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Le Pavillon, un petit fief de Billy

A l’est de Billy-sur-Oisy, non loin de Savigny dont nous avons déjà parlé, et du « château Musard » où Mahaut de Courtenay séjourna, se trouve le petit fief du Pavillonaujourd’hui un domaine agricole – relevant de cette châtellenie, fusionnée avec celle de Corvol-l’Orgueilleux.

Ses premiers détenteurs cités sont les Chevalier, de Clamecy, au XVème siècle. Il passe ensuite aux Boucher, une famille de magistrats auxerrois originaire de Sens, connue plus tard sous le nom de Boucher de La Rupelle, un fief de Migennes (89) oublié par les cartes.

Voyez la notice ci-dessous qui tente d’établir la succession des seigneurs du Pavillon. Merci de vos remarques et propositions…

Le Pavillon (V1 du 9 mai 2020)

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Saint-Andelain, au coeur du vignoble

Sur le haut d’une colline dont les flancs en pente douce sont couverts de vignes, Saint-Andelain domine le vignoble de Pouilly et la vallée de la Loire.

Nous avons déjà cité ce fief dans les mains des seigneurs du Nozet à partir de 1600 environ, mais il a une histoire plus ancienne.

Il appartenait à la châtellenie de Donzy et jouxtait les terres du prieuré de La Charité à Pouilly, et celles du chapitre de Saint-Hilaire de Poitiers – Longrets –.

Il est cité dès le XIVème siècle, mais la succession des premiers seigneurs reste fragmentaire. Elle se fixe semble-t-il à partir de Jehan Baudu, un bourgeois de Cosne qui fut châtelain de Donzy, Cosne et Chateauneuf-Val-de-Bargis pour le comte de Nevers dans la deuxième moitié du XVème siècle. Saint-Andelain resta détenu par ses descendants jusqu’à son rachat par les sires du Broc, du Nozet.

Il n’y a pas de château visible à Saint-Andelain, bien que certains titres évoquent des hommages pour la « maison de Saint-Andelain » ; à l’exception d’un pigeonnier dans le bourg, qui en est peut-être l’ultime trace.

Cette paroisse, rattachée autrefois à l’abbaye de Saint-Laurent, est la seule à porter ce nom. Elle le tenait d’un prêtre du VIIème siècle. L’évêque d’Auxerre saint Vigile, réputé noble et guerrier, lui aurait donné cette terre familiale près de Pouilly, où Andelain se serait retiré en ermite.

Voyez ci-dessous une première notice traitant de la succession des seigneurs de Saint-Andelain. Merci de votre concours pour la compléter ou la corriger…

Saint-Andelain(V2 du 19 oct 2021)

 

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Les derniers seigneurs de Saint-Verain

La seigneurie de Saint-Verain, qui fut parfois appelée « baronnie » en raison de son importance, du prestige et des alliances de ses titulaires, et de son contrôle sur un très grand nombre de fiefs à l’ouest de la Puisaye et jusqu’aux portes de Donzy, termina son existence autonome à la fin du XVème.

Elle fut alors reprise par Jean, comte de Nevers – avec l’appui du roi auquel  il était fidèle malgré son appartenance à la Maison de Bourgogne – et  rattachée à la baronnie de Donzy dont elle devint une simple châtellenie.

Les partages intervenus entre les héritiers de la Maison d’Amboise-Chaumont, qui avait succédé aux sires originels de Saint-Verain par le mariage de leur unique héritière Jeanne avec Hugues d’Amboise, sgr de Chaumont, avaient donné lieu à d’interminables procès au XVème siècle. Ces luttes familiales étaient exacerbées par le contexte de la Guerre de Cent Ans : l’un des protagonistes, Jean d’Egreville, qui occupait le château, était Bailli de Sens et d’Auxerre pour le duc de Bourgogne ; alors que l’héritier le plus légitime, Pierre d’Amboise, un grand seigneur de son temps qui finalement l’emporta, était un partisan déterminé du roi de France. Il fut le père de 5 évêques, dont le fameux cardinal Georges d’Amboise.

Voyez la mise à jour que nous venons de faire de la présentation des seigneurs successifs de Saint-Verain : Saint-Verain (accessible également par le menu principal : cadre féodal, grands fiefs voisins)

Elle donne des indications plus précises sur cette période troublée, grâce à deux sources précieuses :

  • l’ouvrage de Léon et Albert Mirot : « La seigneurie de Saint-Verain-des-Bois, des origines à sa réunion au comté de Nevers (1480) » (Delayance, La Charité, 1943) ;
  • « l’Inventaire des Titres de Nevers » de l’abbé de Marolles, édité par Soultrait (Paulin Fay, Nevers, 1873)

Ce travail devra être enrichi, car l’histoire des sires de Saint-Verain, liée à celle de l’Abbaye cistercienne de Roches à Myennes qu’ils avaient fondée et qui fut leur nécropole, recèle encore bien des mystères. Ils ont tenu une place importante dans l’histoire de la région et pris une part active à l’épopée des croisades, dont de nombreuses traces subsistent dans les noms de lieux aux alentours.

