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Archers de la Garde Ecossaise

En approfondissant l’histoire du fief de Savigny, à Billy-sur-Oisy – voir cet article récemment augmenté – nous sommes tombés sur un nouvel exemple d’implantation dans la région d’un Archer de la Garde Ecossaise : Thomas Gordon.

Une occasion de revenir sur ce corps d’élite, et de vous signaler d’autres exemples déjà rencontrés.

La Garde Ecossaise fut la concrétisation de la vieille amitié des royaumes d’Ecosse et de France – la fameuse  Auld Alliance (1295) – unis dans une même détestation de l’Anglais. Créée vers 1420 par Charles VII avec le roi Jacques Ier « le Captif », elle constituait la garde personnelle du Roi, témoignage éclatant de la confiance accordée aux gentilshommes venus d’Ecosse qui la composaient. N’étaient-ils pas aux côtés de Jeanne d’Arc pour le siège d’Orléans ? La Garde comprenait cent hommes et fut ensuite intégrée aux troupes de la Maison militaire du Roi. Tous écossais à l’origine, ils étaient commandés par un prince issu de la maison royale d’Ecosse (Stuart). Au fil du temps, la Garde écossaise intégra des officiers français. Le roi François Ier l’augmenta jusqu’à 4 compagnies.

Ses membres se signalaient par un pourpoint chamarré vert, blanc et rouge sur leur armure et un plumet de même sur leur casque ; ils étaient armés de lances et d’arcs. La qualité d’ « Archer de la Garde écossaise » était donc prestigieuse. Servant dans ce corps pendant de longues années, certains d’entre eux s’implantèrent en France, épousant de jeunes héritières et bénéficiant des faveurs du souverain ou de ses représentants.

                                                           

Le roi Charles VII, représenté en roi mage, entouré de sa garde

L’exemple fut donné par leurs chefs comme John Stewart, lord Darnley (1365-1429), parent du roi Jacques, premier Capitaine de la Garde du roi, « Connétable des Ecossais en France ». Etabli comme seigneur d’Aubigny par le roi en 1423 (Aubigny-sur-Nère, une terre du domaine royal), il y fonda la lignée prestigieuse des Stuart d’Aubigny, alliée aux plus grandes familles françaises. Robert Stuart, « Maréchal d’Aubigny » (1470-1544), capitaine des écossais et Maréchal de France, était son arrière-petit-fils, marié à sa cousine Anne, héritière d’Aubigny.

On trouve plusieurs exemples de gentilshommes écossais – souvent des cadets de clan qui s’exilaient pour faire fortune – établis en France et tout particulièrement en Berry (à cause d’Aubigny), Nivernais-Donziais et Bourgogne auxerroise. Ils francisaient rapidement leur nom et s’intégraient par des alliances à la noblesse locale.

C’est ainsi que nous avons rencontré au fil de nos pérégrinations plusieurs archers écossais :

  • Thomas Stutt (d’où la famille d’Estut d’Assay), issu des Stutt of Laggan, qui portaient après leur installation en France : « Écartelé aux 1 et 4 palé de sable et d’or, à 6 pièces ; aux 2 et 3 d’or au cœur de gueules »; il fut seigneur d’Assay, en Berry ; son second fils Alexandre devint seigneur de Saint-Père, près de Cosne, par son alliance avec Jeanne d’Assigny en 1517 ; en épousant Françoise de Bar en 1586, leur petit-fils François devint seigneur de Tracy que leurs descendants conservèrent ;
  • John Ogilvy (Jehan d’Augulby), seigneur de Dreigny à Colméry et de Levraux, capitaine de Marcy, issu sans doute du clan Ogilvy qui portait : « Argent a lion passant guardant Gules crowned with an imperial crown Or» ; une lignée modeste, vite éteinte en Donziais ;
  • Adam Cockburn (famille de Cockborne), maréchal des logis de la Garde écossaise, issu des barons de Langton, qui portaient : « Argent three cocks gule »; sgr de Villeneuve-les-Chemins près de Saint-Florentin, puis de Magny et de la Rippe à Merry-sur-Yonne (chât. de Chatel-Censoir) ; il fonda une lignée qui subsiste de nos jours
  • James Kincaid (Jacques de Quinquet), issu des Kincaid du comté de Dunbarton qui portaient : « Gules, a fess Erimine between two mullets in chief Or and a tripletowered castle in base Argent, masoned Sable » ; sgrs de Montifaut (à St-Brisson-sur-Loire, 45), puis de la Vieille-Ferté (La Ferté-Loupière, 89, une terre acquise par une alliance avec une Courtenay), d’où était issu Charles-Roger de Quinquet, sgr de la Montoise (Ste-Colombe, 58) ; cette famille s’éteignit au XIXème siècle ;
  • John Peterson (famille Pietresson), issu du clan de ce nom au comté d’Aberdeen, qui portait : « Sable on a cross, betw. four lions’ heads, erased, argent five eagles, displayed, of the field »; capitaine d’Asquins près de Vézelay ; son fils Jean devint seigneur de Saint-Aubin (Saint-Brancher, 89) par son alliance avec Diane de Lanvault au début du XVIIème siècle, d’où les Pietresson de Saint-Aubin que nous avons croisés à la Cour-des-Prés (Treigny, 89), et dont le nom subsiste de nos jours ;

