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Colméry

(illustration : armes de Mello)

Un château féodal a existé à Colméry, mais il n’a pas laissé de traces, pas plus que dans ses hameaux qui furent des fiefs. Pourtant l’histoire féodale de cette paroisse très ancienne, mentionnée dès 578 dans le « Règlement de Saint Aunaire » (évêque d’Auxerre), est riche, à défaut d’être parfaitement connue.

Colméry – parfois orthographié Colemery – fut dans la mouvance des sires de Mello bourguignons, puis des sires de la Rivière voisins, et plus tard dans celle des seigneurs de Menou.

On étudie séparément l’histoire de la seigneurie de Colméry et celles de ses arrière-fiefs : Malicorne, Le Vaudoisy, Dreigny, La Forêt-de-Lorme….

De nombreux éléments de cette notice ont été fournis par le site Cahiers-du-Val-de-Bargis – merci à lui ! – complété par des recherches dans les différentes sources généalogiques.

Ci-dessous une première notice sur la suite des seigneurs de Colméry, qui doit être complétée et précisée. Merci de votre aide !

Colméry  (V3 mise à jour le 31/12/21)

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Entrains, cité de « Jupiter tonnant »

Entrains, dans la haute vallée du Nohain, non loin de sa source,  est environné de sites médiévaux. Nous en avons évoqué certains : Réveillon, Château-du-Bois, ou encore Miniers et St-Cyr, Le Chesnoy et Ferrières.

Mais qu’en est-il de la cité elle-même  ?

On estime qu’elle fut fondée par les Senons aux confins méridionaux de leur territoire. Elle devint une ville gallo-romaine d’une certaine importance (25.000 hts ?), sous le nom d’Interanum, au carrefour de cinq routes. A ce titre elle rivalise en Nivernais avec Nevers, Decize et Cosne, et surclasse largement Donzy, connue seulement depuis les VIème-VIIème siècles. Elle aurait même abrité un préfet de l’Empire, doté d’un palais. La ville recèle de très nombreuses traces de cette époque, dont celles d’un amphithéâtre, de thermes, de villas…etc. Les fouilles ont mis à jour de magnifiques trésors antiques, dont certains figurent dans les musées nationaux.

                                                           apollon

                       Statue d'Apollon d'Entrains (Musée national de Saint-Germain-en-Laye)

Son nom a donné lieu à débat : s’agissait-il, comme le suggéraient Lebeuf et d’autres auteurs, d’évoquer une cité au milieu des étangs ou des eaux – inter-amnes – ? Ou plutôt, comme le fait l'abbé Baudiau, historien d’Entrains (« Histoire d’Entrain depuis les temps les plus reculés jusqu’à nos jours » par J.-F. Baudiau, chez Fay-Vallières à Nevers, 1879), d’une référence au nom donné par les gaulois au Jupiter tonnant : Taran ? Les sources anciennes disponibles ne permettent pas de trancher.

                                                         jupiter

                                                                Jupiter (Entrains, 1969)

La lignée bourguignonne de Semur-Chalon qui fut à l’origine de la baronnie de Donzy au tournant de l’an Mil avec l’appui de l’Evêque Hugues, aurait donc pu choisir Entrains comme siège de son grand fief, s’inscrivant ainsi dans une continuité historique. Le grand historien allemand Karl-Ferdinand Werner a développé cette théorie du continuum de l’antiquité tardive à la féodalité, et les liens que l’aristocratie franque conquérante ne manqua pas d’établir avec les familles sénatoriales gallo-romaines, dont elle adopta la culture.

Mais les invasions, celles des Vandales et des Sarrasins, et les raids normands du IXème siècle avaient eu raison de la vieille Interanum, dont le site correspondait peu aux exigences défensives de l’époque.

En aval, l’éperon rocheux de Donzy, plus près du Val de Loire, s’était imposé pour établir une forteresse. Peut-être ces terres, réputées avoir appartenu à la famille du grand Saint Germain d’Auxerre, avaient-elles aussi une valeur symbolique particulière, quand Entrains conservait la marque du « paganisme » ancien ; d’autant que Saint Pèlerin, premier évêque d’Auxerre, y avait été martyrisé vers l’an 300.

