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Le Liarnois, proche de la Commanderie

(Illustration : la Commanderie de Villemoison)

Le petit manoir du Liarnois, à Saint-Père, domine une plaine cultivée, non loin de Cosne.

Il aurait été une dépendance de la Commanderie de Villemoison, mais on le trouve entre des mains privées à partir du XVIIème siècle.

Ci-dessous une notice sur ce site, complétée en 2023, qui a vocation à être corrigée, enrichie et précisée, pour éclairer mieux l’histoire de ce fief des sires de Saint-Verain. Les données restent, pour certaines, hypothétiques. 

Merci de vos contributions !

Le Liarnois (V5 du 18 avril 23)

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Les amis des rois

(Illustration : statue de Bureau de la Rivière – Cathédrale d’Amiens, vers 1375)

Les frères Jean (1338-1385) et Bureau de La Rivière (+1400), issus de la lignée donziaise de ce nom, très présente dans ces pages, lui ont conféré une véritable célébrité (voyez la généalogie complète de la famille de la Rivière, attachée à l’article consacré à leur terre d’origine).

On dirait aujourd’hui qu’ils étaient « bourrés de talent » puisque malgré l’obscurité supposée de leurs origines, ils s’affirmèrent comme de grands administrateurs du royaume sous les rois Charles V et Charles VI, à la fin du XIVème siècle. Ces conseillers du roi « d’humble naissance » étaient surnommés ironiquement les « Marmousets » – petit singe, ou personnage de petite taille en position extravagante dans la sculpture de l’époque – selon Froissart. Cela a même induit une conception longtemps dominante suivant laquelle le grand-père de Bureau aurait été un « serf affranchi ». Mais la plupart des généalogistes s’accordent aujourd’hui à penser que les seigneurs de La Rivière à Couloutre étaient d’ancienne extraction chevaleresque, et peut-être même des parents des barons de Donzy de l’illustre maison de Semur.

Quoiqu’il en soit, Jean, comme diplomate et Premier Chambellan de Charles V, et à sa suite Bureau, comme Premier Chambellan, ami du même roi et fidèle contre vents et marées au jeune et malheureux Charles VI, ont laissé l’image de grands serviteurs, loyaux et efficaces en ces temps troublés.

Jean de La Rivière (1338-1385) montra l’exemple, mais sa carrière fut brève. Vers 1358 il quitta avec son frère leur Nivernais natal pour Paris. Il entra très vite au service du Dauphin Charles comme Chambellan grâce à l’appui de son oncle Jean d’Angerant, grand soutien du Dauphin, évêque de Chartres puis de Beauvais, Président de la Chambre des Comptes, dont la famille était investie au service des rois. Voyez une note sur cette lignée en cliquant sur le lien ci-dessous :

Famille d’Angerant (V. corrigée et complétée du 12/6/17)

Dès 1364 Jean devint Premier Chambellan, c’est-à-dire le premier serviteur du roi et son compagnon au quotidien. Il fut chargé de délicates missions diplomatiques, et s’attacha à  Pierre Ier de Lusignan, roi de Chypre (1328-1369), qu’il accompagna en Europe pour organiser une nouvelle croisade, dont les objectifs paraissent rétrospectivement un peu confus. Il partirent en juin 1365 de Venise vers Rhodes et Alexandrie, qui fut pillé. Les « croisés », chargés d’un énorme butin, firent voile vers Famagouste, à Chypre, où Jean mourut à la fin de cette même année. Sa mort toucha profondément Charles V qui fut fidèle à sa mémoire en choisissant son jeune frère Bureau pour lui succéder. Le roi lui avait fait épouser Marguerite des Préaux, riche héritière de grandes lignées normandes, mais il ne paraît pas en avoir eu une postérité viable.