Nous aimerions comprendre mieux leur origine : étaient-ils liés aux barons de Donzy, comme l’enchevêtrement de leurs terres respectives le suggère, qui aurait pu résulter d’une partage familial ? Le premier Gibaud (Wibald) était-il parent de l’évêque Hugues de Chalon, qui avait structuré féodalement le diocèse d’Auxerre et ces terres contrôlées par sa famille, comme ses voisins et pairs de Donzy et de Toucy ?

Nous souhaiterions en savoir plus sur l’histoire du château de Jérusalem, près de Saint-Verain, très peu documentée, ou sur celles de plusieurs terres des environs qui étaient sous leur contrôle, inféodées à des seigneurs locaux : Annay, Arquian, Alligny, Bouhy…par exemple ; ou encore celle de Presles, à Cours, qui reste à écrire.

L’émotion étreint à chaque fois le visiteur de Saint-Verain qui compare les pauvres restes de cette puissante forteresse engloutis sous la végétation, aux images et reconstitutions proposées de sa configuration ancienne : puissants seigneurs et sombres luttes ont animé ce lieu tout au long du Moyen-Age, il y a bien longtemps…

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Une parenthèse méridionale à la Renaissance

(Illustration : Odet de Foix, maréchal de Lautrec, par Clouet)

La baronnie de Donzy était associée au comté de Nevers depuis le mariage d’Hervé IV et de Mahaut de Courtenay en 1199, et le resta jusqu’à la Révolution. Il y eut pourtant une éclipse à la fin du XVème siècle et au début du XVIème : elle échut pendant trois générations par des alliances aux Maisons d’Albret et de Foix, avant de revenir à la maison de Nevers-Clèves. C’est cette parenthèse curieuse que nous voulons évoquer ici.

Jean de Bourgogne, dit « de Clamecy » (1415-1491), comte de Nevers, Auxerre et Rethel, duc de Brabant et baron de Donzy, s’était marié trois fois et avait deux filles comme héritières. Voyez à ce sujet notre notice sur les comtes de Nevers (menu principal).

L’aînée, Elizabeth (+1483), fille de Jacqueline d’Ailly, porta le comté de Nevers à la Maison de Clèves, par son mariage avec Johann, comte de Clèves et de La Marck, célébré en 1455 à Bruges. On restait dans le vaste espace de la Bourgogne ducale.

La seconde, Charlotte (+ 1500), fille de Paule de Brosse, eut en partage le comté de Rethel et la baronnie de Donzy. Elle n’eut pas de postérité de sa première union avec Charles de Valois-Angoulême, et la seconde avec Philippe Le Beau de Habsbourg ne s’accomplit pas. Elle épousa en troisièmes noces (1486), Jean d’Albret, sire d’Orval, Gouverneur de Champagne et de Brie.

Ils eurent à leur tour deux filles. L’aînée Marie retrouva la Maison de Clèves-Nevers en épousant Charles, fils d’Engilbert et petit-fils d’Elizabeth (ci-dessus) ; cette union était de nature à réunifier Nevers, Rethel et Donzy.

Mais la cadette, Charlotte d’Albret, avait épousé en 1520 à Gien Odet de Foix « Maréchal de Lautrec » (1485-1528), comte de Foix et de Comminges, qui entendait que son épouse  et lui-même ne soient pas lésés dans la succession.

                                                  

(Charlotte d’Albret, par Clouet)

C’était un puissant seigneur et un grand chef militaire, fils du vicomte de Lautrec, d’une branche cadette de la Maison de Foix-Béarn, et de l’héritière du Comminges. Il fut sénéchal de Guyenne, menant les guerres de cette région dont il était le maître au nom du roi ; maréchal de France (1511) ; gouverneur du Milanais (1515) ; Lieutenant général de l’armée d’Italie (1523), accompagnant François Ier, dont il était proche, dans ses campagnes. Il mourut d’une « fièvre maligne » en 1528 devant Naples.

Sa valeur personnelle et la notoriété de sa famille expliquent cette brillante carrière, mais les faveurs que sa sœur Françoise – mariée à Jean de Laval-Chateaubriand – accorda au roi, dont elle fut l’une des premières maitresses, n’y furent peut-être pas étrangères.

