Tous les articles par Administrateur

Terres et seigneurs en Donziais : la synthèse

Comme je l’avais annoncé, j’ai élaboré une synthèse des recherches effectuées pour documenter ce site, qui propose un développement chronologique et des approches thématiques, pour éclairer l’histoire de la féodalité en Donziais et sa singularité, entre Auxerre et Nevers, en la reliant aux étapes de la grande Histoire.

Elle s’articule en 7 parties :

  • La matrice auxerroise
  • La baronnie de Donzy
  • L’élan monastique
  • Donzy et Nevers
  • Des seigneurs et des terres
  • La dissolution de la féodalité
  • Dernières folies

Je viens de publier ce travail sous la forme d’un livre, sur la plate-forme KDP-Amazon 

Il est disponible dans une édition brochée (335 pp.), avec petites illustrations en couleur, appareil de notes et bibliographie, au prix de 20,99 € (+ port, livraison en quelques jours….)

Vous pouvez vous le procurer sur Amazon (livres, entrée par le titre ou par l’auteur) ou en cliquant sur le lien ci-dessous  :

« TERRES ET SEIGNEURS EN DONZIAIS – La baronnie de Donzy des origines à la Révolution »

Merci de votre attention, de votre soutien et …bonne lecture !

Je serai bien sûr très intéressé de connaître vos appréciations…

D. CHABROL

Share

Les seigneurs de la Rivière d’Yonne…

Connaissez-vous Henri Coeffier de Ruzé d’Effiat ?

Non ? Vous êtes sûrs ? Et si l’on vous dit qu’il était Grand-Ecuyer de France – « Monsieur le Grand » – favori de Louis XIII, introduit auprès de lui par le Cardinal de Richelieu ?

Peu avant sa propre mort, ce grand ministre lui fit cependant couper la tête sur la place des Terreaux à Lyon alors qu’il n’avait que 22 ans, car il avait participé à une conspiration contre lui avec Gaston d’Orléans, l’oncle du roi, et son ami François Auguste de Thou. Henri était mécontent en fait de se voir refuser un duché et la main de Marie de Gonzague-Nevers, celle-là même qui devint Reine de Pologne.

Ca y est, vous y êtes : c’est le fameux Cinq-Mars !

Il était le fils cadet d’Antoine Coeffier, Surintendant des Finances, ambassadeur, maréchal de France, marquis d’Effiat en Auvergne, de Longjumeau et de Chilly, et seigneur de bien d’autres lieux. Ces terres et titres marquaient la faveur du Roi pour ce grand serviteur issu d’une lignée bourgeoise qui comptait plusieurs maires de Tours. Les Coeffier, originaires d’Aigueperse, portaient : «De gueules, au chevron fascé-ondé d’argent et d’azur de six pièces, acc. de trois lions d’or », des armes reprises de leurs ancêtres Ruzé, de Touraine, éteints.

                                                                       

Henri quant à lui ne fit pas bon usage de la faveur royale. Il mena une existence dissolue, subissant l’influence de sa maîtresse, la trop fameuse Marion de Lorme, et se laissa entraîner par vanité dans cette aventure dissidente sans autre issue que le billot.

Fort bien, me direz-vous, mais que vient faire ici le marquis de Cinq-Mars ?

C’est qu’il était seigneur en Donziais. Il y détenait le fief dit « de la Rivière d’Yonne », que son père avait dû recevoir ou acquérir au tout début du siècle. Le bassin de cette belle rivière ne reçoit-il pas les eaux de Druyes-les-Belles-Fontaines et celles du Sauzay. Il s’agissait d’une construction féodale originale comprenant un ensemble de droits sur la rivière : haute, moyenne et basse justice, ainsi que l’exclusivité de la pêche. Cela devait représenter de beaux revenus – affermés par lots sans doute – si l’on en juge par la qualité des détenteurs successifs avant les Coeffier : Dreux de Mello au début du XIVème siècle, Jean de Bourgogne-Nevers lui-même au XVème, Louis de Sainte-Maure, connu comme comte de Laval, au XVIème. La dévolution précise du fief reste cependant à établir…

Pour des raisons difficiles à identifier, son titulaire devait hommage au comte de Saint-Fargeau, au titre de la baronnie de Perreuse, située en Donziais. Peut-être cet improbable fief aquatique venait-il des barons de Toucy du Moyen-Age, détenteurs de Saint-Fargeau et Perreuse, dont une descendante directe avait épousé Dreux de Mello ? Pour Cinq-Mars en tout cas le suzerain était une suzeraine : Marie de Bourbon-Montpensier, comtesse de Saint-Fargeau – petite-fille de la fameuse Princesse de Montpensier de Mme de La Fayette, et mère de la Grande Mademoiselle -, duchesse d’Orléans par son mariage avec Gaston, le mentor de notre Grand-Ecuyer pour le meilleur et pour le pire.