Charles dit « Bureau » de La Rivière (+ 1400), Premier Chambellan à son tour, devint très vite un ami très proche du roi. Intelligent, actif, modeste et fidèle, il s’affirma comme le premier serviteur de l’Etat, à l’extérieur – il accueillit par exemple l’Empereur Charles IV en 1377 – comme à l’intérieur – il fut compagnon de Bertrand du Guesclin en 1370, puis chef de l’armée en Bretagne en 1379 -. Charles V mourut dans ses bras en 1380. Il avait décidé quelques années auparavant que Bureau serait inhumé à ses côtés.

Critiqué et même écarté par les Grands du royaume, en particulier les oncles du roi, dont Jean de France, duc de Berry, qui entendaient prendre le contrôle du jeune Charles VI, Bureau fut vite rétabli par ce dernier dans ses fonctions et lui fut aussi précieux qu’à son père pendant près de 20 ans. Il fut « ministre d’Etat » en son Conseil, et avec lui les « Marmousets » ( Le Mercier, Montagu) revinrent sur le devant de la scène.

Mais le règne s’enfonçait dans les rivalités, aggravées par la démence du roi. Malgré son soutien épisodique, Bureau dut s’effacer. Il fut privé d’une partie des grands biens dont on lui avait fait don, et mourut en 1400. Il rejoignit alors dans la nécropole de Saint-Denis Bertrand du Guesclin, aux pieds de l’enfeu de Charles V. Charles VI poursuivit sa triste existence jusqu’en 1422. Les troubles qui en découlèrent ne manquèrent pas de relancer la Guerre de Cent ans, qui n’épargna pas le Nivernais.

De sa femme Marguerite, dame d’Auneau et de Rochefort, une personne remarquable qui appartenait à la maison de Dreux, amie de Christine de Pisan, Bureau de la Rivière avait eu cinq enfants, dont Charles, comte de Dammartin.

Jean et Bureau sont inscrits dans la longue tradition des grands serviteurs de l’Etat qui ont fait la France. Depuis leur vallée du Nohain, ils ont porté haut et loin l’écu « de sable à la bande d’argent ».

                                                                                  

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Le « Nobiliaire de Nivernois » de Villenaut

Parmi les sources qui permettent d’approcher les seigneurs de l’ancien Donziais, le « Nobiliaire de Nivernois » d’Adolphe de Villenaut (1836-1897), consacré aux « Familles de gentilshommes fixées en Nivernois et y étant en possession de la noblesse avant 1560, avec notices nivernaises de leurs alliances » (chez Vallières à Nevers, 1900) réalisé avec la collaboration de M. de Flamare, archiviste du Département, tient une place essentielle.

                                                      

Son auteur était éminemment donziais, étant issu d’une famille établie au XVème siècle en Puisaye. Le premier échelon connu fut un Regnault Mullot (+ avt. 1522), capitaine de Druyes, à qui la comtesse de Nevers attribua des terres, peut-être à l’occasion de son mariage avec une de ses Dames d’Honneur. Nous avons rencontré cette famille au Colombier (à Etais-la-Sauvin), qu’ils ont toujours détenu, ou à Maupertuis près de Druyes.

Ils portaient « d’azur à la bande d’argent chargée de trois coquilles de gueules, accompagnée de deux étoiles d’argent, l’une en chef, l’autre en pointe ».

                                                                     

Avec le temps le nom de la terre de Villenaut (aujourd’hui Les Villenots, un hameau d’Etais proche du Colombier) prit le pas sur le nom d’origine. Adolphe était le descendant direct à la neuvième génération de Regnault. Il avait eu une formation d’ingénieur des Arts et Manufactures et vécut à la fin de sa vie au château de Vauzelles, aux portes de Nevers.

Généalogiste nobiliaire du Nivernais, très documenté, il fut le digne héritier de l’abbé de Marolles, auquel il se référa constamment.

Il consigna les résultats de ses recherches dans cet ouvrage ambitieux, dont un seul tome, le second, consacré aux familles dont les noms commençaient par les lettres A à N, a été publié peu après sa mort. Un premier volume devait être consacré à un Historique du Pays de Nivernois, qui ne parut jamais.

