une longue série : autour de Saint-Verain, les noms de Palestine donnés à différents lieux – comme Jérusalem – conservent la mémoire de cet engagement.

Trois des fils du baron de Donzy Hervé III prirent part à cette expédition et à la suivante. Ils y laissèrent la vie : Guillaume de Gien, l’aîné, qui fut baron trois ans avant de trouver la mort à Acre en 1191 ;  Renaud de Montmirail, le cinquième, et Bernard, le dernier, tués tous deux en 1205 après le siège d’Andrinople.

Tout au long du XIIIème siècle enfin, les grands comtes de Nevers, barons de Donzy, s’illustrèrent en Terre Sainte : ainsi Archambaud IX de Bourbon, mort en 1249 à Chypre ; Eudes de Bourgogne, en 1269 à Acre ; ou encore Jean-Tristan de France, premier époux de Yolande de Bourgogne, fils de Saint-Louis, en 1270 à Damiette.

Peu mentionnés par les Chroniques, mais bien présents aux côtés des princes et des rois, les seigneurs de Donzy ont apporté leur contribution à cette vaste entreprise et la présence de l’écu d’azur aux pommes de pins d’or à Versailles, n’est que justice.

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Thury

(Illustration : la plaine céréalière de Forterre près de Thury)

Thury était un fief de la châtellenie de Druyes, mais à la fin du xve siècle, cette terre faisait partie des possessions en Puisaye d’Antoine de Chabannes, baron de Toucy et de Perreuse, seigneur de St Fargeau (voir cette page), de Puisaye et autres lieux.

Cette terre aurait été acquise par Pierre Chaseray, Général des Finances à Bourges au XVème siècle, également acquéreur de la baronnie de Courson (les Carrières), et passa à ses descendants. 

Dans des conditions qui restent à préciser, elle échut au XVIème siècle à une branche de la famille du Deffand et passa ensuite par héritage aux Marquis de Castellane de Lauris, qui la détinrent jusqu’à la Révolution.

Des restes de l’ancien château sont visibles au cœur du village, qui attestent de l’importance et de l’ancienneté de ce fief.

Voyez ci-dessous la notice qui présente la suite des seigneurs de Thury. Elle reste à compléter sur certains points…

Thury   (V4 améliorée du 26 déc 2021)

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