Cinq-Mars n’eut pas le temps de se marier et de procréer. Ses biens, dont les droits sur la Rivière, passèrent à sa sœur Marie, qui avait épousé Charles de La Porte, duc de la Meilleraye, Grand-Maître de l’Artillerie, Maréchal de France – dont ont peut voir l’appartement reconstitué à l’Arsenal -. L’Yonne et ses poissons étaient en bonnes mains. Leur fils Armand-Charles fut duc de Mazarin et de Mayenne par son mariage avec la belle et riche Hortense Mancini, nièce du Cardinal, qui le fit donc beau-frère du nouveau duc de Nevers.

Ensuite notre fief subit le sort commun et fut plusieurs fois revendu à de riches parlementaires et à un fermier général : Etienne Pierre Masson de Maison-Rouge, dont le père avait acquis de grandes terres dans les environs de Cosne : Buranlure en Sancerrois, Montchevreau et Mocques.

Les derniers seigneurs de la Rivière d’Yonne furent à l’image du système finissant : un magistrat auxerrois issu d’une vieille famille donziaise, Joseph Le Muet, sgr de Bellombre, et un négociant en vins, maire d’Auxerre, Edme-Germain Villetard.

Sic transit….

Share

L’affaire du Bailliage

L’affaire dite « du Bailliage », qui a occupé les historiens du Donziais, est illustrative de la dualité du statut de notre petit pays jusqu’à la Révolution. Unie au comté de Nevers depuis le mariage d’Hervé avec Mahaut de Courtenay, la baronnie de Donzy continuait cependant à relever féodalement des évêques d’Auxerre, et la Coutume d’Auxerrois s’y appliquait.

Les comtes, barons de Donzy, avaient créé un Bailliage à Donzy à la fin du XIIIème siècle –  comme à Nevers – pour que la justice baronniale y soit rendue. Cette instance subsista jusqu’à la Révolution. Le premier Bailli de Donzy connu, vers 1295, fut Jean de Varennes, un chevalier de Châteauneuf-sur-Allier. Hugues Le Muet, sgr de Nanvignes et du Moulin de Maupertuis à Donzy, fut « Grand-Bailli de Donziois » de 1390 à 1413. Nous avons évoqué cette famille importante qui tint également Corbelin. La charge de bailli revint inévitablement aux sires de La Rivière : Jean, sgr de Champlemy, vers 1460, et son fils François, vers 1500. Mais, son prestige déclinant, elle fut ensuite confiée à de simples hommes de loi comme François Frappier (1620-1688).

Mais dans le mouvement puissant d’affirmation du pouvoir royal ces structures locales furent progressivement supplantées par des bailliages royaux.

Philippe Auguste, souverain réformateur, avait eu à cœur de structurer son royaume pour l’unifier et limiter les pouvoirs des grands féodaux. Il avait donc créé les bailliages royaux à la fin du XIIème siècle. Le bailli, officier nommé par le roi, un chevalier parfois de haute noblesse, exerçait un commandement solennel en son nom. Il rendait la justice, percevait les impôts et recevait les plaintes contre les seigneurs locaux. Au fil du temps et de l’avènement d’autres représentants du roi (receveurs, intendants et gouverneurs), la fonction des baillis se recentra sur la Justice et leur compétence s’élargit, reléguant les bailliages locaux au traitement de causes subalternes.

Le bailliage royal de Sens fut le premier créé en 1184. Ce choix s’imposait : l’ancienne cité des Senons, dont le comté avait été rattaché tôt à la Couronne, n’était-elle pas la métropole religieuse de Paris ? Le bailli représentait le roi dans une vaste zone, d’ailleurs mal définie, entre bassin parisien et Bourgogne, incluant le diocèse d’Auxerre. Des subdivisions furent progressivement créées, dont la prévôté de Villeneuve-le-Roi vers 1250. Notre ancien diocèse en relevait. Le Nivernais quant à lui relevait de Bourges, mais en 1361, un autre bailliage royal était créé à Saint-Pierre-le-Moutier.