Il portait les armes de Foix-Béarn-Comminges  : « écartelé : aux 1 et au 4 d’or aux trois pals de gueules (Foix) ; au 2 d’or aux deux vaches de gueules, accornées, colletées et clarinées d’azur passant l’une sur l’autre (Béarn) ; au 3, d’argent à une croix pattée de gueules (Comminges). »

                                                                               

Dès son mariage, il avait revendiqué le comté de Rethel et la baronnie de Donzy. Il obtint gain de cause après une longue bataille juridique. L’Inventaire des Titres de Nevers cite plusieurs actes de partage de 1524 et 1527, après le décès de Charlotte, et un accord global répartissant les biens, daté curieusement de 1542. Il se vit donc confirmer la possession, du chef de sa femme, du comté de Rethel, des baronnies de Rosoy et de Donzy, y compris Chateauneuf-Val-de-Bargis et Saint-Verain, de terres en Champagne, sans parler de biens venus des Albret en Guyenne ou en Berry.

Son fils Henri de Foix, lui succéda dans ses différentes possessions, mais il mourut sans alliance à 17 ans en 1540. L’Inventaire des Titres de Nevers (p. 564) cite : « un livre de plusieurs feuillets en parchemin couvert de velours violet, avec des fermaux et bossettes de cuivre doré, armorié des armes de Foix et de Béarn, et doré sur tranche. Le dedans enluminé de plusieurs figures représentant Mgr Henri de Foix, comte de Rethel, sgr de Lautrec, et accompagné de ses tuteurs, recevant les hommages de ses sujets, assis sous un dais magnifique, et les armoiries de Foix-Béarn au-dessus… ». Il s’agissait d’un registre d’hommages qui lui furent rendus en 1533 et 1534, par le truchement de ses tuteurs : l’évêque de Couserans et son oncle Jean de Laval – le mari de la belle Françoise -. Ils concernaient notamment la baronnie de Donzy et ses châtellenies dûment énumérées : Donzy, Entrains, Saint-Verain, Corvol, Druyes, Saint-Sauveur, Châteauneuf, Etais, Billy et Cosne. Ce beau témoignage d’une phase peu connue de l’histoire de la baronnie, qui nous en redonne les contours, a malheureusement disparu, comme la plupart des titres originaux de Nevers.

Claude de Foix, soeur d’Henri, dame d’honneur de Catherine de Médicis, épouse de Guy de Laval, lui succéda dans tous ses titres, comme le confirme un hommage de 1543 par Jean Tenon pour Nanvignes (Menou) « à cause de Donzy, possédé par Guy de Laval et Claude de Foix sa femme » (Marolles, p. 559).

                                                      

A la mort de Claude en 1553, Donzy et Rethel revinrent à son cousin François de Clèves, comte de Nevers pour qui l’ensemble fut érigé en duché-pairie .

Ainsi s’achevait cet épisode. On ne sait si le maréchal de Lautrec trouva le temps, entre deux campagnes, de visiter ses terres donziaises…Cela paraît peu probable puisqu’il n’en jouit effectivement que trois ou quatre ans, et se trouvait alors en Italie.

 

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Une belle carrière ecclésiastique !

A la veille de sa mort à La Charité, au mois d’octobre 1619, « illustre et révérend père en Dieu messire Jean de Clèves, evesque de Bethléem, abbé de l’abbaye de Toussains en l’île de Chaalons, prieur seigneur de La Charité » fonda un anniversaire et cinq saluts dans l’abbaye. Son neveu et légataire Antoine de Clèves, comte de Rosoy, devait délivrer aux moines les sommes correspondantes (Source : Cartulaire de La Charité, édité par R. de Lespinasse).

Nous avons déjà rencontré ce personnage comme évêque de Bethléem à la suite de son oncle Louis, et noté son existence dans la généalogie des bâtards de Clèves. Il était le fils de Louis, sgr de Fontaine (à St-Père) ; le petit-fils de François, abbé du Tréport ; et donc l’arrière-petit-fils « par la main gauche » d’Engilbert, comte de Nevers.

Ses armes figurent sur la cheminée du petit manoir de Charly à Chaulgnes, possession des prieurs de La Charité : « Ecartelé: aux 1 et 4, d’azur, à trois fleurs de lys d’or, à la bande de gueules, chargée de trois lionceaux d’argent, brochant sur le tout (qui est Bourbon-Vendôme); aux 2 et 3, contrécartelé, au 1 et 4, parti de gueules, au ray d’escarboucle, pommeté et fleurdelysé d’or de huit pièces, enté en cœur d’argent, à l’escarboucle de sinople (qui est de Clèves) et d’or, à la fasce échiquetée d’argent et de gueules de trois tires (qui est La Mark); et aux 2 et 3, écartelé d’azur, à trois fleurs de lys d’or, et de gueules à la bordure engrêlée d’argent (qui est d’Albret-Orval) ». (Source : Armorial de Soultrait, et Epigraphie héraldique du département de la Nièvre, par le Cte de Sornay-Soultrait)

Les armes de Bourbon-Vendôme, celles de son arrière-grand-mère qui faisait de lui un cousin du roi régnant, figurent curieusement en premier ; mais aucune allusion à la bâtardise dans cet écu sophistiqué.