Ce recueil est composé de notices consacrées à des lignées anciennes du Nivernais, auxquelles sont adjoints des notices plus courtes sur des familles alliées et un riche appareil de notes. Malgré quelques hypothèses que des travaux ultérieurs ont pu remettre en question, cet ouvrage reste la référence pour les généalogies traitées.

Le choix des notices principales peut paraître hétérogène. Ainsi on y trouve mis sur le même pied les Lamoignon et les sires de Mello ; les fameux Chabannes ou les anciens seigneurs de Lormes, sont présentés en note. Mais cette noblesse était effectivement diverse, et la vision de l’auteur était celle d’un érudit de la fin du XIXème siècle, influencé par ses contemporains malgré une quête évidente de vérité.

Un beau décor dans le goût de 1900, et une mise en page grand format, donnent à cet ouvrage un charme particulier. Il est aujourd’hui presque introuvable, mais il a été numérisé et on peut se procurer facilement une réimpression. Il est accessible en ligne sur Gallica : Nobiliaire de Nivernois.

                                            

 

Villenaut présente les générations, les mariages, les fratries, les titres et les fiefs, relie les lignées entre elles et renvoie de l’une à l’autre. Il déroule une sarabande de familles, survolant les vallons du Nivernais et les siècles. Cette cohorte nous devient familière malgré le nombre, et son travail imprègne nos articles.

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Le Chesnoy et Ferrières, à Entrains

(Illustration : minerai de fer)

Les environs d’Entrains, vieille cité romaine qui dominait la contrée avant l’avènement de Donzy, sont riches de sites castraux.

Au sud : Réveillon, dont le grand château néo-Louis XIII actuel rappelle l’importance passée du fief ; au nord-est Miniers et Saint-Cyr, disparus dans les bois, et plus loin Château-du-Bois et Les Barres (à Sainpuits), deux seigneuries considérables.

Au nord, au long de l’ancienne voie romaine reliant Interanum (Entrains) à Autessiodurum (Auxerre), le Chesnoy et Ferrières – à ne pas confondre avec le fief homonyme de Ferrières à Andrye – sont deux fiefs anciens souvent associés et dont l’histoire rejoint en partie celle de Réveillon.

Le Chesnoy (ou Le Chesnoy-les-Entrains), formait une seigneurie en toute justice relevant de la châtellenie d’Entrains. Malgré l’ancien nom de « Maison-forte du Chesnoy », on ne voit plus sur place de véritable trace castrale, mais un grand domaine agricole.

La famille du Chesnoy (plus tard « du Chesnay ») s’est prolongée jusqu’au XVIIème siècle notamment à Neuvy-sur-Loire. Le fief d’origine est passé au moins en partie, aux seigneurs de Réveillon, dont des descendants paraissent l’avoir conservé.

Un démembrement, sous le nom de « Chesnoy-le-Pré », par opposition à « la Maison-forte du Chesnoy », a été détenu par des bourgeois d’Entrains.

Ferrières tire son nom d’anciennes exploitations de minerai de fer. Ce fief était, selon Marolles et Baudiau, dans la mouvance du Chesnoy. L’ancien manoir, aujourd’hui une ferme, y est toujours visible (tour, pigeonnier), qu’on peut dater du XVIème siècle.

Le suite de ses seigneurs est malaisée à établir en l’état actuel de nos connaissances. Au fil des successions et des partages, ces fiefs ont été autonomes ou réunis et associés un temps à Réveillon, puis séparés à nouveau. Chacun d’eux paraît même avoir été divisé, avec plusieurs co-seigneurs.

L’examen de la succession de leurs seigneurs imposera donc un retour sur celle de Réveillon.

Voyez ci-dessous la notice – révisée en déc 21 mais tout à fait incomplète et provisoire – qui est consacrée à :

Le Chesnoy et Ferrières

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Duc de Donzy ?

