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Corbelin, au val du Sauzay

(illustration : le baron Charles Dupin)

Dissimulé dans le val du Sauzay, là où il s’insinue entre la forêt aux Couëts et la forêt d’Arcy, le château de Corbelin à La Chapelle-Saint-André passerait presqu’inaperçu, si deux des tours massives de son ancienne enceinte ne signalaient cette sentinelle qui gardait l’accès au Donziais. Mais après avoir franchi les lignes de peupliers et les eaux vives, c’est avec surprise que l’on découvre l’élégante demeure que la Renaissance a nichée entre les deux autres tours.

Ce château a été construit sur l’emplacement d’une ancienne motte féodale qui était sous la mouvance de l’évêché d’Auxerre. En 1173 Gilon de La Tournelle, dans la famille duquel le fief demeura jusqu’en 1340, en était le seigneur.

En 1249, Geoffroy, seigneur de Corbelin, avait eu des démêlés avec son suzerain Guy de Mello, evêque d’Auxerre, pour avoir bâti au préjudice des droits de l’évêché, « une espèce de forteresse de bois qu’on appelait une bretèche et quelques autres petits édifices qui ressentaient le château. » L’évêque l’eut fait démolir sans l’intervention de Mahaut de Courtenay, comtesse de Nevers et d’Auxerre, qui se fit médiatrice entre les deux parties lors d’un accord passé à Coulanges sur Yonne le 31 mai 1249. 

Mais la guerre de Cent ans impose à Louis II, comte de Nevers, qui lutte contre les communes flamandes, d’autoriser ses vassaux à fortifier leurs châteaux pour les protéger des troupes anglaises qui ont envahi la France et parviennent jusqu’au centre ; les tours rondes qui subsistent actuellement au château de Corbelin paraissent dater de cette époque.

En 1426, le fief est aux mains de Jean Le Duc, licenciés es Lois, capitaine de Varzy ; puis de 1445 à 1617, il appartient à la famille Le Muet dont les représentants tiennent des rangs importants dans la province : Hugues est Bailli de Donzy, et Etienne, licencié es Lois, Chanoine d’Auxerre, titulaire de la Pénitencerie de 1537 à 1566, est l’un des plus riches ecclésiastiques de son temps (cité par Leboeuf).

En 1619, Corbelin est vendu à la criée, en raison des dettes du dernier Le Muet, à Edme de Rochefort, marquis de Pleuvaut et de La Boulaye, conseiller du Roi, capitaine et gouverneur des villes de Vézelay et Avallon, ainsi que des pays du Nivernais et du Donziais limitrophes. Le fief, à cette époque, s’est enrichi d’une forge avec affinerie, marteau, et fourneaux à faire fondre le fer, ainsi que des logements de forgerons, et de cinq domaines.

En 1648, il passe par échanges de terres à Jacques de Saumaize, l’un des chefs protestants en Nivernais (voyez une note sur sa famille dans La France Protestante).

Après avoir été tenu par Jacques Bigot, à la fin du XVIIème siècle, Corbelin est saisi par le Duc et adjugé à Léonard Le Breton, contrôleur des Mousquetaires du Roi, et Baptiste Gascoing, lieutenant général, puis passe en 1790 à Languet de Séry, receveur des finances, qui rénove les installations métallurigiques. Le manoir revient ensuite au baron Charles Dupin, célèbre mathématicien, ingénieur et frère de l’illustre André et du fameux avocat Phillipe.

Voyez une description plus détaillée de la succession des seigneurs de Corbelin dans la notice ci-jointe : 

Corbelin (V7 complétée le 19 juin 2021)

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Chevroux

(Illustration : armes de La Platière)

Fief modeste, pour le rejeton d’une grande famille nivernaise, les sires de La Platière, Chevroux, sur la route du Sancerrois à St-Quentin-sur-Nohain, a été bien délaissé. Ses hauts murs et sa tour signalent l’ancienneté du site – qui avait appartenu aux moines de Saint-Laurent et fut cédé dans des conditions qui restent à découvrir – et rappellent que ce domaine fut une demeure seigneuriale.

