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Les Barres, à Saint-Sauveur-en-Puisaye

(Illustration : Saint-Sauveur, la Tour Sarrazine)

Nous avons déjà évoqué le fief et le château des Barres à Sainpuits. Nous aimerions proposer quelque-chose sur le site des Barres à la Celle-sur-Loire, où les ruines d’un vieux donjon au bord de la Loire retiennent la curiosité, d’autant qu’un généreux interlocuteur nous en a adressé de belles photos. Cela nous introduirait dans les mystères de la grande famille médiévale des Barres, qui s’est établie à La Guerche, alors nivernaise, et a donné son nom à la baronnie de Cours-les-Barres .

C’est un nom générique qui fait référence à la notion de barrière ou de clôture. En voici un autre exemple récemment découvert : le fief des Barres, à Saint-Sauveur-en-Puisaye.

Son nom est conservé par le hameau des Petites-Barres ainsi que par l’étang et le bois des Barres. Il s’étendait sur une partie de la paroisse de Saint-Sauveur, ainsi que sur celle de Saints. Il n’y avait pas semble-t-il aux Barres de château ou de manoir, la justice étant rendue au château de Saint-Sauveur, ce qui indique une étroite dépendance de ce château et peut-être une inféodation par un comte de Nevers d’une portion du territoire.

                                                     

Selon une étude sur Saint-Sauveur parue en 1937, les Barres se trouvaient au XIVème siècle aux mains des sires de Montrocher, limousins, qui auraient apporté ensuite le fief aux Rochechouart. Mais l’auteur ne cite pas ses sources pour les aveux dont il fait état, et on ne trouve aucune autre référence à ce sujet.

Cette première époque n’a pas laissé de trace dans l’Inventaire des Titres de Nevers, ce qui ne laisse pas d’étonner s’agissant d’un fief proche d’un château comtal. La première mention des Barres dans cet ouvrage est datée de 1385 et concerne Marguerite de Rochechouart, épouse du premier sgr de la Maison-Fort de la maison de Saint-Verain (Amboise). Cette terre resta sans doute une possession secondaire, passa par successions et ventes dans plusieurs familles, et perdit progressivement de sa valeur. Elle a fini dans l’oubli…

Voyez ci-dessous une notice présentant la succession des seigneurs des Barres, qui se confondent au XVIIème siècle avec ceux de Saint-Sauveur. Nous serions intéressés par des informations qui permettraient d’éclaircir les origines de la détention de ce fief…

Les Barres (St-Sauveur)

 

 

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La Talvanne, au fil de l’eau et des siècles

(Illustration : le moulin des Bourguignons à Cessy)

Plus que le Nohain, qui vient de loin et s’en va jusqu’à la Loire, La Talvanne est la rivière de Donzy, où elle finit sa course à l’entrée de la ville.

Sa vallée, plus pentue et plus encaissée – première catégorie, rivière à truite – offre un concentré d’histoire et d’archéologie : pas moins de deux abbayes et un chapelet de vieux fiefs et de moulins. Nous vous proposons d’en suivre le cours en trois séquences, pour rassembler autour de ses eaux vives des sites déjà explorés.

Elle est marquée du sceau de la religion puisqu’elle prend sa source à Bondieuse. On est là sur les terres et bois de l’antique Prieuré de Cessy. La vie rurale y a été bercée par les cantiques depuis le haut-moyen-âge, puis elle est passée sous la seigneurie quasi laïque des prieurs commendataires, par procureurs fiscaux interposés.

Au creux d’un haut vallon, Tresseux appartenait à la paroisse de Châteauneuf et était connu autrefois comme un village de sabotiers, organisés en communauté. Ce fief est cité deux fois sous le nom étrange de « Trois-Sonnes » dans l’Inventaire de Marolles, en 1331 et en 1347: « Jean, fils de feu Le Poitevin de Drigny » (Dreigny, à Colméry) fait hommage pour « la maison de Trois-Sonnes », un ancien manoir disparu. Aujourd’hui une vieille ferme isolée en ruines surveille seule cette longue pente verte.

