Tous les articles par Administrateur

L’Archiprêtre-brigand

La Guerre de Cent ans a fait des ravages, notamment en Bourgogne et en Nivernais. Elle a eu ses héros et ses brigands. L'un d'eux, qui était à la fois l'un et l'autre, a laissé un souvenir mitigé en Donziais. Son nom est associé à celui de la forteresse de La Motte-Josserand, qu'il occupa.

Arnaud de Cervole, dit "L'Archiprêtre" – car, destiné aux ordres, il avait obtenu le "bénéfice" de l'Archiprêtré de Vélines, en Périgord, quand il était jeune – fut un grand capitaine de Compagnies de Routiers, sorte d'armée supplétive et quelque peu débridée, au service du Roi de France. Lieutenant général du Roi en Nivernais à la fin des années 1350, il s'y livra à un certain nombre d'exactions et fut révoqué. En réaction il occupa quelques places, dont les châteaux de Cosne et La Motte-Josserand en 1359-1360, qu'il dut rapidement rendre.

Il était issu d'une lignée angoumoise, celle des Régnauld, sgr de La Soudière à Saint-Mary. Par ses deux mariages successifs il fut un temps seigneur de Levroux en Berry, et de Châteauvillain, en Champagne.

Il poursuivit une vie militaire aventureuse, toujours au service du roi et des grands chefs de l'époque, dont le fameux Captal de Buch : Jean de Grailly, et les connétables Charles de la Cerda (d'Espagne) ou Bertrand du Guesclin. Présent sur bien des théatres d'opérations, il mourut en 1366 dans la vallée du Rhône, au milieu des désordres causés par l'inoccupation des grandes compagnies.

Voyez ci-dessous une notice qui présente sa biographie et sa famille.

L’Archiprêtre

D enluminé

 

 

Share

Cosne, cité épiscopale et comtale

Cosne – aujourd'hui  "Cosne-Cours-sur-Loire" -, vieille cité gallo-romaine, fut une place forte au Moyen-âge. 

Contrôlée à l'origine par les évêques d'Auxerre, elle passa progressivement sous l'autorité des comtes de Nevers, non sans que les barons de Donzy, alors rivaux, aient tenté au XIIème siècle de s'en emparer. Pour comprendre son histoire il faut donc se rapporter à celles de cet évêché et de ce comté.

Au débouché du Nohain dans la Loire et au carrefour de grandes routes, elle a représenté à ces époques reculées un enjeu de pouvoir qu'il est difficile de concevoir aujourd'hui, tant le déclin a frappé la cité, où les traces architecturales anciennes sont assez ténues.

Cosne, cité épiscopale où résidaient occasionnellement les évêques, fut pourtant dotée au XIIème siècle d'un petit palais épiscopal qui subsiste et présente une réelle parenté avec celui d'Auxerre. Un château et une enceinte y avaient été établis antérieurement par les évêques, notamment pour se défendre des incursions normandes. Ils disposèrent également du château de Villechaud, au sud de la ville.

Cosne, cité comtale, eut aux XIIème et XIIIème siècle une enceinte renforcée et un château reconstruit par les comtes, pour assurer la défense de ce site stratégique. Ce monument, dont des restes importants subsistent malgré l'outrage du temps, se cache au milieu de la vieille ville et ne protège plus qu'un….parking.

Le développement de l'industrie métallurgique à Cosne du XVIIème au XIXème siècles, grâce à la force motrice du Nohain qui y est à son maximum, avec une belle chute dans la Loire, a bouleversé l'architecture ancienne de la ville qui se concentrait précisément à ce confluent.

                                                   photo-2

Seul l'ancien Prieuré Saint-Agnan, qui domine le site au sud, a conservé sa magnificence ancienne.

Voyez ci-dessous une notice qui précise ces différents points

Cosne (V1 du 5 avril 2016)

D enluminé

Share

Château-Musard à Billy

Billy-sur-Oisy a une origine très ancienne comme en témoignent les nombreux silex taillés et tessons de poterie trouvés sur son territoire. Bourgade gauloise, ville forte au temps de la Gaule romaine, autrefois nommée Billiacum (du nom d'homme gaulois Billius), une voie romaine passe à proximité.

