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Les bâtards de Clèves

(Illustration : armes de Clèves-La Marck-Bourgogne)

En épousant Elisabeth, fille de Jean de Bourgogne, comte de Nevers (XVème siècle), les comtes de Clèves et de la Marck, grands vassaux des ducs de Bourgogne, chevaliers de la Toison d’Or, héritent de ce comté et des terres associées. Ils figurent donc dans la suite des comtes de Nevers, barons de Donzy.

Il se trouve qu’à un échelon inférieur on rencontre en Donziais des représentants de deux lignées bâtardes de Clèves :

  • celle d’Herman, sire d’Asnois, fils naturel de Jean II  ;
  • et celle de François, abbé commendataire du Tréport, qui, non content d’être un fils naturel d’Engilbert de Clèves, comte de Nevers, eut une nombreuse descendance.

Leurs membres se sont alliés dans la contrée et on les retrouve en différents sites, en particulier à Alligny près de Cosne, une terre issue des anciens barons de Saint-Verain.

Louis de Clèves, le fils de l’abbé du Tréport, est connu sous le nom de « seigneur de Fontaine« , une petite terre à Pougny (voir cette fiche) plutôt que la « fontaine d’Alligny », sur laquelle la belle église Saint-Saturnin fut bâtie, comme certains auteurs l’avancent…

Voyez ci-dessous une notice généalogique sur ces deux lignées.

Bâtards de Clèves

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Croisy, fief et forge sur le Sauzay

(Illustration : ancre de marine en bord de Loire à Cosne)

Le fief de Croisy, à la Chapelle Saint-André, situé au bord du Sauzay en aval du village, non loin du Mée et du Grand-Sauzay, était également une petite forge spécialisée dans les ancres de marine, grâce à une importante dérivation du Sauzay.

Le site paraît avoir été détenu par les Dupin, de Varzy, dès l’origine au XVIème siècle, et passa par succession aux Grandrye puis aux Courvol. Au début du XVIIIème siècle il fut acquis par le nouveau seigneur de Corbelin voisin, Léonard Le Breton.

Les bâtiments industriels ont été conservés, mais le bief est à sec, la dérivation ayant été désactivée.

Une belle maison du XVIIIème, siège du domaine agricole ou maison du maître de forge, subsiste, en surplomb de la rivière.

Voyez ci-dessous une première approche de la succession des seigneurs de Croisy, et aidez-nous à la compléter…

Croisy  (V3 complétée le 1er oct 2021)

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Le Français qui possédait l’Amérique

En évoquant l’immense terre de Saint-Fargeau, aussi appelée « Terre de Puisaye » nous avons mentionné son acquisition en 1714 par Antoine Crozat, grand financier du règne de Louis XIV, à l’égal de son grand rival Samuel Bernard ou encore des frères Pâris – dont l’un fut un temps baron de Toucy. Il revendit d’ailleurs Saint-Fargeau l’année suivante à Le Pelletier des Forts, Surintendant des Finances et l’un de ses obligés.

                                                           

Antoine Crozat (1655-1738), né simple bourgeois à Toulouse, accumula d’immenses richesses, obtenues par son esprit d’entreprise sans doute, mais aussi par sa propension à l’agiotage et aux vastes combines douteuses mais rémunératrices. Il fut un véritable co-fondateur de la colonie de Louisiane, qui reste, malgré son destin américain, un petit bout de France. Il fut aussi un grand orchestrateur du commerce maritime intercontinental de son temps, armateur et négociant, par le truchement de Fermes, comme celle du Tabac, et de Compagnies, comme celle des Indes, qu’il disputa à John Law. Il prit hélas une large part à la face la plus sombre de ces trafics, celle qui maltraita l’Afrique et les Africains.

A la fin de sa vie, il construisit même le Canal de Picardie (ex Canal Crozat), au grand dam de Saint-Simon – dont il est facile de deviner qu’il n’aimait guère ce parvenu – qui se fit indemniser le moindre dommage occasionné à ses terres par ce grand chantier.

L’hôtel Crozat, place Vendôme – aujourd’hui le Ritz – regorgeait d’œuvres d’art, et le financier s’était rendu maître de grandes terres en plusieurs régions, étant ainsi marquis du Chatel et de Mouÿ, entre cent autres fiefs considérables, dont Saint-Fargeau un court moment. Il fut même admis dans le saint des saints : l’Ordre du Saint-Esprit, fondé par Henri III, dont il fut opportunément le Trésorier. Il en porte le grand cordon et la croix à la colombe descendante, sur son portrait par Belle (ci-dessus).

Nous évoquons Crozat car une passionnante biographie intitulée « le François qui possédait l’Amérique » ou « La vie extraordinaire d’Antoine Crozat, milliardaire sous Louis XIV », par Pierre Ménard, avec une préface d’Emmanuel de Waresquiel, vient de paraître dans la collection Texto (Tallandier).