Transformé en ferme, le manoir qui se dresse en haut d’un coteau à St-Quentin-sur-Nohain, loin déjà de la rivière, marque le siège de cette petite seigneurie, où des seigneurs se sont succédés par alliance et héritage uniquement, jusqu’à la Révolution. 

Détenu par une branche bâtarde de La Platière – la famille du fameux « Maréchal de Bourdillon » – , qui détenait le grand château des Bordes en Nivernais, Chevroux est resté dans cette famille jusqu’à la fin du XVIIème siècle, puis est passé par alliance aux La Barre puis aux Lichy.

                                                   chateau des bordes

                                                                     Château des Bordes (Urzy, 58)

Voyez la suite des seigneurs de Chevroux en cliquant sur le lien ci-dessous :

Chevroux (V7 du 15 sept 2021)

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Saint-Amand-en-Puisaye

(Illustration : figurine en grès de Carriès – Musée de St-Amand)

Saint-Amand, le plus important des châteaux de la Renaissance en Nivernais-Donziais, a été construit sur l’emplacement d’une forteresse féodale édifiée sur le tracé de l’ancienne voie romaine qui reliait Autun à Orléans. C’était une grande terre détenue par les barons de Toucy, et à leur suite les comtes de Bar, jusqu’au XVème siècle. 

En 1405 elle passe par mariage à Jean IV le Hutin d’Aumont, échanson du Roi, dont une descendante épouse en 1478, François de Rochechouart, premier chambellan de Louis d’Orléans puis de Louis XII, et sénéchal de Toulouse (voyez sur Racineshistoire la notice consacrée à cette grande famille). Son fils Antoine de Rochechouart, qui fait construire le château qu’on peut voir de nos jours, n’est pas moins illustre. Capitaine de 50 hommes d’armes des ordonnances du roi, il devient chambellan de François Ier, puis reprend la charge de Sénéchal de Toulouse et d’Albigeois. Il participe à la guerre d’Italie et, blessé à la bataille de Cérisoles en 1544, il meurt de ses blessures. 

Tombée en indivision, la seigneurie passe aux mains de Marie du Breuil, épouse de Claude de Bourdeilles – petit-neveu de Brantôme (Pierre de Bourdeilles) -, plus connu sous le nom de « Chevalier Matha ». Ayant pris parti pour la Fronde, il est invité à retourner dans ses terres et se retrouve voisin de la Grande Mademoiselle, exilée quant à elle à Saint-Fargeau.

Après avoir été acquise en 1659 par le cardinal Mazarin pour son petit-neveu Philippe-Jules Mancini – dont le père devait, deux ans plus tard, hériter du duché de Nivernois – la seigneurie est revendue en 1710.

Erigée en marquisat, elle est tenue en 1731 par Léonard Guyot, receveur général des aides et domaines du roi, secrétaire du roi. Son fils et successeur, Antoine Léonard Guyot, est grand bailli d’épée et gouverneur d’Auxerre en 1776, mais il émigre à Stuttgart au début de la Révolution. Le château serait devenu bien national si sa sœur, la « citoyenne Félicité Guyot-Dufraisse » n’eût établi qu’elle ne figurait pas sur la liste des émigrés. La terre de Saint-Amand ne changea finalement pas de famille : en 1793 était né à Stuttgart Charles François Guyot qui retrouva le titre de marquis sous la Restauration et le château de son père.

Après divers avatars, le château de Saint-Amand devint un haut-lieu du renouveau de la poterie de Puisaye, dont il est aujourd’hui le Musée.

Voyez ci-joint une notice plus détaillée, qui présente le château lui-même, et la succession des seigneurs de Saint-Amand :

Saint-Amand-en-Puisaye  (V3 améliorée du 22/12/21)

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Pesselières

(Illustration : Michel Le Peletier de Saint-Fargeau)

Rien ne subsiste de l’ancien château de Pesselières à Sougères-en-Puisaye, détruit en 1823, hormis une ferme et les traces des anciens fossés. Il avait accueilli le roi Charles IX en 1566, lors de son tour de France.