                                                 

Sceau du Prévôt de Villeneuve-le-Roi

Après le rachat du comté d’Auxerre en 1370, le roi établit un siège de justice dans la ville, associé à celui de Sens. La charge de « Bailli de Sens et d’Auxerre » fut confiée à de hauts personnages comme Jean de La Rivière (1374), Premier Chambellan. Au début du XVème siècle le duc de Bourgogne, dominant la région comme un souverain, avait nommé des baillis à sa solde, tel Guy d’Egreville, baron de Saint-Verain, puis son fils Jean, qui avaient livré cette place aux anglo-bourguignons. La paix revenue et le pouvoir du roi rétabli : Guillaume Jouvenel des Ursins, grand serviteur du roi, que nous avons rencontré comme seigneur de la Motte-Josserand, fut à son tour bailli avant d’être Chancelier de France.

A la création du siège d’Auxerre, les seigneurs donziais avaient protesté de leur attachement à Villeneuve-le-Roi, car cette prévôté présentait à leurs yeux l’avantage d’être éloignée et donc potentiellement moins intrusive. Ils redoutaient également une confusion avec le comté d’Auxerre et ses conséquences fiscales.

Le bailliage d’Auxerre fut finalement détaché de celui de Sens en 1477 après l’annexion de la Bourgogne. Sa compétence s’étendait sur tout le diocèse, soit 430 justices seigneuriales, dont Donzy, Saint-Verain et leurs arrière-fiefs. Il fut érigé en Siège Présidial en 1557, avec des compétences élargies et une structure renforcée : un lieutenant général exerçait la réalité de la fonction aux côtés du bailli – un titre devenu honorifique – assisté d’un lieutenant criminel et d’un lieutenant particulier. Avocats et procureurs du roi animaient une activité judiciaire intense, sous le contrôle du Parlement de Paris.

Des seigneurs du Donziais s’y employèrent : Jean de Thiard, sgr des Granges à Suilly-la-Tour par exemple, fut Lieutenant général (1494-1504) ; Edme du Broc, qui avait acquis cette même terre ainsi que le Nozet à Pouilly, et son fils Guillaume, furent successivement Lieutenant criminel (1550-1580).

Mais ce rattachement ne faisait pas l’unanimité, d’où « l’affaire du Bailliage ».

Les seigneurs donziais étaient hostiles à cette assimilation auxerroise, dont ils craignaient les effets fiscaux ou autres ; leurs intérêts et leurs liens familiaux les portaient de plus en plus vers le Nivernais. Les ducs quant à eux, excédés de devoir toujours rendre hommage à l’évêque d’Auxerre pour Donzy et Saint-Verain, aspiraient à un fonctionnement unifié de leur grand fief sous la Coutume de Nivernais. Mais les magistrats auxerrois, nombreux et influents, défendaient bec et ongles leur compétence sur l’ensemble du diocèse – et les avantages qui en résultaient pour une armée de robins – ainsi que l’application de leur coutume, s’appuyant sur l’architecture féodale traditionnelle, avec l’appui des évêques successifs.

Au début du XVIème siècle cette question faisait toujours l’objet d’une vive controverse. L’affaire fut portée devant le Parlement qui donna raison aux auxerrois en 1523, faisant ainsi prévaloir la tradition féodale. Des séances de concertation avec la noblesse locale furent organisées en vue de l’acceptation de cette décision, à Varzy, Cosne, St-Fargeau, Donzy, Druyes et Clamecy, dont l’abbé Lebeuf a fait le récit. Tout le monde se rangea finalement à la solution auxerroise, à condition toutefois qu’elle n’emporte pas dépendance du Gouvernement d’Auxerre ou de celui de Bourgogne, ce qui fut acté.

Cette Affaire du Bailliage connut encore des avatars, comme la réformation de la Coutume d’Auxerre, publiée à Paris en 1563. Le contentieux sur le ressort du bailliage ne fut définitivement clôturé au Parlement qu’au XVIIIème siècle.

L’Ancien Régime s’épuisait dans ces querelles de préséance…

Share

Archers de la Garde Ecossaise

En approfondissant l’histoire du fief de Savigny, à Billy-sur-Oisy – voir cet article récemment augmenté – nous sommes tombés sur un nouvel exemple d’implantation dans la région d’un Archer de la Garde Ecossaise : Thomas Gordon.

Une occasion de revenir sur ce corps d’élite, et de vous signaler d’autres exemples déjà rencontrés.