Ces archers devenus gentilshommes campagnards conservaient sans doute la nostalgie de leurs rudes montagnes, mais ils avaient apprécié la douceur du Val de Loire.

Depuis ce moyen-âge guerrier, l’amitié franco-écossaise n’a pas faibli, régénérée par Marie Stuart, Reine de France de 1558 à 1560, qui avait renouvelé l’Auld Alliance avec François Ier par le traité d’Edimbourg (1543). Les bag-pipers de Lord Lovat, chef du clan Fraser, débarquant à Sword Beach le 6 juin 44, ont réincarné glorieusement cette longue fidélité.

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La ferme fortifiée de Sauzay à Corvol

(Illustration : le vicomte de Toulongeon, dernier sgr de Sauzay)

Nous avions proposé un article sur la ferme fortifiée de Sauzay à Corvol. Des recherches complémentaires nous ayant permis d’enrichir l’histoire de ses seigneurs successifs, nous proposons une nouvelle approche de ses origines, ainsi que des indications nouvelles sur les seigneurs du « Petit-Sauzay ».

Reconstruite aux XVème-XVIème siècles, la maison forte de Sauzay (le Grand-Sauzay) défendait la vallée de la rivière de ce nom, un carrefour de circulation concerné par le commerce des produits des forges environnantes. Elle avait été incendiée par les Anglo-Bourguignons en 1427. Elle était à la tête d’un fief ancien, relevant de la châtellenie de Corvol-l’Orgueilleux, et peut-être détaché de Corbelin, en amont sur la rivière.

Il paraît probable qu’elle fut détenue d’abord par les Le Muet, sgrs de Corbelin et Ardeau et fut divisée à la mort de Guillaume III le Muet, dont la femme, Cécile Gousté, de Clamecy, en transmit des parts à ses enfants d’un second mariage avec Jean Dabont, d’Entrains, dont le fils rend hommage en 1555.

En 1588 elle appartenait à Philibert Bolacre, fils de Nicolas, receveur du Roi à Clamecy, peut-être par une alliance avec une Dabont, avant d’être achetée en 1620 par un riche « marchand de bois pour la fourniture de Paris », Jean Girardot. Ses petits-enfants – Girardot de Sozay – protestants persécutés après la Révocation de l’Edit de Nantes, durent se défaire de leurs biens pour financer leur exil à Genève ou en Angleterre. Ils vendirent Sauzay au marquis d’Azy (Louis-Henri de Las) pour 76.000 livres.

Elle se présente aujourd’hui comme une ferme fortifiée autour d’une cour carrée, entourée de fossés autrefois alimentés par le Sauzay. Les bâtiments d’origine ont été profondément transformés. La façade sud présente les caractères du XVème siècle et celle orientée à l’est offre un portail avec des vestiges d’origine : pont-levis, échauguette, machicoulis…

Il a été fait du site aux XVIIIème et XIXème siècles un double usage : agricole et industriel. Il a en effet abrité un haut fourneau, alimenté par le minerai de fer de la région et les bois environnants, et animé par la force du cours d’eau. Il a aussi été le siège d’une exploitation de fourniture de bois par flottage vers Paris, activité typique du Clamecycois, du XVIIème au XIXème siècle, à l’origine de grandes fortunes.