Voyez à ce sujet un extrait des "Mémoires concernant l'histoire civile et ecclésiastique d'Auxerre et de son ancien diocèse" de l'abbé Lebeuf, consacré à la vie de Saint Pélerin :

Saint Pélerin

Les barons de Donzy puis les comtes de Nevers entretinrent cependant un château à Entrains, qui bénéficiait de fortifications antiques et dont il ne pouvaient négliger l’importance. Une châtellenie y fut naturellement établie sur ces bases au début du XIIIème siècle, lors de l’union de la baronnie au comté.

Il n’y a plus trace du château baronnial qui devait, selon l’abbé Baudiau et d’autres auteurs, se trouver au nord de la ville, peut-être sur les lieux mêmes de l’ancien palais des gouverneurs romains d’Interanum, lui aussi disparu, tout près de l’ancien amphithéâtre dont le sol conserve la marque. Il aurait été complètement ruiné avec la ville par les guerres du moyen-âge (1427).

Du point de vue féodal, Entrains fut donc à la fois le siège d’une châtellenie et une cité dotée de franchises, en raison de son ancienneté. Ses bourgeois prospères n’eurent de cesse d’acquérir des fiefs aux environs.

Les comtes de Nevers y entretenaient une garnison et des capitaines, parfois appelés pompeusement « gouverneurs », peut-être par référence à ce passé glorieux. Ils siégèrent au Petit-Fort dès lors que le château principal fut ruiné.

Un titre de « vicomte d’Entrains », ou parfois de « seigneur d’Entrains » paraît s’être transmis dans des familles de la région, à partir de Jean d’Ordon au XIIIème siècle. On pouvait autrefois voir en ville une maison dite « de la vicomté ». On peut supposer que ce titre était associé à la possession d’une seigneurie particulière en raison du statut comtal de la cité, comme ce fut le cas à Druyes. Quoiqu’il en soit, on connaît quelques vicomtes d’Entrains :  Eustache de Saint-Phalle, d’une vieille famille du Gâtinais qui aurait eu une implication locale ancienne, ou Hubert de Grivel, son beau-frère, que nous avons déjà rencontré comme seigneur de Pesselières. Cette vicomté un peu énigmatique, que Marolles ne cite pratiquement pas, mais qui avait des dépendances dans la contrée, fut en tout cas vendue au duc de Nevers en 1779. Elle mérite une étude plus poussée.

L’essor de la terre et du château de Réveillon, très proche de la ville au sud, et le poids de ses seigneurs, s’imposèrent toutefois progressivement dans le paysage féodal de la haute vallée du Nohain. Après la Révolution, le comte Roy, haut personnage du gouvernement, paracheva cette domination en achetant de nombreuses terres du voisinage.

Entrains a connu un certain déclin, jusqu’à ne pas avoir le statut de chef-lieu de canton. Mais son passé romain est aujourd’hui heureusement mis en valeur, et le bourg conserve, malgré les outrages du temps, la mémoire d’un ensemble urbain âgé de près de 2000 ans…

Nous serions intéressés par des données plus précises sur la vicomté d'Entrains…

 

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La valse des noms…

Les relations entre noms de fiefs et noms de familles, du Moyen-Age à la Révolution, ont été complexes et évolutives. « L’inventaire des Titres de Nevers » de l’abbé de Marolles, est une source précieuse pour en apprécier la diversité.

L’étude des familles seigneuriales du Donziais que nous proposons sur ce site offre un panorama complet. Elle met en évidence une déconnection assez rapide des noms de familles et de terres, qui accompagne le passage progressif de la féodalité à un régime de propriété rurale classique. Mais les noms de fiefs connaitront un regain d'intérêt aux XVIIIème et XIXème siècles.