                               

Vers 1650 « Isaac Lucquet, sr de Saint-Félix, capitaine-lieutenant au régiment de Bussy » était propriétaire du domaine de Tresseux, que lui avait peut-être confié son colonel, le fameux Bussy-Rabutin, déjà rencontré (Bussy-Rabutin et Cessy). En 1653, Isaac avait épousé Marie Millereau, veuve de « maître Jehan Parizot, procureur fiscal des terres, justices et seigneuries de Cessy, St Malo-les-Bois », qui n’est autre que le premier ancêtre connu de l’auteur de ces lignes…En 1702, son fils Jacques Lucquet donne Tresseux à bail.

Ce terroir ancien revit aujourd’hui sous nos yeux grâce aux merveilleux site « Cahiers du Val de Bargis ».

La dévolution de Tresseux depuis le moyen-âge restera un mystère. Peut-être faut-il la relier comme Cessy à celle de Champlemy, dont Leonor de Rabutin, le père de Bussy, avait hérité ? Peut-être ces possessions venaient-elle de son oncle Guy de Rabutin, abbé du Val-des-Choux, la maison-mère du Prieuré cistercien de l’Epeau ; il résidait parfois au  « château de Cessy » dont il était prieur, comme Bussy l’indique dans ses Mémoires. L’Inventaire de Marolles nous rappelle que seigneur de Cessy avait la garde du monastère : son oncle la lui avait-il confiée ?

Avant de quitter cette haute vallée, notons que les collines boisées qui dominent Tresseux sont précieuses pour notre petite région : elles partagent les eaux entre la Talvanne, l’Accotin, qui rejoint le Nohain à Suilly-la-Tour, l’Asvins qui rejoint le Mazou à Bulcy après avoir reçu à Garchy le ruisseau de Bellary, et la Sillandre, qui naît à Châteauneuf et rejoint le Mazou à La Vernière (Chasnay). Au sud c’est le fief d’Estaules (aujourd’hui Les Taules, à Châteauneuf).

Suivons maintenant le cours de la rivière qui grossit. Le Petit Moulin à farine de Montignon, parfaitement conservé, est la première installation que nous rencontrons. Il y en aura d’autres, à grain et à forge : pas un kilowatt comme on dit aujourd’hui ne devait être perdu.

Au bourg de Cessy la Talvanne longeait l’ancien Prieuré, dont seul le pigeonnier subsiste, puisque l’église est celle de la paroisse. Nous avons évoqué ce monastère bénédictin primitif dédié à Saint Baudèle de Nîmes et rattaché à la grande abbaye Saint-Germain d’Auxerre. Sa vie religieuse et intellectuelle a marqué la région dès le haut moyen-âge et il a connu une apogée aux Xème et XIème siècles. Découragé par sa mise en commende au XVème puis anéanti par les calvinistes, il ne fut plus dès lors que l’ombre de lui-même. Mais son temporel, réuni à celui de Bourras qui avait subi le même sort, et à ceux de Coche, Vielmanay et Saint-Malo depuis longtemps disparus, continua à susciter les convoitises d’abbés de Cour jusqu’à la Révolution.

En aval du bourg notre rivière qui serpente au milieu des prairies et des bois affirme sa vocation industrieuse. Entre Cessy et Donzy c’est un chapelet de moulins. Leur activité était saisonnière car le débit de la Talvanne n’est pas constant, à la différence du Nohain. Parfois des retenues le régulaient.

Le moulin des Bourguignons appartenait au seigneur de Cessy. Dans un bail de 1651 cité par les Cahiers, on voit le « puissant seigneur messire Roger de Rabutin, chevalier, comte de Bussy le Grand, conseiller du Roy en ses conseils, son lieutenant général au gouvernement de Nivernois et Donziois, seigneur dudit Cessy, Saint-Malo-les-Bois, Coche et Vielmannay…accenser et amodier…le moulin Bourguignon avec les biez d’eaux, cours d’eaux, aisance et appartenance d’iceluy… » à une famille de meuniers.

