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Nannay et Pernay

(Illustration : armes de Pernay)

Pernay était un fief situé près de Nannay, qui a donné son nom à une famille qu’on suit jusqu’au XVIIème siècle en Donziais (cf. not. les notices Le Magny et Port-Aubry).

La première mention du nom remonte à 1330, mais la succession dans ce fief n’est pas bien établie.

Nannay a été un fief des Lamoignon (voir cet article) au XIVème siècle, et serait revenu par alliance aux Pernay, au début du XVème, unissant ainsi semble-t-il ces deux terres voisines.

Mais des actes indiquent que le fief aurait été détenu, au moins en partie, par la Couronne à certaines époques et donné à de hauts personnages comme Jean de Luxembourg, roi de Bohême, et Jean de La Personne, chambellan, qui le vendit à Bureau de la Rivière, qu'on retrouve ici encore.

On ne sait comment ensuite ces fiefs passèrent aux sires de Tespes.

Les Tridon, magistrats originaires du Morvan, les détinrent au XVIIIème siècle à la suite de successions entre frères et sœurs et de remariages.

Voyez ci-dessous la notice consacrée à ces fiefs, qui devra être précisée et complétée grâce à votre aide…

Nannay et Pernay (V6 du 7/5/17)

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Port-Aubry ou Port-au-Berry ?

(Illustration : extrait d’un relevé cartographique de 1727-1730)

Le fief de Port-Aubry, au bord de la Loire en amont de Cosne, sur la paroisse de Saint Agnan (voir cette notice), est identifié dès le XIIIème siècle. Le nom est parfois orthographié Port-Obry. Certains sources l’appellent Port-au-Berry ou Port-au-Bry : un port a existé à cet endroit, du moyen-âge au XVIIIème siècle. On ne sait si le château figuré sur un ancien plan de Cosne correspond au relevé présenté ci-dessus, et ni où il se trouvait précisément par rapport à la petite maison de maître d’aujourd’hui.

De premiers hommages sont rendus pour Port-Obry dès 1335 par des membres de la famille du Pont.

Les premiers seigneurs dont la succession est clairement identifiée sont les Pernay, par ailleurs seigneurs de Nannay, de Suilly et du Magny (voir cette notice).

La succession des familles détentrices du fief (Bussy, Paris…) est malaisée à suivre, d’autant qu’une partie paraît en avoir été séparée et aurait été détenue par le duc de Nevers, qui la vend en 1710 à l’horloger, ingénieur et maître de forge Claude Grégoire.

De nos jours, la Ferme du Port-Aubry est connue pour ses fromages de chèvres…

La base Gertrude (Pätrimoine de la Région Centre) fournit d’intéressantes indications et de superbes plans sur les aménagements portuaires anciens de Cosne.

Une étude très fouillée de l’histoire du site par A. Boucher-Baudard, vient de faire l’objet du Cahier n°24 des Amis du Musée de la Loire à Cosne : « Port-Aubry, des origines au XIXème siècle, une histoire de Folie« .

Voyez ci-dessous la notice que nous consacrons à Port-Aubry, largement complétée grâce aux apports très importants de M. Boucher-Baudard justement…

  Port-Aubry (Cosne)  (V. du 18 avril 2022)

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Aux origines : Hugues de Chalon

(Illustration : vue ancienne d'Auxerre)

Pour éclairer davantage les origines du Donziais féodal, dont l'histoire est traitée dans la page consacrée à la Baronnie de Donzy, nous vous proposons ci-dessous une notice consacrée à Hugues de Chalon, évêque d'Auxerre de 999 à 1039, qui joua un rôle déterminant.

Grand seigneur bourguignon, issu par sa mère de la lignée de Chalon-Vergy, très lié à la dynastie capétienne qui venait d'accéder au pouvoir royal et entendait contrôler la Bourgogne, Hugues ne fut peut-être pas le "fondateur" de la baronnie, car une seigneurie détenue par la famille de sa mère préexistait, mais il en permit l'essor sous sa suzeraineté d'évêque au pouvoir politique exceptionnel.

On plonge ici dans les bouleversements de l'an Mil, dans la constitution du duché capétien de Bourgogne, et dans la rivalité des pouvoirs comtaux et épiscopaux, auxquels la genèse du Donzy médiéval se trouve associée.

Hugues de Chalon

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L’abbé Lebeuf, historien de l’Auxerrois

(Illustration : cathédrale Saint-Etienne d’Auxerre, lutrin)

Les travaux de l’abbé Jean Lebeuf (1687-1760), historien originaire d’Auxerre, sont une source inépuisable pour l’histoire du Donziais, partie intégrante de ce diocèse avant la Révolution. Dugenne donne, dans son Dictionnaire, une notice biographique très détaillée de cet infatigable érudit (voir Bibliographie).