Le seigneur du Moyen-âge, soldat et justicier dans son fief, exprime sa fidélité à son suzerain – ici le baron de Donzy, puis le comte de Nevers – par un hommage. L’usage s’installe de l'identifier en associant à son nom – nos prénoms d’aujourd’hui : Jean, Geoffroy, Guillaume…– celui de sa terre : Geoffroy, baron de Donzy ; Jean, sire de La Rivière. Cette appellation devient progressivement, aux XIIème et XIIIème siècles, le nom de sa famille :  famille de Courvol, ou famille de Pernay.

Les cadets se voient dotés de fiefs secondaires, dont le nom identifie leur branche : Jacques de La Rivière, seigneur de La Garde (Perroy) ; Jean de La Barre, seigneur de Gérigny (La Charité), Hugues de Saint-Verain, sgr de la Maison-Fort (Bitry). Au fil du temps, ce nouveau nom est parfois substitué à l’ancien dans l’usage courant : M. de La Maison-Fort (famille du Bois des Cours).

Mais l’usage du nom d’une terre pour désigner une famille souffre de nombreuses exceptions. Il n’est pas rare que des familles anciennes tenant des fiefs importants soient connues sous de simples patronymes ou surnoms : ainsi des Le Muet, seigneurs de Corbelin (à La Chapelle-Saint-André), des Le Paulmier, seigneurs de La Rachonnière et des Granges (à Suilly), des Girard, seigneurs de Passy (à Varennes-les-Narcy), ou encore des illustres Damas, vicomtes de Druyes, de la même souche que les barons de Donzy eux-mêmes, dont le nom est issu du gallo-romain Dalmatius.

Certains fiefs paraissent n’avoir jamais donné leur nom à une lignée, ou bien sa trace est oubliée. La Motte-Josserand (à Perroy) – nommée ainsi par référence à Josserand de La Rivière son fondateur -, Vergers (à Suilly) ou Mocques (à Saint-Martin-sur-Nohain), sont dans ce cas.

Il y a beaucoup plus de fiefs que de familles nobles subsistant dans la durée : la plupart d’entre elles en détiennent donc plusieurs, proches ou plus éloignés – parfois même une liste imposante : ainsi François de la Rivière (+1536) est vcte de Tonnerre, sgr de la Rivière, Corvol-d'Embernard, Champlemy, Colméry, Ciez, Challement, Arzembouy, Sophin, vcte de Quincy, sgr d'Authiou, baron de Seignelay, et sgr de Lurcy-le-Châtel…-. Certains fiefs sont donc cités comme possessions complémentaires, ce qui n’exclut pas un château et un vaste territoire.

Au fil du temps la structuration féodale est devenue très complexe : un véritable écheveau de terres, de familles et d'allégeances s'est constitué, dont les fils sont ardus à dénouer. Par l’effet des partages et des alliances, des terres, même principales, sont détenues par des familles portant d’autres noms, venues parfois d’autres provinces : ainsi des Chabannes, seigneurs de Vergers, ou des Pernay, une lignée locale dont le fief d’origine (à Nannay) est passé à d’autres et qui s’est déplacée vers Cosne (Port-Aubry et le Magny à Suilly). Il arrive même qu’une famille donne son nom à un château, comme l’ont fait les sires de Menou, venus du Poitou, à Nanvignes au XVIème siècle.

 

Le seigneur des XVIème-XVIIème siècles continue à respecter les formes anciennes, comme en attestent les titres, et à détenir les droits traditionnels, mais il réside moins souvent sur place où il est simplement représenté, et s’allie dans d’autres provinces. Pour financer sa carrière militaire ou sa vie de courtisan, il cède des fiefs, notamment à la bourgeoisie montante, ou en acquiert de nouveaux avec les ressources que lui procurent ses « charges ».

Les noms des lignées et ceux des fiefs se différencient alors complètement. Il devient très rare que le seigneur d’un lieu en porte le nom : Henri de Morogues (en Berry) est seigneur de Fonfaye ; Jean d’Armes (près de Clamecy) est seigneur de Vergers. La Rivière fait exception : le fief reste entre les mains de la famille de ce nom jusqu’au début du XVIIIème siècle.