Au sud du village, la butte isolée du Château-Musard fut autrefois couronnée d’un château féodal

Cette terre appartenait originellement au Chapitre de la Cathédrale d’Auxerre, puis passa aux barons de Donzy devenus comtes de Nevers, qui en firent le siège d’une châtellenie, unie plus tard à celle de Corvol-L’Orgueilleux. Le comte Hervé rebâtit, en l’agrandissant, l’ancien château. Cette forteresse était imposante : elle mesurait 200 mètres de long sur 50 de large. Hervé et son épouse Mahaut de Courtenay, y firent de nombreux séjours. Mahaut y vint encore en 1250, quelques années avant sa mort, mais il fut délaissé ensuite.

En 1544, François Ier autorisa, par lettre patente, les habitants à créer foires et marchés et à entourer, à leurs frais, le village de murailles. Une tour en est l’unique vestige.

                                                           2

Pour l'histoire de Château-Musard, qui n'est plus aujourd'hui qu'un fantôme, laissons la parole à un érudit local, René Lussier (1864-1939) : 

« Le touriste qui suit l'agréable route de Clamecy à Neuvy ne manque point de remarquer devant lui, dès qu'il quitte le joli site de Batilly, un monticule couronné de ruines. Ces vestiges de murailles presque parées d'un riche manteau de végétation sont les restes de Château Musard.

Ce château, bien que n'offrant que très peu d'intérêt historique, n'en a pas moins une certaine célébrité dans l'histoire locale et régionale. Née de la Rochelle le fait bâtir par César. Cette thèse n'a rien d'invraisemblable, attendu que cette forteresse commandait une voie romaine qui passait sous ses murs. Un point d'eau très important : la Fontaine de Grès, arrose le pied de ces glacis et pouvait suffire aux besoins de la garnison. De nombreuses monnaies et médailles, trouvées dans les environs, viennent appuyer cette supposition. Enfin, la situation agréable de ce lieu, à la naissance de la vallée du Champorin, a peut-être séduit le vainqueur des Gaules, mais elle a certainement inspiré la fantaisie des étymologistes qui l'ont appelé le "château des Muses". Pourtant ce nom ne prévalut point, puisque l'histoire dit Murat et non Musard.

Mais arrivons aux renseignements fournis par les documents historiques.

En 1212, Hervé de Donzy, comte de Nevers jeta les fondations de la construction où commença la restauration de la forteresse Murat. Mais cette construction était sur les fonds du Chapitre de Saint Etienne d'Auxerre. Les chanoines n'osaient attaquer que faiblement le puissant comte ; cependant d'après une sentence rendue à Billy, en août 1214, par Guillaume de Seignelay, évêque d'Auxerre, et son frère Manassés, évêque d'Orléans, le comte abandonna au Chapitre, à titre de dédommagement, tout ce qu'il possédait sur Oisy. Hervé dès lors, n'éprouva plus de difficultés dans ses travaux de restauration. Dès 1212, il avait agrandi son domaine de Billy par un échange avec Jehan de Toucy.

D'après les désirs du roi Philippe-Auguste, Hervé de Donzy avait épousé, en 1199, Mahaut ou Mathilde, fille de Pierre de Courtenay et d'Agnès, fille de Gui 1er, comte de Nevers.

Les époux s'embarquèrent pour la croisade à Gênes en 1218. Mais après l'assassinat de Pierre de Courtenay, qui venait d'être élu empereur de Constantinople, ils rentrèrent précipitamment en Nivernais pour vivre paisiblement dans leurs châteaux. Mahaut se plaisait beaucoup dans les châteaux situés sur les collines comme Druyes, Murat, Montenoison. Après avoir habité Montenoison, où elle passa le temps pascal en 1247, elle vint à Murat. C'est là qu'elle data le mardi d'après la mi-carême au mois de mars 1250, l'acte de mariage du chevalier Guy Breschard, sgr de Toury, avec Isabeau, fille de Geoffroy de Billy, de son vivant maréchal du Nivernais.