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Pesselières était en premier lieu le fief d’une famille de ce nom, dont on ne sait pratiquement rien, puis il passa aux seigneurs d’Ourrouer (aux Amognes, en Nivernais).

Le fief fut longtemps aux Grivel de Groussouvre, avant d’être vendu aux Le Peletier avant la Révolution.

Son dernier seigneur fut Michel Le Peletier, comte de Saint-Fargeau, qui vota l’abolition des privilèges et la mort du Roi, avant d’être lui-même « victime de la Révolution ».

Voyez la suite des seigneurs de Pesselières dans la notice ci-jointe, récemment complétée :

Pesselières (V. complétée du 18/3/23)

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Ratilly, ocre et grès

(Illustration : château de Ratilly)

Le grand château médiéval de Ratilly, près de Treigny, impose son charme unique, majestueux et simple, au milieu des bois de la Puisaye qui lui a fourni l’ocre roux de ses pierres. Construit au XIIIème siècle et modifié au XVIème, il est passé de mains en mains par héritages et ventes.

Le nom de Ratilly (dont l’origine semble provenir du mot « ratel » : la herse) est cité pour la première fois dans un acte de 1160 (chevalier Renaud de Ratilly). Un château-fort aurait été construit dès le 11ème siècle, lors de l’établissement de la féodalité en Puisaye. Rasé au niveau des glacis au cours de guerres entre seigneurs, c’est sur ses fondations que Mathieu de Ratilly fait bâtir vers 1270 l’édifice actuel, qui va connaître bien des vicissitudes malgré son isolement. Durant la guerre de Cent Ans, entre 1357 et 1380, Ratilly est aux mains de Guy de Vallery, qui y entretient une bande d’aventuriers bretons et pille la région (incendie du prieuré de Moutiers).

En 1567, les Huguenots s’emparent de Ratilly et en font une de leurs places fortes dans l’Auxerrois d’où ils commettent « pillages, voleries, meurtres et saccagements« . Le calme revient à l’avènement d’Henri IV.

Mary du Puy, seigneur d’Igny (près de Palaiseau), fait restaurer Ratilly et s’y installe en 1587. Sa seconde fille, Jeanne, épouse en 1616 Louis de Menou, gouverneur du Duché de Saint Fargeau. Celui-ci fait construire le bâtiment d’entrée reliant les deux tours et restaurer la chapelle Sainte Anne, disparue depuis. En novembre 1653, il reçoit la Grande Mademoiselle, désireuse de quitter momentanément Saint Fargeau où vient de mourir l’une de ses dames d’honneur. « Comme la maison est petite (sic !) , j’y menai peu de monde et ne gardai même point de carrosse… Je fus cinq à six jours dans ce désert... » note-t-elle dans ses mémoires.

En 1732, Louis Carré de Montgeron, Conseiller au Parlement de Paris, achète Ratilly pour aider l’abbé Terrasson, exilé à Treigny, à propager les idées jansénistes. Mais en 1735  M. de Montgeron et l’abbé Terrasson sont embastillés, et Ratilly revendu.

Il est acheté en 1740 par Pierre Frappier, seigneur de Dalinet, dont la fille épouse en 1755 André-Marie d’Avigneau, d’une famille de l’Auxerrois. Ratilly devait rester dans cette famille jusqu’en 1822. Au moment de la Révolution, le château, un peu éloigné de tout, est épargné.

Il a été acquis en 1951 par Norbert et Jeanne Pierlot qui en ont fait, autour de la poterie, un lieu de rencontre de toutes les formes de l’art contemporain (Site chateauderatilly).

Ci-dessous la notice consacrée à la succession des seigneurs de Ratilly ; merci de nous aider à la préciser…

Ratilly (Version augmentée du 17/9/21)

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