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Fontaine, associé à Pougny

Le fief de Fontaine à Saint-Père, proche de Pougny auquel il était lié, revint sans doute aux comtes de Nevers ou fut racheté par eux après avoir été détenu par les Damas de Marcilly. Il fut sans doute attribué avec Alligny à Louis de Clèves, petit-fils du duc Englibert, vers 1550, comme un apanage de bâtard.

Il est mentionné par Marolles pour des hommages avec Pougny, par les Damas au XIVème siècle, puis cité au XVIème comme étant dans les mains de Louis de Clèves.

Près de l’actuelle maison de maître, une belle grange pyramidale subsiste dans ce domaine aujourd’hui viticole (où l’on vinifie notamment le fameux Pouilly-Fumé).

Voyez ci-dessous une notice à ce sujet, établie grâce à une indication initiale donnée par un fidèle et actif visiteur du site. Il reste encore beaucoup de choses à éclaircir ! Merci de votre aide !

Fontaine (St-Père) (V4 du 23 déc 2021)

 

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Le Grenier à Sel

(Illustration : les marais salants de Guérande)

Plusieurs possesseurs de petites seigneuries du Donziais exerçaient des fonctions auprès des Greniers à Sel de Cosne, Nevers ou Clamecy.

Ainsi Jehan Vaillant de Guélis, sgr de Brétignelles (XVème s.) ou Pierre Frappier, sgr de Dalinet étaient « Procureur(s) du roi au grenier à sel de Cosne » ; ou encore Jean-Jacques de Beaubois, sgr des Grandes-Maisons et du Liarnois (XVIIème), receveur du même grenier.

                                                                  

Un blason était attribué aux officiers du grenier de Cosne : « Tiercé en barre d’argent, de gueules et d’or. » Sans doute ces fonctions leur fournissaient-elles les moyens d’acquérir ou d’élargir leur assise foncière, antichambre de l’anoblissement auquel aspirait si ardemment la bourgeoisie urbaine. Il s’agissait là d’offices à caractère judiciaire et fiscal, autour du monopole royal du sel et de la perception de la gabelle. Ils étaient attribués par le roi (en pratique l’Intendant de la Généralité) et requerraient théoriquement une certaine compétence juridique. 

Le grenier à sel était, comme son nom l’indique, un entrepôt, au cœur de la ville, où l’on conservait ce produit rare, indispensable à la vie des animaux et des hommes et seul moyen de conservation des poissons et viandes. Le pouvoir régalien en contrôlait totalement la distribution. Le sel était naturellement acheminé par la Loire depuis les zones de production, en particulier les salines de Guérande.

                                                         

Du point de vue institutionnel les greniers étaient des tribunaux où se jugeaient, dans la limite d’un plafond assez bas, les contentieux de la « Gabelle ». Ils faisaient vivre, outre leurs officiers et employés, des kyrielles d’avocat fiscaux et autres « praticiens » des campagnes, dont nos fiches donnent de nombreux exemples. Pour un enjeu fiscal supérieur ou en appel, la Cour des Aides – celle de Paris en l’occurrence pour notre région – était compétente.

En Donziais, seul le grenier à sel de Cosne est officiellement répertorié dans les sources, avec ceux de Nevers, La Charité, Clamecy, Château-Chinon, Luzy, Decize et Moulins-Engilbert en Nivernais, dont certains n’étaient sans doute que des dépôts. Les paroisses de l’ancienne baronnie en relevaient. Il fonctionna de 1473 à 1750, dans des bâtiments situés près de la chapelle du palais épiscopal dite « N.-D. de Galles », fondée au IXème siècle et reconstruite au XVème, qui abrite aujourd’hui un temple maçonnique.

Un grenier est mentionné à Donzy, « au coin de la rue des Bancs et de la place du Marché » et figure sur le plan reconstitué de la ville d’Amédée Jullien, mais il s’agissait sans doute d’une simple annexe, à laquelle une activité judiciaire ne paraît pas avoir été attachée. Il n’existe plus.

Celui de la Charité-sur-Loire, établi dans une maison construite par les moines au XIIème siècle et attribuée à cet office en 1690, est délabré mais toujours visible. Celui de Clamecy, superbe bâtisse du XVème siècle, a disparu.