Au mois de juillet 1253, elle expédia de Murat la donation qu'elle fit aux écoliers d'Auxerre qu'on appelait "les Bons Enfants". Ce fut aussi de ce lieu qu'elle confirma l'acquisition que le Chapitre d'Auxerre avait faite des dîmes de Nannay. La fondation des deux chapelles dans le château de Nevers fut confirmée à Murat en 1256.

L'année suivante, Mahaut mourait à Coulanges sur Yonne, après y avoir fait sont testament par lequel elle demandait à être inhumée dans son abbaye de la Consolation de N-D, près de la Montcelle. Aujourd'hui encore, les restes de la grande comtesse reposent dans la terre de ce site enchanteur qu'est le Réconfort. La chapelle où tant de fois elle vint prier pour son aimé seigneur Hervé qui avait sa sépulture à Pontigny. Dans cet antique sanctuaire on pourrait reconnaître Mahaut portant l'image de l'abbaye qu'elle avait fondée. Hommage posthume de quelques admirateurs de Mahaut de Courtenay, l'une des plus grandes figurent de l'histoire du Nivernais.

Le mercredi 4 juin 1281, le comte de Nevers, Robert de Flandre, fit hommage au seigneur évêque d'Auxerre, Guillaume de Grez, pour le château de Murat et autres lieux. Ce même comte vint se réfugier dans son château Murat en 1290 et 1291, fuyant la colère du roi Philippe IV, contre lequel il avait guerroyé. L'évêque d'Auxerre, Pierre de Mornay, fait confirmer ses droits sur Murat en exigeant que le comte de Nevers, Louis de Flandre, lui prête foi et hommage (19 octobre 1296). Son successeur médiat, Pierre de Grez, fut moins heureux ; Louis de Nevers lui ayant refusé l'hommage en 1311. Pour ce refus, le comte se vit saisir Murat. Rentré en possession de son fief, il en fit la donation en novembre 1324, à son cousin, Alphonse d'Espagne, tout en s'en réservant la suzeraineté.

Dès le XVIème siècle, la forteresse Murat semble avoir perdu considérablement de sa puissance. Des aventuriers se rient de son quadrilatère de hautes murailles crénelées et de son double pont levis ; ils la pillent en 1554. Quelques années plus tard, en 1590, les Auxerrois, aidés par les gens d'Avallon et de Vézelay, peuvent mettre Billy à sac. La dernière mention du château remonte au 27 octobre 1660. Murat devait suivre le sort des autres châteaux du comte de Nevers ; il est abandonné par les successeurs d'Hervé et tombe en ruine.

Les abords et le sol du château sont vendus parcelle par parcelle, dès le commencement du XVIIIème siècle la vigne est plantée. Par la suite les habitant de Billy enlèveront les matériaux de bâtiments pour construire leurs maisons. Il ne reste plus de la fière forteresse, que le peuple dès 1743 désigne sous le nom de château Musard, que la gracieuse silhouette que l'on ne se lasse pas d'admirer en suivant la rue principale du bourg de Billy sur Oisy. »

                                                    Sans titre

D enluminé

Share

L’armorial de Soultrait

(Illustration : pages d'un armorial ancien)

Notre approche des terres et des seigneurs du Donziais avant la Révolution s’accompagne naturellement d’un florilège de blasons, leurs "armes", qui illustrent nos articles et notices. De nombreuses sources sont disponibles pour identifier et reproduire ces écus chatoyants et leurs descriptions en langage héraldique.

                                                                                 100px-Blason_famille_fr_de_La_Bussière    

Ex. : Famille de La Bussière, en Berry et Nivernais : "D’azur, à une bande d’or, accostée de deux demi-vols abaissés de même et de deux étoiles d’argent, une au-dessus de chaque demi-vol"

Le comte de Soultrait, avec son « Armorial de l’ancien duché de Nivernais » (chez Victor Didron, Libraire archéologique, à Paris, 1847) est l’auteur de référence. Cet ouvrage, complété et réédité sous le nom "d'Armorial historique et archéologique du Nivernais" (2 tomes) (chez Michot, libraire de la Société nivernaise, à Nevers, 1879), est disponible dans ses différentes versions sur Gallica (cf. liens ci-dessus). Il a été réimprimé par les éditions Laffitte à Marseille.