Un petit château plus confortable fut adjoint à la maison-forte au XVIIIe siècle par le marquis d’Azy.

Le vicomte de Toulongeon, son héritier, qui était historien et homme politique, député de la noblesse aux Etats Généraux, puis membre de l’Institut, en hérita et s’y retira. Il avait embrassé les idées de la Révolution et y joua un certain rôle.

En aval du Grand-Sauzay, ont trouve la hameau du Petit-Sauzay, un fief peut-être détaché du précédent, que nous évoquerons in fine…

Voyez ci-dessous une notice sur la dévolution de Sauzay au fil des siècles ; elle recèle des hypothèses et des incertitudes que vous nous aiderez peut-être à lever…

Sauzay (Grand et Petit) (nouvelle version du 1 oct 2021)

 

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Misery, à Crain

(Illustration : statue de l’homme debout, dédiée à Minerve, découverte à Crain – Abbaye St-Germain-d’Auxerre)

Les fiefs de Misery et de la Grange-Folle, à Crain, sans pourvoir être considérés comme donziais au sens strict – on ne trouve pas d’hommage « à cause de Donzy » dans les archives – ont une histoire liée à celle de la châtellenie de Chatel-Censoir, rattachée à la baronnie, puisqu’ils ont été fondés par les Ascelin, vaillants chevaliers croisés des origines.

Dans cette même paroisse de Crain, nous avons déjà évoqué le fief et le manoir de Maison-Blanche, théâtre d’épisodes sanglants des conflits religieux au XVIème siècle.

Le destin de Misery reste peu documenté pour le moyen-âge ; il a été ensuite associé à celui du grand fief voisin de Faulin, à Lichères. Des familles connues de nous ont détenu ces deux fiefs  : les Tribolé d’Auxerre – dont Perrette, qui avait épousé le père de Théodore de Bèze – et les Le Bourgoing, de Faulin

A Misery, un petit château du XIXème siècle a remplacé l’ancien manoir féodal ; le domaine de la Grange-Folle conserve des traces de son passé.

Voyez ci-dessous une notice sur la succession des seigneurs de Misery et de la Grange-Folle :

Misery  (V2 du 24 sept 2021)

Nous serions intéressés de recueillir des informations plus précises sur les origines…

 

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Le dernier baron de Perreuse

Perreuse, dont nous avons déjà parlé, était une terre des barons de Toucy, au sud de leur espace féodal relevant des évêques d’Auxerre. Dans le partage intervenu entre les filles du maréchal Jean de Chabannes (1503) elle fut associée à Saint-Fargeau, dont les seigneurs furent parfois désignés comme « barons de Perreuse » ; un titre dont on ne connaît pas l’origine mais qui attestait du contrôle exercé sur plusieurs paroisses et arrière-fiefs de la Puisaye méridionale.

Le rattachement des châtellenies de Druyes et Saint-Sauveur à la baronnie de Donzy au XIIIème siècle avait fait des barons de Perreuse des vassaux des comtes de Nevers « à cause de Donzy ». L’histoire féodale de cette terre constellée de manoirs au milieu de vastes forêts devait s’achever sur un épisode sanglant de la Révolution : l’assassinat du dernier d’entre eux.

Louis Michel Lepeletier de Saint-Fargeau, né en 1760, était un pur produit de la « grande robe » : fils de Michel Etienne, président à mortier au Parlement de Paris dont il hérita très jeune de la charge, petit-fils de Louis Michel, maître des requêtes, et arrière-petit-fils de Michel Robert Lepeletier des Forts, ministre d’Etat, Surintendant des Finances, acquéreur de Saint-Fargeau en 1715. Il avait épousé la fille d’un autre mortier, ce qui avait sans doute arrondi encore sa pelote. A la tête de vastes propriétés – Saint-Fargeau couvrait à elle seule plusieurs milliers d’hectares -, député de la noblesse en 1789, il n’était pas prédestiné à une carrière révolutionnaire. Mais alors que son contemporain le grand Malesherbes (Lamoignon), ouvert comme lui aux idées nouvelles, optait pour la fidélité au Roi – ce qui lui valut la guillotine -, Lepeletier, héritier d’une famille qui contestait de longue date l’absolutisme royal, vota sa mort. Cela le condamna également d’une autre manière.