La Garde Ecossaise fut la concrétisation de la vieille amitié des royaumes d’Ecosse et de France – la fameuse  Auld Alliance (1295) – unis dans une même détestation de l’Anglais. Créée vers 1420 par Charles VII avec le roi Jacques Ier « le Captif », elle constituait la garde personnelle du Roi, témoignage éclatant de la confiance accordée aux gentilshommes venus d’Ecosse qui la composaient. N’étaient-ils pas aux côtés de Jeanne d’Arc pour le siège d’Orléans ? La Garde comprenait cent hommes et fut ensuite intégrée aux troupes de la Maison militaire du Roi. Tous écossais à l’origine, ils étaient commandés par un prince issu de la maison royale d’Ecosse (Stuart). Au fil du temps, la Garde écossaise intégra des officiers français. Le roi François Ier l’augmenta jusqu’à 4 compagnies.

Ses membres se signalaient par un pourpoint chamarré vert, blanc et rouge sur leur armure et un plumet de même sur leur casque ; ils étaient armés de lances et d’arcs. La qualité d’ « Archer de la Garde écossaise » était donc prestigieuse. Servant dans ce corps pendant de longues années, certains d’entre eux s’implantèrent en France, épousant de jeunes héritières et bénéficiant des faveurs du souverain ou de ses représentants.

                                                           

Le roi Charles VII, représenté en roi mage, entouré de sa garde

L’exemple fut donné par leurs chefs comme John Stewart, lord Darnley (1365-1429), parent du roi Jacques, premier Capitaine de la Garde du roi, « Connétable des Ecossais en France ». Etabli comme seigneur d’Aubigny par le roi en 1423 (Aubigny-sur-Nère, une terre du domaine royal), il y fonda la lignée prestigieuse des Stuart d’Aubigny, alliée aux plus grandes familles françaises. Robert Stuart, « Maréchal d’Aubigny » (1470-1544), capitaine des écossais et Maréchal de France, était son arrière-petit-fils, marié à sa cousine Anne, héritière d’Aubigny.

On trouve plusieurs exemples de gentilshommes écossais – souvent des cadets de clan qui s’exilaient pour faire fortune – établis en France et tout particulièrement en Berry (à cause d’Aubigny), Nivernais-Donziais et Bourgogne auxerroise. Ils francisaient rapidement leur nom et s’intégraient par des alliances à la noblesse locale.

C’est ainsi que nous avons rencontré au fil de nos pérégrinations plusieurs archers écossais :

  • Thomas Stutt (d’où la famille d’Estut d’Assay), issu des Stutt of Laggan, qui portaient après leur installation en France : « Écartelé aux 1 et 4 palé de sable et d’or, à 6 pièces ; aux 2 et 3 d’or au cœur de gueules »; il fut seigneur d’Assay, en Berry ; son second fils Alexandre devint seigneur de Saint-Père, près de Cosne, par son alliance avec Jeanne d’Assigny en 1517 ; en épousant Françoise de Bar en 1586, leur petit-fils François devint seigneur de Tracy que leurs descendants conservèrent ;
  • John Ogilvy (Jehan d’Augulby), seigneur de Dreigny à Colméry et de Levraux, capitaine de Marcy, issu sans doute du clan Ogilvy qui portait : « Argent a lion passant guardant Gules crowned with an imperial crown Or» ; une lignée modeste, vite éteinte en Donziais ;
  • Adam Cockburn (famille de Cockborne), maréchal des logis de la Garde écossaise, issu des barons de Langton, qui portaient : « Argent three cocks gule »; sgr de Villeneuve-les-Chemins près de Saint-Florentin, puis de Magny et de la Rippe à Merry-sur-Yonne (chât. de Chatel-Censoir) ; il fonda une lignée qui subsiste de nos jours
  • James Kincaid (Jacques de Quinquet), issu des Kincaid du comté de Dunbarton qui portaient : « Gules, a fess Erimine between two mullets in chief Or and a tripletowered castle in base Argent, masoned Sable » ; sgrs de Montifaut (à St-Brisson-sur-Loire, 45), puis de la Vieille-Ferté (La Ferté-Loupière, 89, une terre acquise par une alliance avec une Courtenay), d’où était issu Charles-Roger de Quinquet, sgr de la Montoise (Ste-Colombe, 58) ; cette famille s’éteignit au XIXème siècle ;
  • John Peterson (famille Pietresson), issu du clan de ce nom au comté d’Aberdeen, qui portait : « Sable on a cross, betw. four lions’ heads, erased, argent five eagles, displayed, of the field »; capitaine d’Asquins près de Vézelay ; son fils Jean devint seigneur de Saint-Aubin (Saint-Brancher, 89) par son alliance avec Diane de Lanvault au début du XVIIème siècle, d’où les Pietresson de Saint-Aubin que nous avons croisés à la Cour-des-Prés (Treigny, 89), et dont le nom subsiste de nos jours ;

Ces archers devenus gentilshommes campagnards conservaient sans doute la nostalgie de leurs rudes montagnes, mais ils avaient apprécié la douceur du Val de Loire.