Lu dans les Mémoires de Saint-Simon « M. de Donzi, hors d'espérance d'être duc, avait cherché à y suppléer par un mariage. Il le trouva dans la fille aînée de J.-B. Spinola, gouverneur d'Ath et lieutenant général des armées de Charles II, roi d'Espagne, qui en 1677 le fit faire prince de l'empire et le fit enfin grand d'Espagne, de la première classe pour un gros argent qu'il paya. Il n'eut point de fils, il n'eut que deux filles dont l'aînée eut sa grandesse après lui, et que Donzi épousa, et prit d'elle, en se mariant, le nom de prince de Vergagne. Il fallait craindre, à la vie qu'il menait, de se méprendre et de dire Vergogne… »

Qui pouvait bien être ce sulfureux M. de Donzi, alors que la lignée de ce nom s’était fondue dans celle de Nevers en 1199 ? C’est une longue histoire.

Comme nous l’indiquons dans les pages consacrées à l’histoire de la baronnie de Donzy, ce fief ne disparut que dans la nuit du 4 aout 1789. Certes, depuis le mariage d’Hervé IV et de Mahaut de Courtenay, Donzy n’était plus le titre principal de ses descendants. Mais Nivernais et Donziais subsistaient côte à côte comme des grands fiefs distincts.

Les comtes successifs de Nevers, bien qu’appartenant à des maisons princières (Bourbon, Bourgogne, Flandre, Clèves) conservèrent précieusement le titre de « baron de Donzy ». Il existait bel et bien, et marquait le contrôle d’un territoire connu de temps immémoriaux sous ce nom, entre Nevers et Auxerre. Au-delà des revenus qu’assurait cette baronnie, on puisait alors sa légitimité dans ces références anciennes, qui faisaient courir les plumes des notaires.

Le partage de la succession de Jean de Bourgogne (1415-1491), duc de Brabant et comte de Nevers – petit-fils de Philippe Le Hardi – avait même séparé Donzy de Nevers pendant quelques décennies au début du XVIème siècle, confirmant sa singularité préservée.

François Ier de Clèves (1516-1562) fut le premier duc de Nevers (1539). Ses succès militaires et la faveur royale lui avaient permis d’obtenir cette dignité et celle de Pair de France. Il obtint ensuite l’incorporation de Donzy à son duché-pairie (1549-1553), lorsque la baronnie lui revint. Il fut dès lors, et ses successeurs après lui « duc de Nevers et de Donzy ».

                                                         

Donzy entrait avec Nevers dans sa période "italienne". Son gendre et successeur, Louis de Gonzague, Pce de Mantoue (1539-1595) et les descendants de ce dernier, furent appelés « ducs de Nivernois et de Donziois ».

Charles II de Gonzague (1629-1665) vendit le duché au Cardinal Mazarin en 1659. Celui-ci en fit aussitôt (1660) don à son neveu Philippe Mancini (1641-1707), capitaine des Mousquetaires du Roi, qui fut Gouverneur et Lieutenant général du Nivernais pour le Roi, alors que le Parlement, trouvant sans doute cette intégration un peu rapide, refusait d’enregistrer son duché. Il était le frère de la belle Marie Mancini dont le jeune Louis XIV s'était épris. Il avait épousé une héritière nivernaise, Diane Damas de Thianges, nièce de Mme de Montespan.

                            

François Mancini-Mazarini (1676-1768) son fils, d’abord titré marquis de Donzy, suivant un usage du temps, fut Prince de Vergagne et du Saint-Empire, Grand d’Espagne de première classe, puis duc de Nevers et de Donzy quand il put enfin faire enregistrer par le Parlement de Paris le duché que lui avait légué son père (1720). C’est le fameux « M. de Donzi » de Saint-Simon.

Son fils Louis-Jules (1716-1798), dernier duc de Nivernais et de Donziais – dès 1730 par démission de son père – fut un personnage remarquable des règnes de Louis XV et de Louis XVI, qu’il servit comme ambassadeur à Rome, Berlin et Londres. Il était le gendre de Pontchartrain, ministre de Louis XIV. Ecrivain et poète, il fut aussi membre de l’Académie Française.

                                                                

Ainsi Donzy, revenu sur le devant de la scène des grands titres nobiliaires, terminait sa longue carrière féodale en beauté.

 

 

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