Il avait été un jeune magistrat béni des dieux : avocat général au Parlement de Paris – une fonction dans laquelle il excella – puis président à mortier à 25 ans. Sa morgue était parfois critiquée mais son talent reconnu. Acquis aux Lumières, il fut un acteur important du processus révolutionnaire à ses débuts. Reniant vite ses origines il fit adopter l’abandon des titres de noblesse le 17 juin 1790, et ne fut plus dès lors que Michel Lepeletier…. tout en préservant pour sa descendance de grands biens fonciers.

Président de l’Assemblée Constituante à 30 ans, il tenta sans succès de faire abolir la peine de mort par le nouveau Code Pénal de 1791, qui ne condamnait plus, suivant ses propres termes les « crimes imaginaires » et autres « délits factices, créés par la superstition, la féodalité, la fiscalité et le despotisme »…

Elu la même année Président de l’Administration départementale de l’Yonne, il devint en 1792 son député à la Convention, au sein de laquelle il siégea avec la « Montagne ». Il y promut la liberté de la presse et fut l’auteur d’un projet d’Education « nationale et égalitaire », qui entendait placer tous les enfants entièrement sous la responsabilité de l’Etat. Mais c’est le projet de Condorcet, plus élitiste et moins totalitaire, qui fut retenu.

Malgré son opposition de principe à la peine capitale et non sans quelques hésitations – suggérées peut-être par sa position sociale – il vota donc la mort du Roi le 20 janvier 1793. Le soir même, un ancien officier aux Gardes du Corps le transperçait d’un coup de sabre dans un restaurant du Palais Royal ; il expira chez lui quelques heures avant le citoyen Capet. Il fut inhumé dans un premier temps au Panthéon puis ses restes furent transférés à Saint-Fargeau. Il devint le premier « martyr de la Révolution », inspirant le fameux tableau de David qui le représente mourant et fit de lui une figure mythique.

Les portraits qu’on a de lui par ailleurs donnent à voir plutôt un gentilhomme – né aquilin, tenue soignée – qu’un tribun populaire.

                                                   

Né marquis de Saint-Fargeau, baron de Perreuse, seigneur de nombreux fiefs dans plusieurs régions de France, et nanti des revenus correspondants, sa première vie ne fut pas celle d’un aristocrate campagnard, mais celle d’un jeune haut magistrat cultivé – il écrivait dès son plus jeune âge – et très actif au cœur du pouvoir judiciaire, au sein duquel il avait une réputation de grande compétence et de travail acharné . Cela le préparait à un rôle politique éminent et imminent.

Mena-t-il un tant soit peu une vie rustique pendant ses vacances d’enfant ? Arpenta-t-il les grandes salles de Saint-Fargeau ? Chevaucha-t-il dans ses grands bois ? Lepeletier n’a malheureusement pas eu le temps d’écrire ses mémoires. On sait simplement par son demi-frère Félix qu’il était un seigneur bienveillant. Ce dernier a en effet publié en 1826 des « Œuvres de Michel Lepeletier Saint-Fargeau : député aux assemblées constituante et conventionnelle, assassiné le 20 janvier 1793, par Paris, garde du roi ; précédées de sa vie, par Félix Lepeletier, son frère ; suivies de documents historiques relatifs à sa personne, à sa mort et à l’époque » (Bruxelles, Arnold-Lacrosse, 1826). Elles ne donnent guère d’indications sur sa présence en Puisaye mais au détour d’un paragraphe on peut lire : « ..vous aussi habitants de Sougères, joli hameau du département de l’Yonne, vous n’avez pas oublié non plus, lorsqu’un feu destructeur réduisit presque toute votre commune en cendres, vous n’avez pas oublié dis-je, qui vous tendit une main secourable… »

Saint-Fargeau passa à sa fille Suzanne, puis à ses descendants ; la page révolutionnaire était depuis longtemps tournée et la vie y avait repris son cours aristocratique. Ce site exceptionnellement bien conservé donna deux cents ans plus tard à son arrière-petit-fils Jean d’Ormesson la matière d’un beau roman.

Lepeletier avait-il connu le château et les murs de Perreuse, presqu’intégralement disparus. Devenu un modeste village fusionné avec la commune de Treigny (89), le site conserve de belles traces de cette période faste.