A la vérité, cet aimable jeune homme, chanoine régulier de Saint-Augustin, n’avait pas eu à fournir de grands efforts pour obtenir ces fonctions : il avait succédé comme abbé de Bourras et de Toussaint de Châlons, comme Prieur de La Charité (en 1606) et comme évêque de Bethléem (en 1615) à son oncle Louis de Clèves.

Comme prieur de cette fille aînée de Cluny pendant 13 années, fonction à laquelle il ajouta celle d’évêque de Bethléem – il est vrai assez légère – il n’a laissé comme trace qu’une tombe dans le choeur.

Voyez à ce sujet la notice détaillée que nous proposons par ailleurs : Prieurs de La Charité

Mais Jean de Clèves avait aussi obtenu dans ses premières années des petits bénéfices en Donziais. Il est probable que son oncle avait « résigné » en sa faveur ces premiers titres, comme il résigna plus tard ceux de Bourras, de La Charité et de Bethléem.

Les ressources inépuisables du site « cahiers-du-val-de-bargis » – auquel nous avons souvent recours et que nous vous recommandons – nous le font retrouver comme prieur de Cessy en 1602 pour la vente d’une grange, ou pour le bail de la dîme de Cœurs :

« A tous ceulx qui ces p[rése]ntes lettres verront Philippes de Franay conseiller du Roy not[re] sire advocat au baill[ia]ge et siege presidial d’Aucerre, bailly de Cessy et St Malou les Boys et garde du scel estably aux contractz desditz lieulx pour noble et scientifique personne messire Jehan de Cleves conseiller et aumosnier du Roy not[re] sire abbé de Toussaintz en l’Isle de Challons et seign[eur] prieur spirituel et temporel desditz Cessy, St Malou les Boys, Coches et Viel Mannay, mambres et deppandan[ces] salut…… ».

Nous avons évoqué cette vieille abbaye relevant de St-Germain-d’Auxerre ; elle n’était plus que l’ombre d’elle-même après les ravages des Guerres de Religion, et il n’en reste rien. Ses biens et ceux subsistants de l’ancienne abbaye de Coche à Vielmanay ; ceux du prieuré disparu de Mannay ; et ceux détenus à Saint-Malo qui était dans la dépendance de Cessy, avaient été unis pour étoffer ce bénéfice et en faciliter l’administration. C’était devenu une quasi-seigneurie laïque sans présence monastique.

Il semble qu’en 1602 Jean de Clèves n’était pas encore abbé de Bourras – sur le territoire de cette même paroisse de Saint-Malo-en-Donziais – mais ce n’était que partie remise. Notons qu’il était dès cette époque « conseiller et aumônier du Roi », une charge héritée également de son oncle.

Les Clèves-Fontaine, oncle et neveu, nous fournissent un bel exemple du népotisme et de la simonie qui prévalaient alors. Il s’agissait d’obtenir du roi, grâce à un appui puissant – celui du duc de Nevers, en l’occurrence – des « bénéfices » procurant des revenus significatifs. On y renonçait de son vivant en faveur d’un neveu. On transmettait ainsi comme un patrimoine privé des droits sur des biens ecclésiastiques au nez et à la barbe d’un pouvoir royal complaisant. Il n’était pas interdit d’avoir une vocation religieuse et de s’y consacrer, mais ce n’était pas indispensable…

Ce scandale minait la confiance dans l’Eglise et dans ce pouvoir ; il perdura pourtant sur une grande échelle jusqu’à la Révolution.

Luther et surtout Calvin s’étaient élevés quelques dizaines d’années plus tôt contre ces pratiques. Leurs partisans avaient d’ailleurs détruit la plupart des monastères de la région, mais leurs biens fonciers étaient là et continuaient d’aiguiser les appétits.

Encore faut-il rappeler que certains huguenots connaissaient le système de l’intérieur : Jean de Marafin – frère de François, sgr de Vieux-Moulin, capitaine protestant de La Charité et lieutenant de l’Amiral de Coligny – avait été « abbé commendataire de Bourras et de Cessy » et « archidiacre de Decize » quelques années avant d’embrasser la Réforme. Théodore de Bèze lui-même, successeur de Calvin à Genève, dont la famille était implantée en Nivernais et en Donziais, n’avait-il pas bénéficié de la protection de son oncle Nicole de Bèze, « archidiacre d’Etampes, prieur commendataire de Mello, Abbé de Saint-Eptade de Cervon, Prieur du Val-Saint-Eloi à Longjumeau« ….etc. ?

Une époque décidément bien troublée et déliquescente…

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