L’histoire des greniers à sel, créés en 1342 par le roi Philippe VI de Valois – qui entendait se doter des moyens de ses ambitions – est étroitement liée à celle de la gabelle, un impôt indirect qui allait représenter pour le trésor royal une importante ressource. Sa perception fut affermée dès le XVIème siècle, cantonnant les officiers des greniers à une fonction strictement judiciaire, alors que des employés des Fermes se chargeaient de la commercialisation. Des réorganisations successives conduisirent à une Ferme Générale unique au XVIIème siècle.

Dans les pays dits de « Grande Gabelle », comme c’était le cas de la Généralité d’Orléans et de toute la moitié nord du pays (sauf la Bretagne) les greniers dits « de vente volontaire » imposaient aux assujettis d’acheter chaque année au moins un minot de sel d’une contenance de 72 litres (réputés peser 48,9 kg) pour quatorze personnes de plus de huit ans. On parlait de « vente volontaire » parce que les contribuables pouvaient acheter leur sel au moment qui leur convenait, et que les pauvres n’étaient pas tenus à l’achat. Liberté oui, mais dans certaines limites…

La Révolution supprima ce monopole et la gabelle, qui toutefois ressuscita sous l’Empire et perdura avec des éclipses jusqu’à la seconde guerre mondiale. L’opprobre populaire se fixa donc longtemps sur les « gabelous », une corporation honnie des contrebandiers en puissance de nos campagnes.

Les greniers à sel, institutions vénérables et craintes de la monarchie absolue, avaient tenu une place importante dans la vie des populations du moyen-âge finissant à l’époque moderne. Des noms de rues rappellent souvent leur mémoire au cœur des vielles cités.

Nous serions intéressés par toute information ou source concernant le Grenier de Donzy…

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Un riche ecclésiastique !

Dans la famille Le Muet, demandez l’oncle Etienne, chanoine d’Auxerre !

Il était réputé le plus riche ecclésiastique de son temps, tout au moins à l’échelle du diocèse. Son exemple était à l’évidence un défi aux consciences en ces temps de remise en cause religieuse.

Etienne Le Muet, né vers 1520 et décédé le 6 novembre 1566, fils de Guillaume, sgr de Corbelin et d’Ardeau, capitaine de Varzy, et de Cécile Gouste, dame du Grand-Sauzay, fut orienté vers la carrière ecclésiastique, suivant l’usage du temps pour les cadets, après des études de Droit. Il y montra de grands talents et jouit sans doute de la faveur du prince.

Il fut Pénitencier du chapitre canonial. Cette fonction prestigieuse, établie par le quatrième concile du Latran en 1215 de façon obligatoire dans les chapitres cathédraux, correspondait à une mission de prédication et de confession, avec des pouvoirs particuliers d’absolution dans certains cas. Au fil du temps elle était devenue elle aussi un « bénéfice », assorti de revenus procurés par des biens fonciers. A Auxerre elle s’accompagnait de celui de la cure de Saint-Amand-en-Puisaye, où un vicaire officiait en lieu et place du chanoine-curé. Elle procurait également le revenu de vignobles à Cry, dans la vallée de l’Armançon, par exemple.

Il semble qu’Etienne en fut pourvu dès son plus jeune âge puisqu’il est cité en cette qualité en 1537  – la valeur n’attendait pas le nombre des années ! – et qu’il l’exerça jusqu’à la fin de ses jours. Il fut d’ailleurs inhumé dans la Chapelle du Pénitencier de la cathédrale Saint-Etienne.

Mais ce n’était pas assez pour ce fils d’une riche famille originaire de Varzy, cité épiscopale, et à ce titre proche des évêques, mais aussi des ducs de Nevers de la Maison de Clèves. Il fut pourvu de la charge de Prieur de Saint Robert dAndryes, antique monastère bénédictin relevant de la Chaise-Dieu. La décadence résultant de sa mise en commende l’avait transformé en simple bénéfice, dont le prieur versait aux religieux subsistants leur « portion congrue ». La belle maison du prieur subsiste à Andryes, dominant le village : Etienne dut y faire quelques séjours.