Il fut transformé en forge au début du XVIIIème siècle par le maître de celle de Chevenet en aval, utilisant les fontes du fourneau de l’Epeau pour produire des petits fers. Deux roues actionnaient un martinet et deux soufflets lorsque la force de la chute le permettait. En 1848, alors que l’essor de la grande industrie métallurgique condamnait les installations artisanales, il redevint un moulin à blé avant que les roues ne s’arrêtent définitivement.

A suivre…

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Châteauneuf-Val-de-Bargis, en Donziais ?

Nous avons souvent évoqué le statut féodal original de la baronnie de Donzy – grand fief épiscopal auxerrois détenu par les comtes de Nevers à partir du XIIIème siècle – .

Il pose la question de l’aire géographique à laquelle s’appliquait cette singularité. Elle impliquait en effet une hiérarchie féodale spécifique : les comtes devaient hommage au roi pour le comté et à l’évêque pour la baronnie ; les vassaux locaux leur rendaient hommage « à cause de Donzy », suivant l’expression consacrée, dès lors que leur fief en était « mouvant ».

Nous avons déjà évoqué la question des limites de l’ancien Donziais dans un article. Mais un correspondant s’étonne non sans raisons : vous traitez de Chateauneuf, des fiefs de cette châtellenie (Champlemy, Fonfaye…etc.), et des abbayes qui s’y trouvaient (Bellary, Bourras…etc.), mais elle ne figure ni parmi celles qui composaient la baronnie à l’origine, ni parmi celles qui lui furent rattachées au début du XIIIème siècle. Pourquoi ?

C’est une bonne question, qui plonge au cœur d’une histoire féodale écartelée entre Auxerre et Nevers, à laquelle il n’y a pas de réponse simple.

Nous avons en fait suivi l’analyse des historiens nivernais L. Mirot et A. Bossuat formulée dans leur étude sur « Les limites et la réunion du Nivernais et du Donziais », mais cela mérite explication.

Avant d’aborder cette question de statut, attardons-nous un instant sur l’étendue de la châtellenie de Châteauneuf.

La carte proposée par Soultrait dans son édition de l’Inventaire des Titres de Nevers, indique qu’elle comprenait les paroisses de Garchy, Vielmanay – où se trouvait la Chartreuse de Bellary – Chasnay, Nannay, Arbourse, Champlemy et Saint-Malo – où se trouvait l’abbaye cistercienne de Bourras -. Ces coteaux boisés dont les vallons forment le bassin du Mazou et de ses affluents, jouxtaient au nord la châtellenie de Donzy et au sud celles de La Marche (avec les possessions du Prieuré de La Charité), et de Montenoison, appartenant toutes deux au comté de Nevers. On se trouve donc en limite.

Dans la layette cotée « Châteauneuf » (col. 295 à 300) l’Inventaire mentionne des fiefs que nous avons presque tous explorés : Etaules, Fonfaye et Chamery (à Chateauneuf) ; Mannay(Vielmanay) ; Chasnay ; Nannay, Pernay et Guichy (par. de Nannay) ; Garchy  et Arbourse. On trouve Champlemy notamment dans le dossier dit des « Titres de La Rivière ». Ces pages évoquent aussi des fiefs extérieurs à notre périmètre comme Villate, Varennes-les-Narcy, Dompierre-sur-Nièvre, qui relevaient de La Marche.

Mais un certain désordre régnait au XVIIème siècle dans les titres de Nevers qui représentaient une masse considérable de parchemins et de papiers conservés à la diable et ardus à déchiffrer pour l’équipe de l’abbé de Marolles. Des paléographes contemporains auraient sans doute une approche plus rationnelle et exacte, mais ce n’est plus possible puisque la plupart des titres originaux ont disparu pendant et après la Révolution.

Le statut féodal de Châteauneuf paraît effectivement incertain ; il a donné lieu à l’une de ces contestations dont le système féodal avait le secret.

Les comtes de Nevers se considéraient comme les suzerains de Châteauneuf au titre du comté. De fait, les paroisses d’Arbourse, Champlemy, Chasnay, Garchy, Nannay et Vielmanay figuraient dans le ressort du Bailliage royal de St-Pierre-le-Moutier, qui couvrait le comté de Nevers, d’après l’étude sur les Bailliages de MM. Duminy et Meunier (Nevers, Imp. G. Vallière, 1894). Châteauneuf et Saint-Malo ne sont pas cités.