Depuis ce moyen-âge guerrier, l’amitié franco-écossaise n’a pas faibli, régénérée par Marie Stuart, Reine de France de 1558 à 1560, qui avait renouvelé l’Auld Alliance avec François Ier par le traité d’Edimbourg (1543). Les bag-pipers de Lord Lovat, chef du clan Fraser, débarquant à Sword Beach le 6 juin 44, ont réincarné glorieusement cette longue fidélité.

Share

La ferme fortifiée de Sauzay à Corvol

(Illustration : le vicomte de Toulongeon, dernier sgr de Sauzay)

Nous avions proposé un article sur la ferme fortifiée de Sauzay à Corvol. Des recherches complémentaires nous ayant permis d’enrichir l’histoire de ses seigneurs successifs, nous proposons une nouvelle approche de ses origines, ainsi que des indications nouvelles sur les seigneurs du « Petit-Sauzay ».

Reconstruite aux XVème-XVIème siècles, la maison forte de Sauzay (le Grand-Sauzay) défendait la vallée de la rivière de ce nom, un carrefour de circulation concerné par le commerce des produits des forges environnantes. Elle avait été incendiée par les Anglo-Bourguignons en 1427. Elle était à la tête d’un fief ancien, relevant de la châtellenie de Corvol-l’Orgueilleux, et peut-être détaché de Corbelin, en amont sur la rivière.

Il paraît probable qu’elle fut détenue d’abord par les Le Muet, sgrs de Corbelin et Ardeau et fut divisée à la mort de Guillaume III le Muet, dont la femme, Cécile Gousté, de Clamecy, en transmit des parts à ses enfants d’un second mariage avec Jean Dabont, d’Entrains, dont le fils rend hommage en 1555.

En 1588 elle appartenait à Philibert Bolacre, fils de Nicolas, receveur du Roi à Clamecy, peut-être par une alliance avec une Dabont, avant d’être achetée en 1620 par un riche « marchand de bois pour la fourniture de Paris », Jean Girardot. Ses petits-enfants – Girardot de Sozay – protestants persécutés après la Révocation de l’Edit de Nantes, durent se défaire de leurs biens pour financer leur exil à Genève ou en Angleterre. Ils vendirent Sauzay au marquis d’Azy (Louis-Henri de Las) pour 76.000 livres.

Elle se présente aujourd’hui comme une ferme fortifiée autour d’une cour carrée, entourée de fossés autrefois alimentés par le Sauzay. Les bâtiments d’origine ont été profondément transformés. La façade sud présente les caractères du XVème siècle et celle orientée à l’est offre un portail avec des vestiges d’origine : pont-levis, échauguette, machicoulis…

Il a été fait du site aux XVIIIème et XIXème siècles un double usage : agricole et industriel. Il a en effet abrité un haut fourneau, alimenté par le minerai de fer de la région et les bois environnants, et animé par la force du cours d’eau. Il a aussi été le siège d’une exploitation de fourniture de bois par flottage vers Paris, activité typique du Clamecycois, du XVIIème au XIXème siècle, à l’origine de grandes fortunes.

Un petit château plus confortable fut adjoint à la maison-forte au XVIIIe siècle par le marquis d’Azy.

Le vicomte de Toulongeon, son héritier, qui était historien et homme politique, député de la noblesse aux Etats Généraux, puis membre de l’Institut, en hérita et s’y retira. Il avait embrassé les idées de la Révolution et y joua un certain rôle.

En aval du Grand-Sauzay, ont trouve la hameau du Petit-Sauzay, un fief peut-être détaché du précédent, que nous évoquerons in fine…

Voyez ci-dessous une notice sur la dévolution de Sauzay au fil des siècles ; elle recèle des hypothèses et des incertitudes que vous nous aiderez peut-être à lever…

Sauzay (Grand et Petit) (nouvelle version du 1 oct 2021)

 

Share