Il fut également curé de Sainte-Colombe, de Lignorelles et de Villy, en Chablisien, des paroisses où il dut se rendre une fois ou deux en grande pompe.

Dans le même temps, il ne dédaignait pas les biens fonciers laïcs, et fut seigneur, avec ses frères et sœurs, de Corbelin et de Sauzay, mais aussi à titre personnel de Vesvres à Rouy (58), qu’il aurait acquis des moines de Bourras, de Merry-Sec et d’Usselot en Forterre.

Il remania le château de Corbelin, où il demeurait plus souvent que dans sa maison du cloitre du chapitre à Auxerre, faisant construire en 1559 le magnifique logis Renaissance. Il y recevait l’évêque quand ce dernier séjournait à Varzy.

Cette carrière ecclésiastique était une entreprise familiale, puisque les richesses accumulées, d’autant plus importantes que l’impétrant avait mené – ou non – une existence sobre, revenaient inexorablement à des neveux et nièces.

C’est d’ailleurs la lecture de son testament, parvenu jusqu’à nous via des archives privées, qui renseigne sur l’étendue de ses biens fonciers et numéraires, puisqu’il les a soigneusement légués, un peu à l’Eglise et beaucoup à sa famille. Ainsi par exemple Charles Le Muet devint-il seigneur de Merry-sec, son frère François, de Vesvre-les-Varzy, et Guillaume Bérault, d’Usselot. Quant à Hélène, il « l’aida à se marier » avec 100 livres ; Cécile en eut 500. Pierre Bérault, autre neveu et son successeur comme chanoine d’Auxerre, eut « 500 livres et deux couppes d’argent et deux esguierres d’argent telles qu’il voudra, sa robbe doublée de velours, une autre de satin, une saye de velours… ».

Peu après sa mort, les huguenots – des voisins, des parents, des amis – déchainés contre la simonie et contre les excès d’une Eglise étouffée par ses richesses, firent subir de rudes violences à leurs bénéficiaires, à la cathédrale, aux églises, et aux monastères en Auxerrois et en Donziais. Etienne y avait échappé de peu. Il ne vit pas la prise d’Auxerre par les troupes de Coligny, et le pillage des trésors de la cathédrale et de l’abbaye (1567-1568), favorisé par l’absence de l’évêque, le Cardinal de la Bourdaisière, ambassadeur auprès du Saint-Siège.

Voyez ci-dessous la notice consacrée à sa famille.

Famille Le Muet

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Bonne rentrée !

Après le ralentissement estival, l’activité peut reprendre sur notre site !

Nous vous signalons qu’au cours des deux derniers mois la page consacrée aux familles seigneuriales de l’ancien donziais s’est enrichie de plusieurs notices et aujourd’hui même de celle consacrée aux Le Muet, riches bourgeois engagés au service des comtes et ducs de Nevers. Une branche originaire de Chateauneuf-Val-de-Bargis tint Nanvignes (Menou), et une autre, originaire de Varzy et beaucoup plus développée, tint notamment Corbelin.

Plusieurs sous-branches s’implantèrent aussi en Auxerrois, confirmant la grande proximité historique entre Donzy et ce siège épiscopal.

Etienne Le Muet (v. 1520-1566), Chanoine d’Auxerre et Pénitencier du Chapitre, Prieur de Saint Robert d’Andrye, curé de Saint-Amand, Sainte-Colombe, Lignoreilles et Villy ;  seigneur de Corbelin, Sauzay, Vesvres, Merry-Sec, Usselot et autres lieux….était considéré comme le plus riche ecclésiastique de son temps dans la région…. à défaut sans doute d’être le plus saint !

Bonnes découvertes !

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Un maître de forge avisé…

Hugues Cyr Chambrun Mousseaux, né en 1724 à Nevers et qu’on voit apparaître à Donzy vers 1750, était un maître de forge avisé.