Le même ouvrage précise que les fiefs et justices de Chateauneuf (et Fonfaye), Chasnay, Champlemy, Garchy (avec Puisac, Vesvres, Montclavin, et Maizières), Nannay, Arbourse ; mais aussi La Celle-sur-Nièvre, Villaines, Varennes-les-Narcy, Narcy (avec Rue-des-Fourneaux), Dompierre-sur-Nièvre, et Montifault, relevaient du bailliage comtal de Nevers. C’est un périmètre plus large, mais cela suggère en tout cas l’appartenance de la châtellenie au comté.

Dans cette conception Châteauneuf appartenait donc à la frange méridionale du diocèse d’Auxerre, de Clamecy à la Loire en passant par Varzy, qui relevait féodalement de Nevers.

Les évêques d’Auxerre quant à eux considéraient que Châteauneuf relevait non seulement de leur autorité spirituelle, ce qui n’était pas contesté, mais aussi de leur suzeraineté temporelle. Ils n’avaient conservé qu’un droit de gîte occasionnel dans le château qu’ils avaient remis très tôt aux comtes de Nevers, comme celui de Cosne. Ses ruines aujourd’hui disparues ont été représentées dans l’Album « Le Nivernois » (cf. illustration en tête). Mais les prélats et leurs juristes entendaient défendre pleinement les droits féodaux et les revenus associés à la baronnie de Donzy, comme ils le faisaient pour Saint-Verain et pour la Puisaye. Le ressort du Bailliage royal d’Auxerre qui couvrait toute l’étendue du diocèse et le champ d’application de la Coutume de l’Auxerrois étaient impliqués dans cette défense (voir l’article consacré à « l’Affaire du bailliage »).

Des actes de foi et hommage rendus aux comtes « à cause de Donzy » pour des fiefs du Val de Bargis, confirment cette mouvance épiscopale auxerroise. Le dossier coté Châteauneuf évoqué ci-dessus est d’ailleurs placé dans l’Inventaire au milieu de ceux des autres châtellenies donziaises. Tous les actes ne font cependant pas référence à Donzy, tout au moins dans les résumés proposés, comme si la jurisprudence n’était pas fixée. Il y eut sans doute des variations dans la compréhension des traditions féodales, en fonction des contextes historiques, des fiefs et de la personnalité des protagonistes, sans parler des transcriptions hasardeuses des auteurs de l’Inventaire.

A l’occasion des procès interminables suscités par l’affaire du Bailliage, les avocats des puissants évêques d’Auxerre prétendirent même que leur suzeraineté s’appliquait aux châtellenies de Clamecy et de Montenoison, pour faire bonne mesure. Il est vrai que les comtes avaient prêté le flanc à cette revendication en établissant à Clamecy l’administration de la baronnie.

Ces deux positions rivales s’affrontèrent devant les instances judiciaires jusqu’au début du XVIIIème siècle. Le Parlement de Paris y mit fin en faisant droit aux évêques pour Châteauneuf, comme Mirot et Bossuat le relatent. Clamecy et Montenoison restèrent des terres du comté de Nevers, où s’exerçait seulement l’autorité spirituelle des évêques.

Nous sommes heureux que ces dignes magistrats parisiens nous aient ainsi ouvert la voie, il y trois cents ans, pour inclure ces terroirs familiers dans notre champ d’étude. Sainte-Colombe et Cessy sont bien proches de Châteauneuf à travers bois…

Une suggestion pratique enfin : si vous cherchez des informations précises sur l’histoire de Châteauneuf et des villages avoisinants, rendez-vous sans tarder sur le site « Cahiers du Val-de-Bargis », magnifiquement documenté et illustré, qui traite justement de l’ « Histoire ancienne de la région de Donzy ».