                                                          Lebeuf 1

Fils d’un « commis aux recettes et consignations » demeurant paroisse Saint-Régnobert, Lebeuf fit des études classiques à Auxerre puis à Paris (Sorbonne). Il fut ordonné par Mgr de Caylus (1711) et nommé peu après chanoine honoraire de la cathédrale, en raison de ses titres universitaires, dignité qu’il conservera jusqu’en 1753. Il fut incontestablement un disciple de cet évêque connu pour son adhésion au Jansénisme.

Passionné par la recherche historique, il s’attacha d’abord à éclairer l’histoire religieuse de son pays et fit paraître, en 1716, la Vie de Saint Pèlerin, premier évêque d’Auxerre, puis en 1722 l’Histoire de la vie de Saint Vigile, évêque d’Auxerre. L’année suivante parut son Histoire de la prise d’Auxerre par les huguenots, récit épique d’une époque très troublée et violente (voyez à ce sujet la notice consacrée au fief de Maisonblanche qui s’y réfère). Mais ces travaux n’étaient qu’une préparation à L’histoire civile et ecclésiastique d’Auxerre, publiée vingt ans plus tard (cf. infra).

Il aborda cependant bien d’autres sujets. En 1734, il était couronné par l’Institut, pour son Discours sur l’état des sciences dans l’étendue de la monarchie française, depuis la mort de Charlemagne jusqu’à celle de Robert, paru d’abord dans le Mercure de France. Il publia ensuite de nombreux ouvrages historiques et fut nommé membre associé de l’Académie des Inscriptions et Belles Lettres. Géographie de la Gaule et de la France au Moyen Âge, archéologie gallo-romaine, numismatique, histoire des rois, des villes…etc., Lebeuf traite de tout avec une égale érudition. On peut le considérer comme un des fondateurs de l’étude de la géographie nationale aux époques mérovingienne et carolingienne, même si certaines de ses approches, discutables, ont été ensuite remises en cause.

                                                         Lebeuf 2

Au XVIIIe siècle l’archéologie était encore balbutiante, mais Lebeuf savait déjà beaucoup de choses sur les monuments, comme en témoignent les Antiquités de Paris et de ses environs. C’est finalement à la capitale et à son diocèse, où il réside à partir de 1738, qu’il a consacré son plus grand ouvrage : l’Histoire de la ville et de tout le diocèse de Paris (15 vol. 1754-1758), d’une incomparable richesse de détails.

Entièrement absorbé par ses travaux, l’abbé Lebeuf vécut de la manière la plus modeste et généreuse. Le pape, informé de ses mérites, voulut l’attirer à Rome ; mais sa mauvaise santé l’en empêcha. Bien que disposant d’un revenu tès limité, il fit avant sa mort des legs à divers établissements de sa ville natale.

L’histoire du Donziais est largement éclairée par les Mémoires concernant l’histoire civile et ecclésiastique d’Auxerre et de son ancien diocèse, (par l’abbé Lebeuf, Chanoine et Sous-Chantre de l’église cathédrale de la même ville, de l’Académie des Inscritions et Belles Lettres, Auxerre, 1747), qui est une véritable mine de renseignements, depuis les temps les plus reculés jusqu’au XVIIème siècle. 

Cet ouvrage fut réédité, annoté et augmenté par MM. Challe et Quantin au XIXème (chez Perriquet, Auxerre, 1847, dédicace des éditeurs à M. Chaillou des Barres  – Les Barres, à Sainpuits, voir cette notice Président de la Société des Sciences historiques et naturelles de l’Yonne). Cette édition donne une biographie et une bibliographie très complètes de l’abbé Lebeuf. Elle a été réimprimée en 1978 par les Editions Jeanne Laffitte (4 tomes) (voir Bibliographie).

Dans les deux premiers tomes (édition de 1978), l’ouvrage développe une histoire chronologique très complète des évêques d’Auxerre, des origines (258, Saint Pélerin) jusqu’en 1676, ainsi que des différentes dignités écclésiastiques, des églises et des abbayes de la ville. Il aborde dans le troisième tome l’histoire civile de la Ville et du Comté, avant de fournir dans le quatrième une importante documentation. 