Il fut choisi comme directeur des établissements que le Duc de Nevers y possédait : la forge dite de l’Eminence – ainsi nommée parce qu’elle avait été créée par le Cardinal Mazarin, grand-oncle du duc, qui avait offert à son neveu Philippe Mancini le duché de Nevers en 1686 – celle de Bailly en aval sur le Nohain, ou encore celle de Prémery.

Sa famille avait fait ses preuves depuis au moins quatre générations dans cette industrie exigeante mais lucrative, en plein essor depuis le XVIème siècle. On trouve les ancêtres d’Hugues en Berry, à Lignières, Charenton-du-Cher et Ardentes, et en Nivernais, au Gué-d’Heuillon près de Guérigny, ou à Vingeux à Saint-Aubin-des-Forges, par exemple.

Il était donc logique qu’un Chambrun soit attiré par les eaux abondantes et régulières du Nohain, par les forêts autour de Donzy et par le minerai qui affleurait partout.

Hugues  – qui s’était illustré dans un concours des élèves les plus lettrés du Collège de Nevers en 1737 – n’était pas malhabile : il avait épousé en 1749 la fille du « Receveur de la Marque des fers », Jean-Baptiste Grasset, de La Charité. Cet employé de la Ferme générale des Aides était chargé de collecter dans la région le droit perçu par la Couronne sur tous les fers et aciers produits. Cette perception affermée était une source de revenus importants, l’industrie métallurgique étant florissante en Nivernais. On peut penser que ce mariage accrut sensiblement le potentiel financier de notre ami… sans nuire à ses rapports avec les autorités.

Enrichi par ses fonctions au service du Duc, il acquit donc en 1767 la petite forge de Chailloy, sur l’Accotin, près de Suilly-la-Tour, fondée par la famille du théologien réformé Théodore de Bèze. Passant au travers des troubles de la Révolution, puisque son propre fils racheta ce Bien national lorsqu’il fut vendu, cette terre, cette forge et sa belle maison de maître, devinrent la base de sa famille jusqu’à l’époque moderne.

Elle fut même le berceau d’un militant socialiste : Charles Ferdinand Gambon (1820-1887), petit-fils de sa seconde femme Julie Lasné. Cet avocat républicain, député de la Nièvre à l’Assemblée constituante de 1848, fut prisonnier politique sous le second Empire. Libéré, il fit en 1869 une campagne restée célèbre pour entraîner les citoyens à refuser l’impôt : il laissa saisir par le fisc sa ferme de Léré (Cher) et une de ses vaches qui fut mise en vente aux enchères publiques. « La vache à Gambon » fut bientôt légendaire. La Marseillaise, journal d’Henri Rochefort, ouvrit une souscription à cinq centimes pour racheter la vache ; Gambon accepta à condition : « qu’elle resterait la propriété de la République, qu’elle serait achetée sur le marché de Sancerre où avait eu lieu la vente par le fisc, et qu’elle constituerait un premier fonds de rachat pour toutes les injustices dont nos frères, les pauvres paysans, les ouvriers et les soldats, sont victimes. ». Il fut ensuite député de la Seine en 1871 et membre de la Commune de Paris, condamné à mort par contumace. On imagine l’opinion qu’il devait avoir de ses aïeux maîtres de forge….

Quoiqu’il en soit, Pierre Charles Chambrun, succédant à son père Hugues à Chailloy, ajouta dès 1796 à la panoplie familiale la belle forge de Vergers, jouxtant le vieux château des sires d’Armes et des Chabannes, qui appartenaient aux moines de Bellary avant la Révolution. Augustin Borget, premier mari de Julie Lasné et donc grand-père de Gambon, y avait été maître de forge, ainsi que du Fourneau de Guichy, à Nannay. On restait en famille.

Mais dès la seconde moitié du XIXème siècle les roues s’arrêtèrent de tourner, les forges de chauffer et les martinets de battre, asphyxiés par la grande industrie naissante.

A Chailloy, qui a conservé son beau manoir, et à Vergers, avec son château néo-gothique, les forges et leurs anciens maîtres ne sont plus que des lointains souvenirs, et la belle énergie du Nohain se perd maintenant dans les prés…

Voyez ci-dessous une notice sur cette famille entreprenante :

Famille Chambrun-Mousseaux

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