 

A la veille de la Révolution, le maître d’un château, toujours appelé « haut et puissant seigneur » dans les titres, et considéré comme tel par des " manants " plus ou moins affranchis, peut avoir des origines diverses. Il est rarement issu d’une lignée d’extraction chevaleresque, dont seuls quelques exemples subsistent. Il appartient plutôt à une famille parlementaire ou de la bourgeoisie d’affaires : ainsi des Lamoignon, qui possèdent de nombreux fiefs en Donziais et inventent même celui de « Lamoignon » à la sortie du bourg ; des Le Peletier, maîtres de Saint-Fargeau et de bien d’autres terres en Puisaye, ou encore des Nigot à Saint-Sauveur.

Le pouvoir féodal ancien, notamment judiciaire, s’est étiolé au profit des institutions ducales et royales, qui sont devenues largement compétentes. Il se concentre sur des questions d’économie rurale : le seigneur est devenu un simple « propriétaire ».

Pourtant il ajoute souvent à son patronyme bourgeois le nom d’une terre précédé d'une particule, pour le rallonger, et parfois même tenter de le faire oublier. Le XVIIIème siècle est l’heure de gloire de ces familles de la nouvelle noblesse : les Frappier de Montbenoit, ou les Maignan de Champromain.

Après l’épisode révolutionnaire au cours duquel on masque la particule pour échapper à l'opprobre ambiant ("M. Dubois-Descours"), la Restauration marque le grand retour de l'usage des noms de fiefs. Le regain des signes nobiliaires va même jusqu’à placer des particules devant des patronymes, les transformant en lieux imaginaires : les Damas d'Anlezy deviennent ducs "de Damas" ; ils n'avaient pourtant nul besoin de cet artifice.

Le chercheur moderne peine à s’y retrouver dans ce maquis. La succession à la tête des fiefs est difficile à appréhender si des sources précises ne sont pas disponibles. Leur importance réelle s'apprécie mal ex-post : tel grand château ne domine plus que quelques arpents ; tel petit manoir est à la tête d'une vaste propriété. Les plus grands noms peuvent se trouver « seigneurs d’un colombier, d'une crapaudière et d’une garenne » (Chateaubriand, Mémoires d'Outre-Tombe, tome 1), quand des bourgeois obtiennent l’érection d’une terre tout juste acquise, en marquisat.

Malgré nos recherches approfondies grâce à toutes les sources disponibles, cette confusion et cette difficulté sont à l’origine d’erreurs dans nos documents. Nous ne pourrons les corriger qu’avec votre concours, en particulier si vous avez accès à des archives locales ou familiales.

 

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BONNE ANNEE !

Bonne année à toutes les visiteurs du site, avec une mention particulière pour les contributeurs !

Que 2017 nous permette d'approfondir ensemble notre connaissance de l'ancien Donziais, qui éclaire notre passion partagée pour cette petite région, à la prospérité de laquelle nous sommes attachés !

Merci à l'avance de vos contributions à venir !

 

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Perchin, à Treigny

(Illustration : armes de La Rivière)

Perchin, aujourd’hui un hameau de la vaste commune de Treigny, avait conservé jusqu’au début du XXème siècle, des restes d’un ancien manoir seigneurial, et notamment une porte à linteau du XVème siècle.

Ce fief avait été tenu pendant longtemps par les sires de La Rivière, à qui cette terre avait été apportée par Isabeau de Chassin au XIIIème siècle.

Il passa ensuite aux La Ferté-Meung (voir la notice Beauvais-Lainsecq) puis aux Carroble, Le Caruyer, Perreau et Bonnin par des alliances.

Perchin fut en fait un fief secondaire, associé à des fiefs principaux comme Champlemy et Beauvais-Lainsecq. Au XVIIème siècle il était dans les mains de Jacqueline de Menou et fut dès lors associé à la possession de Ratilly.

Voyez ci-dessous la succession des seigneurs de Perchin, qu’on rencontre sur plusieurs autres sites :

Perchin  (V2 du 16/9/21)

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