Une incroyable épopée à cheval sur deux siècles, avec ses immenses succès et ses lourdes ombres, racontées avec brio et humour par un très jeune auteur, à partir d’une riche documentation. A lire absolument !

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Saint-Georges, à Corvol

(Illustration : la chapelle Saint-Georges, près de Corvol-l’Orgueilleux)

Tout en approfondissant l’histoire des principaux fiefs et châteaux du Donziais, nos recherches se portent également sur de plus petites terres, où toute trace seigneuriale a disparu, mais que nous rencontrons dans des actes.

Il en va ainsi de Saint-Georges, qui est un petit fief de la paroisse et châtellenie de Corvol-l’Orgueilleux, non loin du Grand-Sauzay, et dont on peut suivre la possession depuis la fin du  XVème siècle, malgré sa discrétion.

Aucune trace castrale n’est visible de nos jours dans ce hameau, où subsiste cependant une belle chapelle du XVème siècle.

Son histoire nous fait découvrir notamment les Rodon et les Blosset. Ces derniers n’étaient pas nivernais d’origine.

Voyez ci-dessous une première tentative d’établir la succession des seigneurs du lieu, qui devra être complétée au début et à la fin. Merci de votre concours !

Saint-Georges   (V2 du 22/12/21)

 

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Corvol, Courvol : clarifications…

Il y a en Nivernais deux Corvol : Corvol-l’Orgueilleux et Corvol d’Embernard ; et il y eut une famille d’extraction chevaleresque dite « de Courvol ».

Cela mérite une clarification plus poussée que celle que nous avions proposée dans un article des débuts de ce blog, auquel celui-ci se substitue donc…

A tout seigneur tout honneur : Corvol l’Orgueilleux, gros bourg du canton de Varzy, conserve quelques traces de son importance passée. C’était le siège d’une des châtellenies du Donziais, unie très tôt à celle de Billy voisine, ni l’une ni l’autre ne comprenant un grand nombre de fiefs. En fait « d’Orgueilleux », surnom inspiré pour certains par ses fortifications anciennes, Corvol était plutôt « Argileux », ce qui est plus prosaïque, si l’on en croît Dom Charles de Courvol auteur de la généalogie de sa famille. Le mot se serait déformé au fil des siècles.

Cette terre faisait partie des vastes domaines que Saint Germain, évêque d’Auxerre, avait légués à son diocèse ou à l’oratoire de Saint-Maurice (d’Agaune), qui fut à l’origine de l’ abbaye de Saint Germain d’Auxerre. C’est sans doute pourquoi elle a eu plus tard un statut baronnial en Donziais, puis comtal en Nivernais. Il y avait là, avant même l’église recensée par Saint Trétice en 691, un monastère relevant sans doute de la grande abbaye.

L’ancien château comtal, modifié au fil du temps, a été en partie conservé, près de l’église et donc de l’ancien couvent : c’est un édifice composite qui paraît aujourd’hui relativement modeste.

                                                

Il n’y a pas trace dans les sources disponibles d’une « seigneurie particulière » à Corvol, ou d’une « vicomté » comme on en trouve à Druyes ou à Entrains, autres places comtales. Le château abritait sans doute un « capitaine » et peut-être une petite garnison, chargée de faire respecter les droits comtaux. Mais ces fonctions féodales se sont diluées et n’existaient plus à l’avènement du duché (XVIème siècle).

Corvol aurait donné son nom à la famille de Courvol, selon Villenaut, qui précise qu’ils n’en étaient pas les seigneurs, mais qu’ils y étaient simplement possessionnés. Cette question est peu documentée et reste discutée.

Voyez ci-dessous une nouvelle notice, enrichie, sur la généalogie de cette famille :

 Famille de Courvol

Corvol d’Embernard, modeste village du canton de Brinon de nos jours, était un fief ancien de la châtellenie de Montenoison, et n’était donc pas en Donziais. A-t-il donné son nom à la famille de Courvol, où lui a-t-elle donné, étant originaire de Corvol-l’Orgueilleux , comme certains l’avancent ?

Son église est dédiée à saint Gengoult et tout semble indiquer que cette paroisse fondée au 9ème siècle s’est formée sous les auspices d’un certain Dom Bernard. Ainsi au 14ème siècle, elle est mentionnée sous le nom de Corvolum Domipni Bernardi. Qui était ce Bernard  ?

Le fief paraît être sorti assez tôt de la famille de Courvol, dans des circonstances qui restent obscures : des Courvol font hommage au XIIIème siècle, mais dès la fin du XIVème, d’autres familles se succèdent à Corvol.

Corvol-d’Embernard est très proche géographiquement du Donziais et a appartenu aux sires de La Rivière, d’où l’intérêt de se pencher sur la succession de ses seigneurs  : 

Corvol d’Embernard

Merci de vos remarques et suggestions pour enrichir cette documentation !

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