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Pressures, aux portes de Clamecy

(Illustration : le flottage du bois sur l’Yonne au début du siècle)

Un internaute me demande pourquoi je n’ai pas évoqué la petite maison-forte de Pressures aux portes de Clamecy, dont il pense qu’elle était en Donziais puisque l’Inventaire des Titres de Nevers de l’abbé de Marolles, cite un hommage de Jean Damas en 1339 « pour la terre d’Etaules, le château de Pressoires et Poigny, mouvants de la baronnie de Donzy ». Bonne remarque !

Cette « mouvance » ne fait pas de doute pour Etaules (Les Taules à Chateauneuf) et Pougny, mais elle est plus discutable pour Pressures. Ce château était situé en effet dans la paroisse même de Clamecy et dans cette châtellenie qui relevait du diocèse d’Auxerre mais pas de la baronnie de Donzy. C’est pourquoi nous ne l’avions pas incluse dans nos travaux.

Mais au bénéfice du doute, pour répondre à l’attente de ce visiteur attentif nous avons étudié l’histoire de ce petit fief, dont le manoir présente une certaine parenté avec la ferme fortifiée de Sauzay toute proche à Corvol –. Nous la proposons ci-dessous.

                                                     

Pressures (parfois appelée Pressoires) est cité dès 1331, dans un hommage rendu par Guiot Damas, fils de Jean Damas de Marcilly et d’Huguette de Clamecy, qui avait apporté ses terres nivernaises à cette branche de la grande lignée bourguignonne et forézienne des Damas.

Au bord du Sauzay, qui se joint au Beuvron peu après pour alimenter l’Yonne à Clamecy, ce petit château défendait l’accès à cette vallée. De plan rectangulaire, il est entouré de douves en eau de plus de huit mètres de large, alimentées par le Sauzay. Un pont dormant donne accès à la cour d’honneur par une porte cochère sous une tour carrée. L’ensemble conserve une belle allure médiévale et des éléments architecturaux des XVème et XVIème siècle, mais a subi des remaniements et ajouts beaucoup plus récents.

Au moyen-âge Pressures était donc associé à Pougny et à Estaules dans l’héritage d’Huguette de Clamecy. Lors de la vente de ces fiefs par son arrière-petit-fils Jean Damas au début du 15ème siècle, on en perd la trace. Peut-être a-t-il été repris par le comte de Nevers, comme Pougny.

Mais quelques décennies plus tard on trouve Pressures aux mains d’une vielle famille clamecycoise, les Chevalier – des officiers des comtes de Nevers, souvent « chatelains » ou « garde-scel » de Clamecy – qui possédaient déjà quelques biens dans les environs immédiats. Il est possible que Pressures leur ait été donné par le comte en reconnaissance de leurs services. Ils conservèrent le fief pendant au moins 7 générations, et les derniers d’entre eux en prirent le nom au XVIIème siècle.

Comme d’autres terres de la région son destin féodal s’acheva avant la Révolution dans une famille de « marchands de bois pour la fourniture de Paris », une activité particulièrement lucrative dans la vallée de l’Yonne, principal vecteur du « flottage« . Pendant la Terreur le château fut transformé en prison pour les « contre-révolutionnaires », prélude à leur exécution.

Voyez ci-dessous une notice présentant une première approche de la dévolution de Pressures au fil des siècles. Merci de votre aide pour la corriger ou la compléter…

Pressures (V1 du 24 jan 2022)

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La Maison de Damas en Donziais

Nous avons rencontré plusieurs membres de l’illustre maison de Damas en Donziais, où ils arrivèrent assez tardivement par des alliances.

C’était l’une des plus anciennes de France.

Certains auteurs, comme Hubert Lamant dans sa somme généalogique « La Maison de Damas » (1977) la voyaient issue des anciens sires de Beaujeu en Lyonnais, les Guichard et les Humbert. Mais un certain consensus s’est fait plus récemment pour les considérer, à la suite du doyen Jean Richard, comme issus des barons de Semur (en Brionnais), c’est-à-dire de la même souche que les premiers barons de Donzy.

Le premier connu sous ce nom : Hugues Damas, était le second fils de Geoffroy II de Semur, frère du grand Saint Hugues, abbé de Cluny, et neveu de Geoffroy de Donzy.