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Bussy-Rabutin et Cessy

Les archives de Cessy-les-Bois, que l’excellent site Cahiers du Val de Bargis explore inlassablement, réservent parfois des surprises : par exemple celle d’y trouver le fameux Bussy-Rabutin (1618-1693).

En effet, « Roger de Rabutin, chevalier, seigneur et comte de Bussy-le-Grand, baron de Forléans, Chaseul et autres lieux, conseiller du Roy en ses conseils, son lieutenant général au gouvernement de Nivernois et Donziois », officier distingué, puis écrivain sulfureux et académicien, est dit « seigneur de Cessy, St Malo-les-Bois, Coche et Vielmannay ». Il est mentionné de 1651 à 1654 dans des actes concernant des biens qu’il détenait à ce titre : la métairie du château de Cessy, le moulin et la métairie d’en-haut de Chevenet, ou encore le greffe du bailliage.

                                                               

C’est là un cas qui interroge, car il ne s’agissait pas de fiefs ou de propriétés ordinaires. Ces quatre sites avaient en commun un ancien statut monastique : St-Malo et Vielmannay, monastères primitifs devenus dès le haut moyen-âge de simples églises paroissiales ; Coche, l’une des trois abbayes fondées au début du XIIIème siècle par Hervé et Mahaut, réputée disparue au XVIème ; Cessy-les-Bois, une fondation très ancienne dédiée à Saint Baudile, devenue un prieuré relevant de Saint-Germain d’Auxerre, dont les guerres de religion avaient eu également raison.

Le temporel constitué de temps immémoriaux autour de ces petits établissements subsista jusqu’à la Révolution, car le régime féodal n’oubliait rien. Bien que n’abritant plus aucune vie religieuse – sauf Cessy – ils furent dotés de prieurs commendataires pour administrer ce patrimoine. Ils jouissaient des revenus et les cumulaient même, y ajoutant parfois le titre d’abbé de Bourras. Nous avons croisé quelques « bénéficiaires » de ce statut peu édifiant mais très profitable : Marafin, qui fut ensuite un capitaine huguenot redoutable, Richer et Carpentier de Marigny.

Cessy, Coche, Saint-Malo et Vielmannay auraient donc eu simultanément un prieur, parfois appelé « seigneur spirituel et temporel (sic !)» et un seigneur laïc en ces années 1650, chacun pourvu des biens correspondant. Pour faire bonne mesure, à Vielmannay (anciennement Mannay ou le Vieux-Mannay) on trouvait aussi le fief patrimonial des Lamoignon, détenu à cette même date par Gilbert II, sgr de Beaulieu, Mannay et Pernay.

Comment Bussy-Rabutin devint-il ce petit seigneur local ?

Il fut certes impliqué en Nivernais et Donziais par sa charge de « Lieutenant de roi » – c’est-à-dire commandant militaire – héritée de son père Léonor en 1645. Il y suppléait à l’absence du « Gouverneur », titre détenu alors par le duc Charles IV de Gonzague-Nevers lui-même, retourné à Mantoue. Bussy avait fait son entrée à Nevers le 18 février 1646, « accompagné de presque toute la noblesse du Nivernais » et exerça effectivement cette charge pendant une dizaine d’années, notamment pendant la Fronde. Notons qu’après avoir été tenté par l’aventure des princes, il servit loyalement le jeune Louis XIV, en particulier en Nivernais. Mais cela n’explique pas la possession de ces biens.

Fuyant la vindicte royale contre ses frasques, il serait venu se réfugier auprès de son oncle Guy de Rabutin, abbé commendataire du Val des Choux, la maison-mère cistercienne de l’Epeau, qui résidait au château de Cessy à cette époque sans qu’on puisse déterminer à quel titre. Tenait-il ces biens à Cessy et alentour de cet oncle ?

                                          

Bussy aurait également séjourné à Champlemy, une terre des sires de La Rivière qui était passée dans sa famille par mariage en 1610.

Mentionnant Cessy dans la liste des fiefs du duché, l’Inventaire l’Abbé de Marolles ne cite aucun acte le concernant, mais le décrit comme consistant en la « garde du prieuré de Cessy ». Cette fonction de protection d’un établissement religieux était traditionnellement exercée par un seigneur voisin, souvent de la famille du fondateur. Etait-elle associée à Champlemy ?

Bref, le mystère subsiste, et nous serions heureux de pouvoir l’éclaircir avec votre aide….

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