Nombreux sont ceux parmi ces prélats qui prirent des initiatives importantes pour le Donziais, qu’il s’agisse de la création de paroisses ou d’abbayes (voyez par exemple la notice consacrée à Vergers, qui se réfère au grand Saint Germain et à Saint Pallade ; celles consacrées aux prieurés de Cessy-les-Bois. ou de Saint-Verain) ou de sa structuration féodale elle-même par l’évêque Hugues de Chalon (voyez la page consacrée à l’histoire de la baronnie). Lebeuf est donc une référence absolue, fréquemment citée dans nos articles, qui rappelle l’ancrage auxerrois du Donziais.

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Suilly-la-Tour

Suilly-la-tour, aux portes de Donzy – un village animé, cher à l’auteur de ce site – est d'apparence banale le long de la route. Pourtant, il offre une palette remarquable de sites castraux anciens et prestigieux.

Au bourg, allongé en surplomb de la vallée du Nohain, point de château ni de manoir. Seule l’église gothique dédiée à Saint Symphorien, dotée de la tour monumentale qui a donné son nom à la paroisse à partir du XVIème siècle, atteste d’un riche passé.

Mais pas moins de trois châteaux principaux se partageaient le territoire paroissial, et bien d'autres richesses patrimoniales y sont toujours visibles.

Au regard de l’ancienneté, Vergers, un ancien domaine de Saint Germain, le grand évêque d'Auxerre,  qui relie directement Suilly à ce siège épiscopal, s’impose. Un ambitieux palais, dont le parc à l’anglaise s’allonge au milieu des bras du Nohain, a été construit vers 1880 sur les ruines de l’ancien château médiéval. Une petite église paroissiale gothique dédiée à Saint Pallade, successeur de Saint Germain, a succédé au XVème siècle à une église primitive, en ce lieu. Elle a été transformée mais conservée, à l’ombre du château. La munificence outrée de l’architecture néo-gothique ne doit pas faire oublier le caractère historique du site, château et forge, et l’importance de l’ancienne forteresse, dont des bases en gros appareil subsistent.

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Au regard de l’identité locale, le manoir du Magny dont les hauts murs et les restes de mâchicoulis rappellent le caractère féodal (XVè-XVIè), était le véritable château de Suilly, dont le fief s’étendait vers Garchy et Pouilly, en s’éloignant de la rivière. Les armes à trois tours des Pernay, seigneurs du Magny et de Suilly pendant plusieurs siècles, figurent à la clef d'une voute de l’église, mais il est probable que les derniers seigneurs, avaient déserté le lieu bien avant la Révolution.

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Au palmarès du charme cependant, c’est le beau château des Granges, dont les douves s’alimentent au Nohain, qui l’emporte. Il a été reconstruit à la fin du XVIème siècle, mais a conservé des traces des siècles précédents. Une grâce particulière se dégage de l’ensemble qui se mire dans les eaux vives et stagnantes, agrémenté d’un parc à la française. Ces « granges » étaient celles de la Rachonnière, vieux fief détenu au XIIIème siècle par un riche chevalier giennois. Ce nom et le château de Bureau de la Rivière, prirent vite le dessus sur l’ancien site.

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L’ancien fief de la Fillouse, souvent associé à celui du Magny, n’a pas conservé par contre de traces castrales, et celles qui subsistent à Presles, en contrebas du bourg, fief détaché de celui de Suilly, sont bien modestes.

Pour compléter le panorama, il faut évoquer la belle maison des maîtres de forge de Chailloy, sur le maigre Accotin, aux limites de la commune. Bijou de la fin de la Renaissance, il est dû à la famille du théologien protestant Théodore de Bèze, très investie dans l’industrie métallurgique naissante, dont le Donziais était un territoire de prédilection.

Les moulins enfin, qui ont permis de premiers balbutiements industriels, jalonnent le cours de la rivière, dont les bras occupent toute la vallée : ancienne forge de Vergers, moulin Neuf (à tan ou à écorces) au bourg, moulin Rochereau, moulins des Granges et de la Ronchonnière ; et sur l’Accotin, qui rejoint ici le Nohain : forge de Chailloy, moulins de Suillyseau et de Presles. Pas un gramme de la force du Nohain et de ses affluents n’était perdu, et on imagine l’activité qui en résultait.

Plusieurs fiefs et abbayes présentés sur ce site sont au voisinage immédiat de Suilly : le Prieuré de Donzy-le-Pré en amont, Favray, Mocques, en aval, et non loin Villargeau ; dans la forêt : la Chartreuse de Bellary et Vieux-Moulin ; au nord Chevroux et l’abbaye de Saint-Laurent…etc. Un bel environnement, vraiment !

Voyez le très joli site municipal de Suilly : www.suillylatour.fr

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