Le surnom original de Damas (ou Dalmas), qui devint ensuite le nom de la famille, leur venait certainement d’une aïeule issue des Dalmatii, vicomtes de Brioude, une lignée qui incarnait la tradition aristocratique gallo-romaine subsistant en Auvergne méridionale. Ces vicomtes étaient également abbés laïcs de Saint Julien de Brioude, haut-lieu des premiers temps chrétiens en Gaule, puis fameux chapitre de chanoines. Cette aïeule était aussi la petite-fille de Guillaume le Pieux, duc d’Aquitaine, fondateur de Cluny en 910. C’était là de prestigieuses racines pour les Damas, à l’égal des plus grandes lignées pré-chevaleresques du royaume.

Dans un premier temps cette branche cadette de Semur s’implanta en Forez où elle fonda au XIème siècle la grande forteresse de Couzan – sur une terre venue d’une alliance antérieure – dont les ruines majestueuses rappellent la puissance féodale. Cette première baronnie du Forez passa par alliance aux sires de Lévis-Florensac, venus du Languedoc, au XVème siècle.

Une autre branche cadette, à partir de Robert Damas, fils de Guy, sgr de Couzan, et de Dauphine de Lavieu, s’implanta au début du XIVème siècle à Marcilly en Bourgogne (Marcilly-les-Buxy, 71), une terre à laquelle était associée la vicomté de Chalon. Le vieux château féodal a presqu’entièrement disparu à Marcilly.

Plus tard, l’une des héritières de la terre de Crux, en Morvan, l’apporta à Hugues Damas, sgr de Marcilly et vicomte de Chalon, signant l’arrivée des Damas en Nivernais dès 1362. L’union de son fils Erard, chambellan du duc de Bourgogne, avec Isabeau d’Avennières, dame d’Anlezy, vers 1420 est à l’origine de la branche des Damas d’Anlezy qui nous amène en Donziais.

Une sous-branche issue d’Huguette de Clamecy – héritière nivernaise issue peut-être des Varigny – femme de Jean Damas, sgr de Marcilly, avait détenu dès 1350 de petites terres dans notre baronnie : Pougny et Fontaine dans la région de Cosne, Etaules, près de Chateauneuf, revendues au comte en 1413, ainsi que Pressures près de Clamecy. C’était la première incursion des Damas sur les terres des successeurs de leurs lointains parents de Semur-Donzy.

Mais nous les avons retrouvés surtout à Druyes vers 1560, lorsque Jean Damas, baron d’Anlezy et de Crux, sgr de Montigny et de St-Parize, Gentilhomme de la Chambre du Roi Henri IV et Lieutenant au Gouvernement de Nivernais, épousa Edmée, fille unique de Jean de Crux, vcte de Druyes, et de Marguerite de La Rivière. Cette vicomté acquise un siècle plus tôt par les sires de Crux devait rester dans les mains des descendants directs de Jean Damas jusqu’à la Révolution. Ils devinrent même les maîtres complets du site en lieu et place des ducs de Nevers en acquérant d’eux la châtellenie de Druyes au tout début du XVIIIème siècle. Ils y firent construire un beau château de plaisance – aujourd’hui disparu – aux pieds de la vielle forteresse de Guillaume de Nevers.

Deux siècles plus tard, nous avons rencontré la branche de Damas-Crux, quand Louis Alexandre Damas, comte de Crux, devint marquis de Menou, par son alliance avec l’héritière de cette terre en 1734. Ses descendants directs conservèrent ce vieux fief appelé auparavant Nanvignes, avec son grand château Louis XIII, et ceux voisins de Ménestreau et de Villiers, au-delà même de la Révolution. Cette branche a donné le duc de Damas-Crux, lieutenant général et Pair de France sous la Restauration.

                                                   

La bannière « d’or à la croix ancrée de gueules » qui avait flotté sur tant de donjons en Forez, en Auvergne et en Bourgogne, était donc devenue familière également dans nos vallées.

Voyez ci-dessous une notice précisant les filiations de ces différentes branches de la Maison de Damas

Maison de Damas

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