Georges Richard de Soultrait (1822-1888), né au château familial de Toury-Lurcy, était le fils d’un officier de la Garde Impériale, issu d'une vieille famille du Comtat Venaissin venue en Nivernais au début du XVIIème siècle. Il avait épousé Désirée Le Jeans – petite-nièce et filleule de Désirée Clary, reine de Suède et de Norvège par son mariage avec Bernadotte – dont il eut une nombreuse famille.

                                          Sans titre    2

Il fit une carrière de haut-fonctionnaire du Ministère des Finances, notamment à Lyon, et fut maire de son village natal et membre du Conseil général de la Nièvre. L’un des fondateurs de la Société nivernaise des lettres, sciences et arts en 1851, il en fut le président de 1886 jusqu’à son décès.

Erudit productif, il publia des ouvrages très documentés, qui restent les outils indispensables du chercheur, et notamment, outre l’armorial précité :

  • « Dictionnaire topographique du département de la Nièvre » (sous les auspices de la Société nivernaise des lettres, sciences et arts, Imprimerie Nationale, Paris, 1861)
  • « Armorial du Bourbonnais » (Imprimerie Desrosiers, Moulins, 1867)
  • « Répertoire archéologique du département de la Nièvre » (sous les auspices de la Sociéte nivernaise des lettres, sciences et arts, Imprimerie nationale, Paris, 1875)
  • " Epigraphie héraldique du département de la Nièvre" (sous le pseudonyme de J. de Sornay Angers, imp. de Lachèse et Dolbeau , 1882)

Il fut l’éditeur et l’analyste de l’Inventaire des Titres de Nevers de l’abbé de Marolles (voir cette page).

Son Armorial décrit les blasons du clergé et des congrégations religieuses – dont l'intérêt historique est limité -, ceux des villes, et surtout ceux des familles nivernaises, en commençant naturellement par celles des comtes puis ducs de Nevers. De magnifiques planches présentées à la fin de l'ouvrage, reproduisent les blasons gravés suivant les conventions de l'héraldique (ex. : rouge ou gueules : rayures verticales).

                                                 ArmNivernaisT1PlVIII

 

Quelques sources complémentaires, si vous souhaitez accéder à une documentation héraldique :

– "l'Armorial du Nivernais" de Wikipedia, en cours de documentation

– le site FranceGenWeb-Héraldique

 le "Nobiliaire du Nivernois" d'Adolphe de Villenaut, souvent cité (sur Gallica)

– "L'Inventaire des Titres de Nevers" de l'abbé de Marolles, édité par G. de Soultrait (même source)

 

 

Share

Petit manoir de Pougny

En contrebas du village de Pougny, l’ancien manoir des seigneurs du lieu est aujourd’hui un domaine agricole. Il a été construit à la fin du XVIIème siècle (toits à la Mansart).

Mais le fief est mentionné dès la fin du XIIIème siècle par Marolles. Huguette de Clamecy l’aurait apporté aux Damas de Marcilly, qui l’auraient cédé vers 1415.

La présence d’une pierre tombale aux armes de Clèves dans l’église Saint-Vincent, datée de 1550, indique que Pougny leur appartenait, sans doute par don du duc leur parent.

Ce fief a été associé à celui des Granges, à Suilly (voir cette notice) au début du XVIIème siècle. Il a aussi été associé ultérieurement, à celui de Villargeau voisin (voir cette notice). Jacques de Forgues, Secrétaire de la Chambre du Roi (v. 1600) originaire du Béarn, enrichi par ses charges de « receveur des tailles et aydes », acheteur des Granges sur les du Broc en 1591, aurait ajouté – par acquisition ? – ce fief au vaste domaine des Granges, et il resta dans sa descendance, au-delà même de la Révolution.

Voyez ci-dessous la notice qui lui est consacrée, et aidez-nous à la compléter…

Pougny  (V. complétée le 14 sept 2021)

D enluminé

Share